Le président du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), M. Driss El Yazami a exhorté, mercredi à Marrakech, les Etats, en particulier ceux qui ne l'ont pas fait encore, à ratifier la Convention internationale sur les travailleurs migrants et les membres de leurs familles. ''C'est donc la voix des institutions nationales des droits de l'Homme que j'aimerais aujourd'hui faire entendre, pour lancer d'abord un appel aux Etats et exhorter, une fois de plus, ceux qui ne l'ont pas fait encore, à ratifier la Convention internationale sur les travailleurs migrants et les membres de leurs familles'', a-t-il dit à l'ouverture du 11ème Forum mondial sur la migration et le développement (GFMD), dont les travaux se poursuivront jusqu'au 7 décembre dans la cité ocre. M. El Yazami a dit toute joie de voir le CNDH associé à ce Forum et d'avoir ainsi, symboliquement, permis aux institutions nationales des droits de l'Homme d'être présentes et de contribuer au lancement de cette formidable semaine d'activités que va connaître Marrakech. Il a aussi insisté sur le fait que "le droit souverain des Etats de contrôler leurs frontières, que nous ne contestons nullement, ne les exempte pas de leurs obligations de respecter les droits fondamentaux de tous les migrants, quelle que soit leur situation au regard des lois sur l'entrée et le séjour". ''Nous suivons avec inquiétude et parfois avec effroi, la tonalité que prend le débat dans plusieurs pays sur les étrangers, le développement des discours de la haine et du rejet et les gains électoraux qui en résultent'', a-t-il poursuivi, faisant savoir que ''de proche en proche, ces discours menacent les fondements mêmes des sociétés démocratiques en installant la peur, la méfiance et la xénophobie, d'abord contre le +clandestin+, puis, très rapidement, insidieusement, contre le compatriote pour peu qu'il soit d'ascendance étrangère, réelle ou supposée, d'une autre couleur, une confession différente, une culture qu'on décrète inassimilable''. Et d'ajouter qu'il est temps de le dire qu'aujourd'hui plus vigoureusement qu'hier, la bonne santé démocratique d'une société se mesure aussi et surtout à la capacité d'accueil de l'autre. ''Il n'y a de société réellement démocratique qu'ouverte et hospitalière. Nous ne sommes pas naïfs au point d'ignorer les difficultés de cet accueil et de la réception de l'autre'', a-t-il dit. ''Nous le savons, il n'y a de progrès que grâce et par les mobilités des idées et des valeurs, des expériences humaines, des découvertes technologiques et de la recherche académique… par la circulation des hommes'', a tenu à préciser M. El Yazami. Sur un autre registre, il a rappelé qu'en une trentaine d'années, les Institutions des Droits de l'Homme (INDH) sont devenues des acteurs à part entière du système international des droits humains, aux côtés des autres parties prenantes que sont les Etats d'abord, le Conseil des droits de l'Homme et le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme et leurs divers organes et procédures, ainsi que les organisations de la société civile, et les agences des Nations Unies. ''Au 23 novembre 2018, il y avait 122 institutions nationales des droits de l'Homme, dont 79 accréditées au statut «A» et en Afrique, le nombre des INDH s'élève à 33, dont 21 accréditées au statut «A», dont le CNDH du Maroc, ce qui signifie qu'elles sont considérées comme indépendantes du pouvoir exécutif et réellement actives'', s'est félicité M. El Yazami. Placé sous le thème "Honorer les engagements internationaux pour libérer le potentiel de tous les migrants pour le développement", cet important rendez-vous connaît la participation de hauts responsables des gouvernements marocain et allemand, des ministres et des vice-ministres de toutes les régions du monde, ainsi que de centaines de décideurs et praticiens représentant plus de 100 Etats membres des Nations Unies, la société civile, le secteur privé et d'autres organisations concernées. Les travaux de ce Forum s'articulent autour de plusieurs thématiques à savoir : "tirer parti du potentiel que représentent les migrants en vue de renforcer la résilience", "mobilité Sud-Sud : tendances, schémas et apprentissage transférable", "adapter la gouvernance aux facteurs contemporains de la migration", "la participation des migrants à la prestation de services publics", "favoriser la mobilité régionale et la cohérence des politiques en faveur du développement" et "au-delà des envois de fonds : tirer parti de l'impact qu'ont la diaspora et les migrants sur le développement et promouvoir leur participation transnationale". Le programme de ce conclave comprend aussi des sessions spéciales sur la Plateforme de partenariats du GFMD et l'avenir du forum (ouvert uniquement aux chefs de délégation), un Espace commun et des Réunions d'affaires du GFMD et événements parallèles. La coprésidence germano-marocaine du GFMD a été axée sur la contribution du Forum au processus mené par les Nations Unies en vue de l'élaboration d'un Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière et l'examen de la mise en œuvre des engagements en matière de migration figurant dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030.