Emmanuel Macron a annoncé, dans un entretien au Journal du dimanche, qu'il posera les jalons de l'organisation de l'islam en France au premier semestre de cette année. Une nouvelle réflexion sur «l'islam de France» pour un nouveau chef de l'Etat: depuis plus de deux décennies, l'exercice est devenu presque convenu même si l'enjeu demeure essentiel. Dans un entretien au Journal du dimanche, le président de la République a annoncé que «c'est durant ce premier semestre 2018 (qu'il) souhaite poser les jalons de toute l'organisation de l'islam de France». Emmanuel Macron ne révèle rien de ses préférences mais explique sa méthode. Sur le fond, les principales questions sont de toute façon bien connues, puisqu'elles ont été au cœur, sans grand succès, des projets des présidents successifs: création d'instances réellement représentatives d'une religion connue pour ses divisions, financement régulé des lieux de culte et renforcement des contrôles de leurs comptes, formation d'imams «de France» pour remplacer les religieux venus d'ailleurs ou les imams «autoproclamés», indépendance de «l'islam de France» par rapport aux Etats étrangers... Emmanuel Macron, qui va «continuer à consulter beaucoup», veut visiblement donner du temps au temps. «Ma méthode pour progresser sur ce sujet, explique-t-il, c'est d'avancer touche par touche. (...) Je ne dévoilerai une proposition que quand le travail sera abouti.» À la question d'un «nouveau concordat», il répond que «quelle que soit l'option retenue, (son) objectif est de retrouver ce qui est le cœur de la laïcité, la possibilité de pouvoir croire comme de ne pas croire, afin de préserver la cohésion nationale et la possibilité d'avoir des consciences libres». Il tient aussi à «déminer» certains sujets sensibles en estimant que «le risque, dans toute cette affaire, est de brandir des objets connotés, qui ont leur propre histoire, ou de faire des raccourcis en plongeant tout le monde dans le même sac». Dans son programme présidentiel, le candidat Macron, ne souhaitant pas étendre l'interdiction du voile à l'université, avait prévu d'organiser «pour les ministres du culte une formation universitaire à la laïcité, aux valeurs de la République et à la langue française». Dans Le Journal du dimanche, Emmanuel Macron fait allusion à ses vœux aux autorités religieuses, le 4 janvier dernier (nos éditions du 5 janvier). Sur la loi de 1905 établissant la séparation entre les religions et l'Etat, il avait déclaré: «Elle fait partie d'un trésor qui est le nôtre (mais) elle n'a pas pensé le fait religieux avec et par l'islam, parce qu'il n'était pas présent dans notre société, comme il l'est aujourd'hui». Et de reconnaître un «tâtonnement» sur la question de l'islam car «la France s'est habituée dans son dialogue à une religion (le catholicisme, NDLR) qui est structurée de manière beaucoup plus verticale». Il avait ajouté: «Je ne demanderai jamais à quelque citoyen français que ce soit d'être modérément dans sa religion ou de croire modérément ou comme il le faudrait en son Dieu. Ça n'a que peu de sens. Mais je demanderai à chacun, constamment, d'absolument respecter toutes les règles de la République.» Emmanuel Macron réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué? L'urgence est en tout cas bien réelle. En décembre dernier, un responsable musulman des Bouches-du-Rhône déclarait au Figaro: «Le courant salafiste a pris le terrain en France. Il y a un vide avec notamment le problème des imams qui ne parlent pas français...»