Les produits textiles turcs ne seront plus exonérés. Le ministère de l'Industrie, de l'investissement, du Commerce et de l'Economie numérique a décidé de mettre fin à l'exemption sur certains produits textiles turcs malgré l'accord de libre-échange (ALE), datant de 2006, qui existe entre les deux pays. Annoncée le 8 janvier dans le bulletin officiel et prenant effet le 9 janvier, la décision du royaume vise à protéger l'industrie textile nationale, face à la montée des produits turcs sur le marché national ces dernières années. En effet, plusieurs marques turques, notamment LC Waikiki, Defacto et Koton ont décidé de partir à la conquête du marché national en ouvrant des magasins dans les grandes villes du royaume, à savoir Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger, Fès, Agadir... Cette décision n'est pas le fruit du hasard, puisqu'elle viendrait suite à une étude menée par l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) dont l'objectif était de démontrer que certains opérateurs turcs adoptaient une stratégie de vente à perte afin d'inonder le marché national avec leurs produits. En effet, les importations des produits textiles turcs ont enregistré une hausse importante de 175 % entre 2013 et 2017. Toutefois, il faut savoir que la décision du ministère concerne surtout l'article 17 de l'ALE portant sur les mesures d'ajustement transitoires, sur une période fixée à une année, afin de rétablir un certain équilibre au profit des produits nationaux. Dans une déclaration à nos confrères du 360.ma, Rakiya Eddarhem, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Industrie, de l'investissement, du commerce et de l'économie numérique, chargé du commerce extérieur, a déclaré que le droit d'importation sur certains produits textiles turcs sera porté à 90 % dans le cadre du droit commun. Il s'agit notamment des des filaments synthétiques ou artificiels, des fibres synthétiques ou artificielles discontinues, des tapis et autres revêtements de sol en matières textiles, tissus spéciaux, surfaces textiles touffetées, dentelles, tapisseries, passementeries, des broderies, des étoffes de bonneterie, des vêtements et accessoires du vêtement, en bonneterie, vêtements et accessoires du vêtement, autres qu'en bonneterie et autres articles textiles confectionnés, assortiments, friperie et chiffons. Eddarhem a par ailleurs indiqué que le secteur du textile national est le troisième contributeur au Produit intérieur brut (PIB) du royaume avec une part de 7 %. Par ailleurs, l'ALE précise clairement que les droits de douane appliqués au titre de ces mesures ne peuvent pas dépasser 25 % ad valorem et doivent conserver un élément de préférence pour les produits originaires de l'autre partie. La valeur totale des importations de produits assujettis à ces mesures ne peut dépasser 15 % de la valeur totale des produits industriels importés de l'autre partie pendant la dernière année pour laquelle des statistiques sont disponibles Il est à noter que l'inondation du marché textile national par les produits turcs a contribué à une perte de 20.000 emplois par ans sur les cinq dernières années. La décision du ministère vise ainsi à redonner un second souffle au secteur textile du royaume sur l'année à venir.