Initialement prévu du 19 au 23 octobre, l'boulevard a été annulé à la dernière minute. Les organisateurs avancent des raisons budgétaires, notamment le manque de près de la moitié du budget nécessaire. Hicham Bahou, co-fondateur de ce festival de musique urbaine, éclaire notre lanterne. Interview. Vous avez annulé le festival alors que l'organisation était déjà entamée. Etait-ce réellement la seule issue ? Prendre cette décision n'a pas été chose aisée. Car c'est injuste pour ceux qui ont cru en cette édition, et décevant pour les artistes qui attendent cet événement pour se produire sur scène car c'est la seule plateforme qui fait entendre leurs voix. Mais on a senti qu'on ne pouvait pas faire une édition digne de nos exigences. Nous pourrions nous contenter d'un petit festival, mais nous voulions faire les choses en bonne et due forme. Donc on l'a annulé, faute de moyens. C'était difficile pour nous de franchir le pas car L'boulevard est notre bébé. Cela fait 16 ans que nous travaillons dessus. Certains pensent peut-être que c'est un festival fragile, mais au contraire, il est très solide. C'est plutôt la scène qui est fragile à défaut d'un cadre juridique régissant la profession. Les artistes se battent toujours pour leur statut, leurs droits d'auteur... Je pense qu'il est indispensable aujourd'hui que toutes les parties concernées s'impliquent pour créer un modèle. A défaut de quoi, il serait difficile d'avancer. Est-il difficile de mobiliser des sponsors pour ce genre d'événements? Nous avions signé un contrat de sponsoring avec un opérateur télécom pour la durée de 3 ans. Mais il a expiré en 2015. Nous avions l'ambition de le reconduire cette année mais en vain. Du coup, c'est la moitié du budget qui a sauté. On a tout de même commencé à organiser l'boulevard sans aucune garantie, mais on s'est rendu compte qu'on a pris un énorme risque. Il est en effet parfois difficile de mobiliser du sponsoring car peu d'entreprises privées acceptent d'associer leur image à ce festival qui a une identité particulière. Certains ont essayé de s'impliquer dans son orientation, mais c'est une ligne rouge pour nous. Donc pour défendre notre identité, il fallait faire un choix. Parfois à nos dépends. Ceci dit, nous pouvons compter sur le soutien de plusieurs partenaires institutionnels marocains et étrangers, comme la ville de Casablanca, le ministère de la Culture, les instituts français, allemand, britannique, l'organisation internationale de la francophonie et bien d'autres. A combien s'élève le budget nécessaire pour que vous puissiez travailler à votre aise ? Il n'y a pas de budget prédéfini. Nous nous adaptons en fonction de l'argent dont nous disposons. Mais ce que le public ignore, c'est que l'boulevard nécessite beaucoup de moyens. Au-delà de la scène musicale, nous développons plusieurs événements en parallèle comme le tremplin des artistes, le street art avec « Sbagha Bagha », le souk associatif. Nous organisons également un marché culturel où les professionnels peuvent découvrir les artistes marocains et les reprogrammer dans des festivals internationaux. Des projets ambitieux qui coûtent réellement cher, notamment les dépenses logistiques, le cachet des artistes nationaux et internationaux et bien d'autres frais. L'année dernière, nous avons eu un budget de 4,7 millions de dirhams mais il a à peine couvert les dépenses. Lorsqu'on a un budget, nous nous débrouillons comme on peut avec les prestataires.