Cette semaine, le magazine scientifique Nature a fait une révélation majeure : dans une publication qui fait la une du dernier numéro, on a appris la découverte des plus anciens fossiles humains au Maroc, précisément à Djebel Irhoud, dans la région de Youssoufia. Ce matin, une conférence à l'Académie royale a livré plus de précisions sur cette découverte majeure. Djebel Irhoud, où s'est faite la précieuse découverte, est un site archéologique reconnu depuis les années 1960. "Ce site a été découvert de manière fortuite dans les années 60. Tout de suite après, il a été investi par les scientifiques, nombreux à travailler sur ce site", a indiqué Abdelouahed Ben-Ncer, professeur à l'Institut national d'archéologie et du patrimoine à 2M.ma. Situé en marge de la province de Youssoufia, Djebel Irhoud a fait l'objet de fouilles entre 1960 et 2004 par une première génération de spécialistes, une période que notre interlocuteur appelle la première génération de fouilles. "Il a fallu attendre 2004 pour mettre en place un programme de coopération internationale qui encadre une deuxième génération de travaux, qui continuent à ce jour", poursuit le paléoanthropologue. Et c'est justement sur ce site que l'on découvre des fossiles de cinq individus, principalement des morceaux de crânes, de mâchoires, de dents et d'ossements. "On a retrouvé des restes de trois adultes, d'un adolescent et d'un enfant", précise Abdelouahed Ben-Ncer. Ces fossiles datent, selon les spécialistes qui se sont penché sur cette trouvaille, de 300.000 ans, et reculent ainsi l'âge des plus vieux fossiles humains retrouvés sur terre de 100.000 ans. Cette trouvaille remet donc en question la théorie selon laquelle le berceau de l'humanité serait en Afrique de l'Est, jusqu'à preuve du contraire. Les plus vieux fossiles avant cette découverte étant situés en Ethiopie essentiellement, mais aussi en Tanzanie. Cette première découverte majeure pourrait être la première d'une longue série de fouilles sur ce site dont la richesse était, jusqu'à maintenant, insoupçonnée. "Aujourd'hui, le site archéologique de Djebel Irhoud offre la meilleure documentation archéologique pour cette période à l'échelle du continent, et par conséquent du monde", s'enthousiasme le spécialiste. "Si nous avons pu retrouver 22 restes humains issus de cinq individus, c'est que le site est riche de fossiles bien conservés", poursuit-il. Une déclaration qui annonce une série de fouilles sur ce site dont les richesses insoupçonnées pourraient se révéler dans les années à venir. C'est dans ce sens que la sécurité du site sera renforcée, a déclaré le professeur. "Le site est déjà surveillé aujourd'hui. La sécurité sur le périmètre de Djebel Irhoud sera davantage renforcée, et nous recevrons nécessairement plusieurs scientifiques sur place afin de faire avancer la recherche archéologique sur place", a déclaré Abdelouahed Ben-Ncer. Mais comment expliquer que les plus vieilles traces humaines soient retrouvées en Afrique de l'Est et au Maghreb ? Ce sont des circonstances géographiques de l'époque qui connectaient ces deux régions du continent, selon le spécialiste. "A l'époque, le Sahara, qui aujourd'hui scinde le continent africain en deux, n'existait pas. On peut donc imaginer que la circulation humaine était aisée à cette époque entre les deux régions", conclut notre interlocuteur.