La reprise du dialogue social en octobre 2021 avec l'arrivée d'un nouveau ministre à la tête du département de l'Education nationale (MEN) a marqué une étape importante pour les syndicats de l'enseignement. Le mardi 18 janvier courant, le département de l'éducation nationale a signé un accord avec les 5 syndicats d'enseignement les plus représentatifs mettant en place un ensemble de mesures longtemps revendiquées par les syndicats. Il semblerait ainsi que, après un long blocage, l'espoir de voir les conflits résolus soit permis. Avant la signature de cet accord, 26 dossiers étaient sur la table de la tutelle en vue d'être discutés ou approuvés suite aux réunions du ministre de l'Education nationale et les syndicats, dont 6 en attente d'approbation, informe Mohammed Khoufaify, secrétaire général de Fédération Nationale de L'Enseignement (FNE) au sein de l'Union marocaine du Travail (UMT). Ces derniers sont les suivants: les enseignants titulaires de diplômes d'études supérieures, les enseignants affectés hors-wilaya, les assistants techniques et administratifs ainsi que l'administration éducative, l'orientation et la planification pédagogique. Mais pas que, les dossiers des enseignants contractuels exclus de la promotion hors échelon, celui des enseignants du cycle préscolaire, de la langue amazighe et du cycle informel, le dossier de la "cellule 9" ainsi que celui des "promotions 93-94", les mutations et tant d'autres qui ne concernent pas forcément les ressources humaines du secteur étaient en cours de discussion. L'accord conclu entre la tutelle et les 5 syndicats d'enseignement les plus représentatifs est donc le fruit de ces discussions. Il prévoit en effet plusieurs mesures à ces mêmes-dossiers, notamment : * la révision du statut actuel des fonctionnaires du MEN et la création d'un statut motivant et unifié qui englobe l'ensemble des catégories du système éducatif. * Le règlement de plusieurs dossiers revendicatifs prioritaires, à savoir ceux des cadres de l'administration éducative, des conseillers en orientation et planification pédagogique, des enseignants du primaire et du collégial chargés hors de leur cycle, des cadres d'enseignement * La programmation de l'examen des autres dossiers revendicatifs présentés par les 5 syndicats les plus représentatifs et la poursuite du dialogue au sujet du dossier des cadres des Académies régionales de l'éducation et de la formation "Au sein de la FNE, nous estimons qu'il s'agit bien sûr d'une avancée positive", commente le syndicaliste à l'issue de la signature de l'accord. "Ce ne sont évidemment pas toutes nos revendications, mais il s'agit d'un développement dans le bon sens qui témoigne d'une volonté commune. Nous estimons que cet accord est un "accord d'étape" puisque nous espérons voir d'autres accords se concrétiser, notamment concernant l'une de nos revendications les plus importantes à ce jour : une révision de la loi-cadre de l'enseignement dont nous voudrions voir la réforme prévue dans la Loi de Finances 2023", fait-il savoir. Le dialogue social entre les syndicats d'enseignement et la tutelle a connu une interruption de deux longues années faites de manifestations, grèves et sit-ins. Une situation de tension qui, sans doute, selon M.Khoufaify, "a eu un impact négatif sur le fonctionnement du système éducatif et a créé une méfiance entre le ministère de tutelle et les acteurs sociaux". Cela a d'ailleurs été signalé "à maintes reprises" à l'attention de la tutelle, mais les revendications des syndicats ont été confrontées à un hermétisme sans faille. "C'est sur la base de cette expérience que avons entamé cette nouvelle phase du dialogue social et nous sommes très optimistes quant à la possibilité de surmonter les précédents blocages, de construire une base solide qui restaure la confiance des acteurs en leur secteur", explique M. Khoufaify. "A travers nos derniers échanges avec le ministre de l'Education nationale, nous espérons établir une vraie culture nationale du dialogue social qui fasse en sorte que le gouvernement actuel tienne les promesses qu'il a faites aux Marocains et qui lui ont valu leur vote", continue le syndicaliste.
Quelles conditions pour mener le dialogue social au succès dans le futur ? "Il faut d'abord instaurer une culture du dialogue social", répond M. Khoufaify. "Cela passe inévitablement par la foi en la faisabilité de ce dialogue, et le fait de le considérer comme la première voie vers la création d'une démarche participative qui inclut sérieusement les acteurs sociaux du pays. Il n'y aura jamais de réelle réforme sans l'engagement de toutes les parties concernées". Aussi, estime M. Khoufaify, "le succès du dialogue social passe inévitablement par la restauration de la confiance entre les acteurs et le ministère de tutelle et l'élargissement des horizons de ce dialogue. A la FNE, nous croyons fermement que les revendications du dialogue social ne peuvent se limiter à la seule gestion des ressources humaines. Il faut se préoccuper de tous les détails du processus éducatif : les programmes scolaires, la formation continue et le système d'évaluation. Une prise unilatérale de ces décisions ne peut que compliquer les choses et anéantir tous les progrès réalisés jusqu'à présent".