L'Union pour la Méditerranée (UpM) doit être réhabilitée comme cadre de dialogue politique et de conciliation, a souligné, lundi à Barcelone, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le ministre, qui prenait part au 3 ème Forum régional de l'Union pour la Méditerranée tenu sous le thème "Construire ensemble l'avenir de la coopération régionale", a relevé que le mandat technique de l'UpM" n'est plus à son avantage. "S'il a été conçu pour la mettre à l'abri des contingences politiques, il a fini par en faire –10 ans après– une organisation qui évolue à la marge des priorités de ses membres", a souligné M. Bourita, notant que l'UpM est appelée à "rompre avec le daltonisme thématique" car elle "ne peut rester aveugle –mais aussi sourde et muette– devant les questions de l'heure auxquelles doit faire face la région". Il a cité, à titre d'exemple, la question sécuritaire, avec des défis sans précédent fragilisant la stabilité et la sécurité collective, la question migratoire, pour que la Méditerranée ne soit plus une route meurtrière cerclée de frontières discriminantes, et la question du co-développement qui reste le "parent pauvre" du projet méditerranéen. Le ministre a affirmé, en outre, que la solidarité doit reprendre sa place au cœur du projet euro-méditerranéen, précisant qu'il s'agit de se pencher sur l'approche, la vision et la méthode à même de construire et maintenir un espace uni et cohérent, ainsi que de mutualiser moyens et contraintes pour relever les défis communs, soulignant que "le Secrétariat de l'UpM doit être ajusté à la lumière de tout cela, pour être proportionnel à l'envergure du projet méditerranéen que nous voulons". "Il doit incarner la co-responsabilité, accueillir la co-décision, générer la co-appropriation et, surtout, mobiliser les fonds nécessaires, en partenariat avec la Commission européenne, la Banque européenne d'investissements ou d'autres institutions bilatérales et internationales de financement", a-t-il insisté. Rappelant que le crédo de l'Union pour la Méditerranée c'est "unir", M. Bourita a relevé qu'"elle doit l'incarner dans ses dimensions politique, économique, culturelle, sociale et humaine, dans chacune de ces dimensions, et toutes à la fois". Il a estimé que le paradigme de l'UpM doit évoluer en conséquence, précisant que le processus euro-méditerranéen n'a pas à être soit politique soit technique, mais doit être à la fois l'un et l'autre, pourvu que l'objectif soit un partenariat Nord-Sud approfondi et opérationnel, capable de favoriser une sortie de crise de cet espace.