L'Union pour la Méditerranée (UPM) vient de se voir décerner à Barcelone les galons de l'adhésion lucide et responsable de ses sociétés civiles, a déclaré jeudi soir dans la capitale catalane, M. André Azoulay, conseiller de SM le Roi et président de la Fondation Anna Lindh. ES Taoufik Ennassiri S'exprimant à l'ouverture du Forum Anna Lindh 2010, réuni du 4 au 7 mars à Barcelone, M. Azoulay a souligné le caractère "inédit" de "ce rassemblement sans précédant" marqué par la participation de près d'un millier d'ONG venus des 43 pays fondateurs de l'UPM. "Il y aura un avant et un après le Forum de Barcelone", a estimé le président de la Fondation Anna Lindh, en ajoutant que désormais les Etats et les décideurs politiques doivent prendre acte "de la centralité et de la capacité de mobilisation de la Fondation Anna Lindh des deux côtés de la Méditerranée pour donner une voix, une institution et une place à nos sociétés civiles dans le processus de construction de l'UPM". "En appelant à ce rassemblement, d'une ampleur inattendue, riche de diversité, d'enseignements et d'atouts, la Fondation Anna Lindh a donné à l'Union pour la Méditerranée l'enracinement et la crédibilité qui autorisent toutes les revendications et tous les espoirs", a encore déclaré M. Azoulay. "Il sera désormais plus difficile d'ignorer l'intérêt manifesté par nos opinons publiques à la perspective d'un partenariat euro-méditerranéen revu et corrigé par l'Union qui se profile", a ajouté le président de la Fondation Anna Lindh, mettant en relief "la maturité et la détermination tranquille des sociétés civiles méditerranéennes qui contraste étrangement avec les incertitudes et les doutes qui ont caractérisé le processus politique et institutionnel de l'UPM". "Nous nous y trompons pas", a déclaré M. Azoulay, "la Méditerranée que nos sociétés civiles appellent de leurs vœux est une Méditerranée qui aura fait le choix de la parité, de la réciprocité et de la co-gouvernance". "L'Union ne peut pas être celle de la propriété exclusive ou dominante de qui que ce soit, elle doit, au contraire, se construire dans une logique qui est celle de la co-propriété et se fonder dans une culture qui est celle de la paix reconquise pour apporter souveraineté, liberté et dignité à ceux qui, en Méditerranée, en sont encore privés", a conclu le Conseiller de SM le Roi et président de la Fondation Anna Lindh. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos, a qualifié de "fondamental" d'œuvrer pour l'édification d'un espace de concorde, de paix et de développement économique, appelant les acteurs de la société civile euro-méditerranéenne "à ne pas se laisser impressionner par les fatalistes qui ne sont pas convaincus du fait que la Méditerranée aura un avenir meilleur". "Vous représentez l'espoir" dans cet avenir meilleur, a-t-il ajouté, plaidant pour une action commune afin de relever les défis auxquels fait face la région méditerranéenne, notamment la réalisation de la paix au Proche Orient. Pour sa part, le Commissaire européen en charge de l'Elargissement et de la Politique de voisinage, M. Stefan Fule, a mis l'accent sur l'importance du rapprochement entre les cultures pour faire prospérer un espace de stabilité au sein de la Méditerranée et faire face aux "menaces d'intolérance et d'incompréhension" qui le guettent. Les efforts de la société civile sont aujourd'hui nécessaires pour atteindre ces objectifs, a-t-il ajouté, estimant que la diversité culturelle des peuples de la région "ne doit pas être perçue comme une menace, mais comme une opportunité". Le Haut représentant des Nations unies pour l'Alliance des civilisations, M. Jorge Sampaio, a souligné que le 1er Forum de la Fondation Anna Lindh constitue une occasion "importante" d'échanger sur les moyens à même de renforcer le concept de communauté méditerranéenne qui a la possibilité de réduire ses différences et de surmonter ses difficultés. Il a relevé que l'Alliance des Civilisations des Nations unies et la Fondation Anna Lindh ambitionnent de créer une plate-forme conjointe pour atteindre les objectifs de paix et de stabilité dans le pourtour méditerranéen. Le président du gouvernement autonome catalan, M. José Montilla, a souligné que la Catalogne a toujours regardé la Méditerranée comme une source de culture et un vecteur de coopération, ajoutant qu'elle n'a jamais été perçue comme une frontière. Il a mis l'accent sur les nombreux défis que "nous sommes appelés à relever dans ce cadre géographique et civilisationnel qu'est la Méditerranée", ajoutant que la société civile doit s'appuyer sur les principes de l'UPM, qui représente un "saut qualitatif" dans les relations euro-méditerranéennes. Le 1er Forum de la Fondation Anna Lindh est le rassemblement le plus important des acteurs de la société civile des pays de l'UPM ayant pour objet la promotion des actions interculturelles, à travers la région méditerranéenne et le débat au sujet des actions à même de favoriser le dialogue, la compréhension mutuelle et la paix. Initié en partenariat avec l'IEMed, cette rencontre, qui coïncide avec le cinquième anniversaire de la Fondation Anna Lindh, devrait donner un nouvel élan à la coopération entre les organisations de la société civile qui consacrent leurs efforts au dialogue interculturel au sein de l'UPM.