La présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Amina Bouayach, a pris part au débat annuel sur les droits de l'enfant organisé lundi à Genève sur le thème "l'autonomisation des enfants en situation de handicap" dans le cadre de la 40ème session du Conseil des droits de l'Homme qui se tient du 25 février au 22 mars. Dans une allocution à cette occasion, Mme Bouayach a mis en avant l'adoption du Plan d'action national en matière de démocratie et des droits de l'Homme (2018-2021), qui peut, a-t-elle souligné, constituer un levier pour l'autonomisation des enfants handicapés, y compris par le biais d'une éducation inclusive. Mme Bouayach a rappelé également la promulgation de la loi cadre en avril 2016 sur le handicap. Elle a fait observer que le contexte national est marqué par l'adoption en février 2018, de la loi relative à la réorganisation du CNDH qui lui confie le mandat de trois mécanismes prévus par les instruments internationaux, à savoir le mécanisme de recours pour les enfants victimes de la violation de leurs droits, le mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et le mécanisme national de prévention de la torture. Selon les résultats de la deuxième enquête nationale sur le handicap publiée en 2014, environ 6,7% des personnes handicapées sont âgées de moins de 15 ans, ce qui pose des défis en termes d'accès à l'éducation, a-t-elle rappelé. Elle a souligné, dans sa contribution au débat public intitulée « Pour un droit égal et équitable à l'éducation et à la formation », que le CNDH recommande que la non-discrimination soit inscrite en tant que principe opérationnel et transversal appliqué à l'ensemble de l'éducation, pour lutter notamment contre les discriminations dont sont victimes les enfants et les jeunes en situation de handicap. Le CNDH appelle, a-t-elle relevé, à l'adoption d'une politique éducative inclusive en faveur de toutes les personnes handicapées sans exclusion pour motifs de type ou de degré d'handicap, notant que les Objectifs du développement durable doivent être pris en considération. Et de souligner qu'il est particulièrement recommandé de réviser le dispositif législatif et réglementaire organisant l'enseignement dans la perspective de la réalisation de l'inclusion et la non-discrimination, de lutter contre les stéréotypes négatifs et les pratiques qui portent atteinte à la dignité des personnes handicapées au sein de l'école, d'introduire des aménagements raisonnables en fonction des besoins de chacun des apprenants en situation de handicap et de promouvoir l'apprentissage de la langue des signes. Lors de cette réunion, qui a connu la participation d'experts de différents pays, l'accent a été mis sur la situation des droits des enfants, notamment ceux en situation de handicap, dont des millions continuent « de se voir privés chaque jour de leurs droits, en dépit des nombreux progrès accomplis depuis l'adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant en 1989 », comme l'a souligné la Haute commissaire des droits de l'Homme, Michelle Bachelet. Au cours de cette rencontre, la Cheffe des droits de l'homme de l'ONU a indiqué que certaines vérités dérangeantes demeurent, « en particulier, le fait que les quelque 93 millions d'enfants handicapés dans le monde voient leurs droits bafoués dès la naissance ». Michelle Bachelet a ainsi mis en avant le sort de tous ces enfants handicapés qui sont privés d'identité, placés en institution ou victimes de violence et de négligence. « Leurs voix ne sont pas entendues et ils sont particulièrement vulnérables en cas de conflit et de crise humanitaire », a-t-elle mis en garde. Au cœur de l'indispensable autonomisation des enfants handicapés réside l'éducation inclusive, a poursuivi la Haute-Commissaire. Elle a précisé qu'il s'agissait de bien plus que de leur inculquer des connaissances, car le droit à l'éducation a un effet démultiplicateur, au bénéfice de tous les droits de l'homme. L'autonomisation des enfants handicapés consiste à leur donner les moyens de faire entendre leur voix pour participer à la vie de leurs communautés, sortir de la pauvreté et être protégés contre l'exploitation, a insisté Mme Bachelet.