Le weekend dernier, l'ancien secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Abdelilah Benkirane a adressé de vives critiques au Rassemblement national des indépendants et son président Aziz Akhannouch. La sortie risque de faire imploser la majorité gouvernementale. Détails. Invité le weekend dernier au Congrès national de la jeunesse de son parti, l'ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, en posture de Zaïm, a tiré dans tous les sens dans une allocution qui a duré plus d'une heure, sous les slogans et les applaudissements des poulains du parti de la lampe. Négligeant cette fois-ci son adversaire traditionnel le Parti d'authenticité et de la modernité (PAM) d'Ilyas El Omari, l'ancien patron du PJD s'en est pris à Aziz Akhannouch président du Rassemblement national des indépendants (RNI), avant de s'attaquer à l'Union socialiste des forces populaires et son premier secrétaire, Driss Lachgar, une formation « qui a galéré pour former un groupe parlementaire », selon Benkirane. Selon des sources concordantes des deux partis de la majorité ciblés par Benkirane, des pourparlers ont déjà commencé entre des chefs de partis formant la coalition gouvernementale, après la sortie de Benkirane: « J'ai contacté personnellement nos autres partenaires de la majorité et une réunion devrait se tenir les prochains jours (…). Nous attendons la réaction de monsieur El Othmani », confie Driss Lachgar à H24info. Le patron de l'USFP estime qu' »il n'est pas normal » qu'Abdelilah Benkirane, « membre sans fonction » dans son parti, « s'acharne ainsi en présence » d'El Othmani, chef du gouvernement. « Si l'on permet ce genre de comportement, nous risquons de mettre en péril la cohésion de la majorité », met en garde Driss Lachgar. Un responsable du RNI suppose en anonymat, que derrière la sortie de Benkirane « se cachent une intention de faire exploser le gouvernement » et « une envie de prendre sa revanche après sa mise en écart de la scène politique ». Et d'ajouter: « Une réunion de la majorité demeure urgente et le chef du gouvernement, qui est également chef de son parti nous doit des explications et des excuses ». Le Parti du progrès et du socialisme (PPS), autre parti de la majorité plus proche du PJD et son ancien leader, minimise l'ampleur du discours de Benkirane: « Des réunions de la majorité sont toujours une bonne chose, nous n'avons rien contre le principe de la réunion. Cela permet de créer une meilleure cohérence au gouvernement. Mais bien évidemment, nous n'allons pas rentrer dans la polémique. Au PPS nous faisions tout pour que la polémique soit évitée », déclare Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS à H24info. Le bras fer entre Benkirane et les partis du RNI et l'USFP remonte à la période des tractations pour la formation du gouvernement après les législatives du 7 octobre 2016. Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement désigné et patron du PJD, refusait la présence de l'USFP dans la majorité, face à lui Aziz Akhannouch exigeait d'intégrer le parti de la rose dans la coalition gouvernementale. Le différend entre les deux hommes a provoqué un blocage de plusieurs mois avant que le roi Mohammed VI n'intervienne et décide de remplacer Abdelilah Benkirane par Saâd Eddine El Othmani à la tête du gouvernement. En quelques jours de tractations, l'actuel secrétaire général du PJD a accepté les conditions d'Akhannouch en formant une majorité de cinq partis, dont l'USFP.