Le Tribunal supérieur électoral brésilien (TSE) a déclaré inéligible l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, candidat favori dans les intentions de vote qui souhaitait briguer un troisième mandat sous la bannière du Parti des travailleurs (PT) lors des présidentielles d'octobre. Aux premières heures de samedi, les juges siégeant à la plus haute instance électorale du pays se sont prononcés, par six contre et une seule voix pour, contre la validation de la demande de candidature de l'ex président Lula, à la présidence de la République. Lors d'une audience marathonienne, très suivie par les cercles politiques mais aussi par le citoyen lambda, les juges du TSE ont interdit à M.Lula de faire campagne dans les médias, de même qu'ils ont demandé au Parti des Travailleurs de proposer un nouveau candidat à la présidence dans un délai de dix jours. En prison depuis avril suite à sa condamnation en appel à plus de 12 ans de prison pour corruption et blanchiment d'argent en lien avec un appartement de haut standing qu'il aurait reçu de la part d'une entreprise de BTP contre des faveurs, l'ex président Lula da Silva ne pourra pas se présenter au scrutin présidentiel ou prendre part aux débats électoraux ou à la campagne électorale dans les médias qui commence ce samedi, en vertu de la loi Ficha Limpa (casier vierge) interdisant à toute personne condamnée en deuxième instance de se présenter aux élections présidentielles. La décision sans surprise devra donner un avantage au candidat d'extrême droite, Jair Bolsonaro, un nostalgique de la dictature crédité de près de 19% des intentions de vote dans les derniers sondages, alors que Lula dominait largement avec 39%. Le PT, qui avait officiellement désigné le chef de file de la gauche Lula en tant que candidat à la présidence et l'ancien maire de Sao Paulo, Fernando Haddad en tant que son colistier, a publié un communiqué dans lequel il a estimé que l'invalidation de la candidature de M.Lula avait des motivations politiques et était « fondée sur le mensonge et l'arbitraire ». « Nous présenterons tous les recours devant les tribunaux pour que les droits politiques de Lula, tels que prévus par la loi et dans les traités internationaux ratifiés par le Brésil, soient reconnus », a poursuivi la formation politique, en critiquant le fait que le tribunal n'a pas pris compte d'un avis d'un comité des droits de l'homme de l'ONU selon lequel le candidat du PT devait être autorisé à participer à l'élection présidentielle d'octobre, tant que tous ses appels en justice n'auront pas été examinés. Avec l'invalidation de la candidature de Lula à la présidence, le PT pourrait désigner Fernando Haddad à la présidence et Manuela D'Avila (Parti communiste du Brésil, PCdoB) comme candidate à la vice-présidence pour ces élections dont le premier tour se tiendra le 7 octobre, tandis que le deuxième tour se tiendra 3 semaines plus tard, le 28 octobre. Le parti de M.Lula peut toujours faire appel de la décision du TSE devant le tribunal lui-même ou devant la Cour suprême fédérale (STF), qui devra donner son avis en audience plénière en présence des 11 juges siégeant à la plus haute autorité judiciaire du pays. Selon le calendrier électoral, le 17 septembre est la date limite pour que les partis puissent remplacer leurs candidats et inclure de nouveaux noms. Avec le rejet de la candidature de l'ex président Lula, douze candidats sont encore la course pour la présidence, soit le nombre le plus élevé de candidats pour un scrutin présidentiel depuis 1989. Parmi eux figurent l'écologiste Marina Silva et l'ex-gouverneur de Sao Paulo, Geraldo Alckmin (PSDB, centre droit).