Presque la moitié des femmes ont subi une violence conjugale, et 3 filles et femmes sur 10 une violence dans un contexte hors-conjugal, au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, selon la Direction régionale du Haut Commissariat au Plan (HCP). Les résultats de l'enquête, réalisée entre février et juillet 2019, affirment que 602.000 femmes âgées de 15 à 74 ans ont subi au cours des 12 mois précédant l'enquête une violence conjugale, soit un taux de prévalence de 49% contre 46,1% au niveau national (52,5% en urbain et 42,8% au rural). Ces chiffres ressortent de la deuxième "Enquête nationale sur la violence à l'encontre des femmes et des hommes au Maroc" en 2019, qui vise à examiner le phénomène de la violence basée sur le genre dans sa globalité: ses déterminants, sa prévalence, ses formes, ses contextes, ses répercussions, les attitudes à son égard et les perceptions qu'on en fait. Cette enquête touche les individus âgés de 15 à 74 ans en respectant la représentativité géographique et socio-économique. Au niveau de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l'échantillon ciblé est de 1.140 filles et femmes et 285 garçons et hommes (soit 9,5% de l'échantillon retenu au niveau national). Elle révèle que 400.000 filles et femmes ont déclaré avoir subi un acte de violence dans un contexte hors-conjugal (soit 29%), notant que la violence familiale touche 246 mille filles et femmes avec un taux de prévalence de 17,8%, tandis que la violence dans des lieux publics arrive en troisième position avec 192 mille cas (prévalence de 13,9%), suivie de la violence dans des lieux de travail avec 39 mille cas et la violence dans les établissements d'enseignement et de formation avec 14 mille cas. Dans le contexte conjugal, la violence psychologique reste la plus répandue avec 575 mille femmes âgées de 15-74 ans (46,7%), occupant le 2ème rang de la prévalence la plus élevée au niveau national après la région de Casablanca-Settat (58,6%). Elle est suivie par la violence économique avec 136 mille cas et un taux de prévalence de 11% (3ème rang au niveau national), puis la violence physique avec 118 mille femmes (9,6%) âgées de 15-74 ans (3ème rang au niveau national) et de la violence sexuelle avec 50 mille cas (4,1%), occupant le 6ème rang au niveau national. Dans le contexte hors-conjugal, la violence psychologique occupe toujours la première position avec 259 mille cas et un taux de prévalence de 18,7%. Elle est suivie de la violence sexuelle avec 128 mille cas (9,3%), puis la violence physique avec 64 mille cas (4,6%). Concernant le contexte familial, 190 mille filles et femmes ont subi une violence psychologique, avec un taux de prévalence de 13,8% (6,6% de violence psychologique émotionnelle et 10,9% de comportements dominateurs), 81 mille (5,9%) une violence économique, 22 mille (1,6%) une violence physique et 3.000 (0,2%) une violence sexuelle. L'enquête relève que les filles et les femmes âgées de 15 à 74 ans, qui ont enduré un ou plusieurs actes de violence physique et/ou sexuelle par un adulte de 18 ans et plus, durant leur enfance (avant l'âge de 15 ans), sont de l'ordre de 329 mille filles et femmes, avec un taux de prévalence de 23,8%. Quelque 252.000 filles et femmes ont subi une violence physique durant l'enfance (18,3%) et 126 mille (9,1%) une violence sexuelle. Quant à la perception de l'évolution de la violence chez les filles et les femmes au cours des cinq dernière années, 62,8% des filles et des femmes enquêtées dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima estiment que la violence à l'égard des femmes a augmenté et 20,2% estiment qu'elle a régressé, tandis que 23% estiment que la violence à l'égard des hommes a augmenté, 19,7% d'entre elles estiment qu'elle a régressé et 42,4% n'ont pas de position par rapport à ce sujet ou refusent de répondre. Concernant la violence à l'encontre des enfants, 64,7% des femmes enquêtées estiment que cette violence a augmenté et 16,2% d'entre elles estiment qu'elle a régressé. S'agissant de la violence à l'encontre des personnes âgées, 46,3% des femmes enquêtées estiment que la violence à l'égard de cette catégorie de la population a augmenté et 16,7% d'entre elles estiment qu'elle a régressé. La Direction régionale note que la violence entre individus se manifeste à travers des comportements de domination ou d'asservissement employant la force physique, psychologique et verbale, économique ou autres formes. Ces comportements peuvent être conscients ou non et peuvent concerner des femmes comme des hommes. Après une première "Enquête nationale sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes au Maroc" (ENPVF) en 2009, et afin d'enrichir les données sur la violence basée sur le genre et de répondre aux besoins en informations précises, le HCP a réalisé cette deuxième enquête en 2019.