Plus de cent intellectuels marocains -chercheurs, écrivains, sociologues- ont signé mercredi une pétition appelant à mettre fin à « la discrimination des femmes en matière d'héritage ». Les signataires appellent l'égalité homme-femme dans l'héritage. La pétition a pour objectif d'abroger la règle successorale qualifiée d' injuste . « La famille marocaine est le plus souvent réduite aux parents et leurs enfants (...), la règle du ta'sib devient donc injuste », souligne le texte signé. Pour le politologue Mohamed Tozi, cette pétition revendique « une mise en adéquation des engagements du Maroc, c'est-à-dire, de la Constitution marocaine avec la législation ». En effet, ce professeur universitaire, également signataire de la pétition a pour ambition « d'inciter les théologiens à aller plus loin dans l'interprétation des textes en utilisant l'approche de « Makassid », c'est tout ». Et d'ajouter « le Coran est juste ». Mise à part que le sujet fait l'actualité, notamment, suite à la démission d'Asma Lamrabet du Centre des études féminines en Islam de la Rabita des Oulémas du Maroc, à cause de ses positions qui défende l'égalité en héritage, Tozi affirme que « celà fait un bon moment qu'un grand nombre de chercheurs discutent la question et évolue son ampleur. C'est des actions citoyennes. Qu'aujourd'hui, ce fait coïncide avec la démission d'Asma Lamrabet, il s'agit d'un hasard ». « Ceci dit, Asmae Lamrabet travaille sur le sujet depuis un moment et elle s'est engagée par plusieurs publications », préciset-il. Même son de cloche chez Moulay Ismail Alaoui, membre du bureau politique du PPS, qui assure qu'il est convaincu que « la cause est juste ». « Lorsque la cause me semble juste, je ne peux que signer. Je suis, d'abord, un citoyen comme d'autres. Je ne sais pas ce que les initiateurs vont faire plus tard. Désormais, je suis persuadé de la cause. J'étais contacté par des gens qui m'estiment et je ne peux pas me prononcer sur leur identité », développe l'ancien secrétaire général du parti du livre. Cette pétition revendique la révision de la législation islamique « Sharî`ah » qui octroie à l'homme la part de deux femmes au niveau de l'héritage. La polémique dure depuis 2015 au Maroc, les avis sont partagés entre ceux qui critiquent une législation « inégalitaire », et les milieux conservateurs rejetant tout débat sur la question. Parmi les signataires, l'écrivaine Leila Slimani, l'islamologue Rachid Benzine, l'actrice Latifa Ahrrare, Asmae Lamrabet, médecin et essayiste, Siham Benchekroun, médecin et écrivaine, Malika Benradi, la juriste, Nadia Charkaoui, chercheure en sciences des religions, Fatiha Daoudi, juriste, Hakima Fassi Fihri, juriste, Youssef Kellam, chercheur en pensée islamique, Khalil Jamal, sociologue.