Les migrants en situation irrégulière en Algérie souffrent le martyre. Un collectif de 21 ONG internationales et algériennes vient de tirer la sonnette d'alarme sur l'état de santé et les conditions de vie de plusieurs centaines de ressortissants d'Afrique subsaharienne. Selon la Plateforme Migration Algérie (PMA), des ressortissants « nigériens, maliens, ivoiriens, camerounais, libériens et guinéens, dont des femmes enceintes et des enfants », ont été emmenés en camion le 14 février à la frontière avec le Niger, à environ 400 km plus au Sud, et ont été ensuite contraints de rejoindre « à pied, en plein désert », la localité de Assamaka, au Niger, à une quinzaine de km de la frontière. « Après une vague d'expulsions massives en septembre et octobre, les interpellations ont repris » en Algérie depuis le 10 février, « dans la rue et les transports en commun mais aussi sur les chantiers de travail et dans les lieux de vie des migrants », a expliqué la PMA. En effet, la reprise des interpellations des migrants contraignent ces derniers à se cacher ce qui a des « conséquences désastreuses » sur leur santé, ajoute ce collectif composé, entre autres, de Médecins du Monde, la Ligue algérienne de Défense des droits de l'Homme (LADDH). De son côté, la section algéroise d'Amnesty International explique que les migrants, lors de leur expulsion, sont «abandonnés par les autorités dans une localité du côté nigérien de la frontière». Dans cadre et suite à des investigations, le quotidien suisse « 24 Heures » a révélé en fin de semaine dernière que « pressée par les pays européens de contenir le flux migratoire, l'Algérie a reconnu avoir reconduit près de 10.000 migrants clandestins dans leur pays d'origine depuis 2016 ». Les autorités algériennes insistent sur le fait que ces renvois se déroulent «en concertation avec les gouvernements des pays concernés», or, en janvier dernier, Alpha Condé, chef de l'Etat guinéen et ex-président en exercice de l'Union africaine a exprimé sa préoccupation face à la situation des migrants en Algérie allant jusqu'à rappeler l'ambassadeur de son pays à Alger. Ces nouvelles expulsions rappellent la circulaire du ministère des transports algérien, en mois de septembre 2017, qui interdisait aux conducteurs des bus de transporter des migrants illégaux. Une décision qui avait provoqué un tollé de dénonciations sur les réseaux sociaux en Afrique. En 2017, le Comité des Nations unies pour les droits des travailleurs migrants a exigé de l'Algérie des clarifications sur la situation des exilés et leurs accès aux soins et à la scolarité pour les enfants. L'ONU craint le flou juridique qui demeure permanent en l'absence de texte sur l'asile.