L'Angola accueille, du 18 au 22 septembre à Luanda, la première édition de la Biennale de Luanda -Forum panafricain pour la culture de la paix- devant réunir les acteurs et les partenaires d'un mouvement qui œuvre dans le but de prévenir les violences et les conflits, et de consolider la paix. La culture de la paix ne se décrète pas, a affirmé, mercredi à Luanda, la directrice générale de l'Organisation des Nations-unies pour l'Education, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, lors de la cérémonie d'ouverture de la Biennale de Luanda -Forum panafricain pour la culture de la paix. Lors de son intervention, Mme Azoulay a estimé que la culture de la paix “ne se décrète pas” car il n'est pas uniquement question de l'absence de conflits mais d'”une culture qui doit durer dans le temps”. Si les pères fondateurs de l'Union africaine ont été “les devanciers” d'une culture pour la paix, aujourd'hui, trente ans plus tard, “nous sommes appelés à nos responsabilités” a-t-elle ajouté, en mettant en relief les différents défis à relever au cours du XXIè siècle, tels que les déplacements de populations, la compétition accrue pour les ressources naturelles, le réchauffement climatique, le fondamentalisme religieux, la destruction numérique et l'urbanisation exponentielle. De son avis, l'éducation et la culture, deux éléments qui permettent d'être “l'acteur de son propre destin” et “porteur de son histoire pour se projeter dans la modernité”, constituent des “défenses” et des protections dans le monde du numérique et des algorithmes. “C'est en soutenant la durée d'éducation des filles que nous ferons véritablement avancer cette culture de la paix, car lorsque les filles ne peuvent pas aller à l'école ou qu'elles y restent beaucoup moins que les garçons, c'est non seulement leur droit et leur dignité qui sont bafoués, mais c'est la société toute entière qui est tirée en arrière”, a-t-elle assuré. Abondant dans ce sens, le Prix Nobel de la paix en 2018, Denis Mugweke, a affirmé que “bien que les femmes soient la colonne vertébrale de l'économie africaine, elles sont reléguées à des êtres de second rang”, déplorant le fait que “les jeunes filles sont encore largement écartées du système éducatif”, ce qui les empêche de contribuer pleinement au développement économique et sociale de leurs sociétés. Face aux nombreux défis auxquels l'Afrique doit faire face, M. Mugweke a estimé que “la culture de la paix doit être au centre de notre attention”, tant à l'échelle individuelle, qu'à l'échelle collective. Notre culture et notre patrimoine matériels et immatériels représentent une grande richesse, “trop souvent méconnus ou oubliés” et ne sont finalement pas suffisamment exploités pour répondre aux enjeux actuels et futurs du continent africain, a-t-il dit, ajoutant que les solutions sont “en nous” et “dans nos racines panafricaines”. Appelant à puiser “ensemble” dans nos valeurs, nos traditions et nos cultures, pour retrouver “le chemin de la prospérité et de la paix”, M.Mugweke a souligné l'importance d'instaurer une culture de transparence et de réaffirmer les valeurs de solidarité africaines. Selon lui, la transformation tant attendue de l'Afrique ne pourra se réaliser qu'en passant par le “développement d'une identité africaine authentique, le respect des droits humains et la diversité culturelle “, dans un esprit de solidarité et de non-violence. La cérémonie inaugurale du conclave de Luanda s'est déroulée en présence, notamment, du président de l'Angola, M.Joao Manuel Gonçalves Lourenço, du président du Mali, Champion de l'Union africaine pour les Arts, la culture et le patrimoine, M. Ibrahim Boubacar Keïta, du président de la Namibie, M. Hage Gottfried Geingob et du président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat. Organisé par le gouvernement angolais, l'UNESCO et l'Union africaine, cet événement ambitionne d'impulser le Mouvement panafricain en faveur d'une Culture de la paix et de la non-violence, en y associant les gouvernements, la société civile, la communauté artistique et scientifique, le secteur privé et les organisations internationales. Née lors du Forum panafricain “Sources et ressources pour une culture de la paix”, qui s'était tenu en 2013 à Luanda (Angola), ce congrès international s'inscrit dans la stratégie opérationnelle de l'UNESCO pour la “priorité Afrique” (2014-2021) qui vise à “apporter des réponses africaines aux transformations qui affectent leurs économies et leurs sociétés”. La Biennale de Luanda -Forum panafricain pour la culture de la paix- vient contribuer directement à la mise en œuvre des Objectifs du développement durable 16 et 17, soit “Paix, justice et institutions efficaces” et “Partenariats” de l'Agenda 2030 des Nations-unies, et des Aspirations de l'Agenda 2063 de l'Union africaine.