On s'y attendait un peu. C'est arrivé, effectivement, tout récemment. Depuis que les travaux ont été arrêtés au site de la nouvelle station prévue à Taghazout, il y a quatre mois, on sentait un vent d'infaisabilité soufflé sur le projet. La venue à Agadir du président de Colony Capital, Tom Barrak en personne, en janvier dernier pour annoncer son engagement à faire le projet et rassurer l'opinion publique n'a pas réconforté du tout. En effet, en annonçant son engagement, en présence du ministre du tourisme, des Autorités Locales et des opérateurs locaux, Tom Barrak, a précisé tout de même que Colony n'est plus intéressé qu'à réaliser 300 ha, soit la moitié de la superficie prévue selon la convention d'investissement signé par l'Etat. Il est à savoir que cette réponse claire et tranchante étatt inattendue et confirma le doute vécu localement à Agadir, au sujet de l'investissement prévu par Colony, qui n'avait fait qu'à remuer la terre depuis deux ans, au site de Taghazout. Le premier hôtel prévu pour 2009 était impossible à réaliser puisqu'on été toujours au stade des terrassements infinis. En posant la question qu'il fallait, lors du point de presse à Agadir, Lahcen Bijdiguen élu et natif du terroir, avait jeté un vrai pavé dans la marre. Il avait posé la question qu'il fallait, au moment où il le fallait, pour la personne qu'il fallait, devant l'assistante qu'il fallait. « Est-il vrai que Cololy ne s'intéresse plus qu'à 300 ha… ? ». La réponse de Tom Barrak fut claire mais déroutante. « Effectivement , oui … ». Comment peut-on revenir sur un engagement pris par l'Etat marocain au sujet d'un investissement qui concerne l'aménagement et le développement d'une nouvelle station balnéaire qui figure en tête de liste du Plan Azur. Colony a beau prétexté les conséquences de la crise mondiale, mais tout de même et bien avant, on n'avait pas enregistré un travail d'investissement consistant, sur le terrain. Lorsque l'associé canarien Satocam, retire sa société d'ingénierie qui s'occupait du chantier, d'une manière définitive, on avait compris, que c'était fini pour Taghazout dans sa version Colony Capital. Les articles de presse à ce sujet avaient poussé Colony à sortir un communiqué de presse précisant son engagement et un éventuel partenariat avec les banques marocaines pour financer le projet. C'était clair, Colony n'avait pas d'argent et cherchait à emprunter aux banques marocaines pour financer son investissement. Drôle de méthode de travail, comme si les marocains, leurs institutions et leurs opérateurs privés étaient incapables d'adopter cette méthode de travail. Résultat actuel, le niet des banques mit à nu le non engagement de Colony et son incapacité à réaliser le projet avec ses propres fonds. Ce qui devait arriver donc, arriva. La semaine dernière les Pouvoirs Publics ont saisi Colony Capital pour lui spécifier que l'Etat marocain reprend le terrain de Taghazout, les engagements signés n'ayant pas été tenus par l' « aménageur développeur » dans les temps et dans les règles malgré la patience et la souplesse de l'administration marocaine. Deuxième échec, donc, pour Taghazout. On en avait parlé dans ces colonnes mêmes, sauf que les responsables de Colony et de l'administration de tutelle voulaient toujours continuer à cacher « le soleil avec un tamis ». Quelles leçons en tirer ? Il n'y en a pas mille. L'Etat a repris le terrain et ses 684 ha. L'Etat doit assumer et revoir l'Appel d'offre prochain, réalisation de la nouvelle station balnéaire Taghazout oblige. Mais avec une approche plus pragmatique, plus intelligente aussi, qui diffère avec les deux approches adoptées et qui ont conduit à deux échecs consécutifs. La solution donc ! Les opérateurs et les professionnels du tourisme suggèrent une intervention maroco-marocaine. Cela veut dire accorder l'aménagement du site à un grand opérateur national, du genre CDG ou Al Omarane, par exemple . Le hors site est à charge de l'Etat, indicutablement. Pour le reste, lancer un appel d'offre pour la réalisation d'unités hôtelières et d'hébergement, voire d'animation et bien sûr de résidences touristiques, sur la base d'un cahier de charge bien ficelé, dont le maître d'œuvre est un organisme marocain, crédible, solvable, garanti par l'Etat. Le but est d'avoir un seul interlocuteur vis-à-vis des investisseurs, mais aussi, pour assurer la réalisation de l'aménagement du site Taghazout, dans les temps et dans les règles. Le morcellement doit se faire sur la base de la réalisation d'unités hôtelières en front de mer et non loin de la plage. Les 300 ha, en bordure de mer seront partagés entre différents opérateurs touristiques locaux, nationaux et internationaux intéressés. Il s'agit d'une station balnéaire dont l'atout principal est à la fois la mer et la plage. L'Etat est obligé d'éviter un troisième échec à Taghazout. Pour le faire n'il n'y pas d'autres solutions que son intervention directe, à travers ses outils d'aménagement et de développement. Pour le reste, la demande pour des lots de terrain est tellement importante qu'il est pratiquement impossible de satisfaire tout le monde. Et c'est là où un cahier de charge bien ficelé doit être fait, pour garantir la réalisation des établissements d'hébergement dans les délais et avec le professionnalisme, le financement nécessaire et le savoir faire qu'il faut. Le partenariat avec des TO étrangers émetteurs de tourisme sont nombreux au Maroc qui ont pu réussir de grands investissements en tourisme, en matière hôtelière. Nombreux sont les nationaux qui ont réalisé d'importants investissements hôteliers, aussi. Pour les uns et les autres, c'est le cadre d'un bon aménagement et de développement dont ils ont besoin. La réalisation des hôtels est leur métier . Les exemples sont nombreux, du côté purement national, comme du côté partenariat marocain avec des opérateurs internationaux. Cela commence par Accor, le Groupe Tikida, Fram, TUI , Thomas Cook, Atlas Hospitality, le Groupe Kenzi, la liste est longue. Il est à rappeler que le site de Taghazout est le meilleur site sur l'Atlantique, par lui-même d'abord ( emplacement, ensoleillement, superficie…) mais du fait qu'il est adossé à une station balnéaire existante déjà. C'est un cas unique dans le pays. La nouvelle station balnéaire Taghazout va capitaliser sur les 35 années d'existence de la station balnéaire Agadir, capitale du balnéaire national. ET ce n'est pas rien, car les infrastructures de base sont déjà réalisés et sont à proximité, ( aéroport international, complexe portuaire, routes, marina, port de plaisance…) et une belle plateforme professionnelle avec les grands réceptifs du Maroc. Bref, tout y est pour faire de Taghazout la plus belle station balnéaire nouvelle génération dont le nouveau Maroc touristique a besoin pour son développement économique. Il est à rappeler également que Taghazout offre un atout touristique toute l'année, hiver comme été. C'est un avantage inestimable qui n'a rien avoir avec les autres stations balnéaires qui ne peuvent travailler que durant trois mois de l'été ( cas de Luxus, Saidia, Mazagan, Mogador). La nouvelle station doit donc être réalisée dans les règles de l'art. Comme à chaque malheur, quelque chose est bon, il faut faire de ce deuxième échec une belle réussite. L'Etat doit désormais bien comprendre la leçon et en tirer les bonnes conséquences qu'il faut en adopter la bonne stratégie de développement qu'il faut. En tout cas, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Tout est possible, à condition de le faire avec la bonne volonté, la bonne réflexion, la bonne coordination, les bonnes consultations qu'il faut, pour sortir de cette impasse qui n'a que trop duré et d'une manière définitive.