A quelques jours de la tenue d'un débat sur l'immigration prévu lundi prochain à l'Assemblée nationale, le Président français Emmanuel Macron a décliné les axes de la politique à suivre en la matière. Dans un entretien mercredi avec Europe 1 depuis New York et dont se font écho les médias de l'hexagone, le chef de l'Etat français affirme qu'il "assume de parler calmement d'immigration" et d'avoir relancé de très nombreux débats sur cette question qui ne doit plus être « taboue ». "Ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue ou que, en quelque sorte, on ne pourrait la poser que quand il y a des crises", a-t-il dit, soulignant que "la France est un pays de migration de tout temps". Dénonçant des "débats simplistes", de part et d'autre, sur le sujet, le Président français a prôné une gestion humaine mais efficace de la question de l'immigration. En matière d'immigration, "ce qui est important, c'est d'être humain et efficace et sortir de certaines postures dans lesquelles nous nous sommes enfermés", a affirmé M. Macron. "Aujourd'hui, à défaut d'être dans le 'en même temps', nous sommes bien souvent dans le "ni-ni' : nous sommes ni humains ni efficaces, pour se donner bonne conscience ou pour faire les faux durs », a-t-il dénoncé, assumant de « parler calmement d'immigration". Selon Emmanuel Macron, « la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien". Et "pour continuer à accueillir tout le monde dignement, on ne doit pas être un pays trop attractif", a-t-il dit. Le Chef de l'Etat français a prôné, dans ce contexte, plusieurs changements dans la politique migratoire de la France. "On doit le plus rapidement possible donner l'asile à ceux qui ont besoin de notre protection avec la volonté d'intégrer beaucoup plus efficacement ceux qui ont droit à l'asile, avec des cours de français et une politique de l'emploi plus forte", a-t-il proposé. Il a également plaidé pour plus de fermeté en matière d'octroi de l'asile en raison des abus. "Il faut analyser s'il n'y a pas des excès qui existent, et je crois qu'ils existent dans certaines catégories", a indiqué Emmanuel Macron, estimant que l'«on doit reconduire beaucoup plus efficacement les personnes qui n'ont pas vocation à rester le territoire parce qu'elles y sont entrées illégalement et qu'elles ont parfois demandé l'asile et qu'elles n'y avaient pas droit." S'agissant de l'actuel débat sur l'aide médicale d'Etat (AME) aux immigrés, qui permet aux étrangers sans papiers d'être soignés en France, Emmanuel Macron, tout en souhaitant "évaluer" son "panier de soins", a jugé que supprimer cette aide serait "ridicule". Droit d'asile, aides médicales d'état, politique des quotas... la question de l'immigration sera soumise pour débat début la semaine prochaine à l'Assemblée nationale. Selon le gouvernement, le débat est destiné à "discuter des perspectives à donner à la politique migratoire et des mesures qui peuvent l'améliorer".