Le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, a dévoilé le lundi, lors d'une conférence de presse, les résultats de l'enquête nationale sur la Prévalence de la Violence à l'Egard des Femmes au Maroc. Selon les données de cette enquête, sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions, soit 62,8%, ont subi un acte de violence sous une forme ou une autre durant les douze mois précédant l'enquête, 3,8 millions en milieu urbain et 2,2 millions en milieu rural. Avec une prévalence de 35,3% des femmes, 3,4 millions, ont subi un acte de violence physique depuis l'âge de 18 ans. Elles sont deux fois plus nombreuses en milieu urbain (2,2 millions) qu'en milieu rural (1,1 millions). L'enquête a couvert l'ensemble du territoire national entre juin 2009 et janvier 2010. Elle a porté sur un échantillon de 8300 femmes âgées de 18 à 65 ans et sur les actes de violence qu'elles ont dû subir au cours de l'année 2009. Elle s'est proposée pour objectif de mesurer la prévalence de la violence à l'égard de cette catégorie de femmes sous toutes ses formes et dans les différents cadres de vie où elle a été commise : public, social, familial, conjugal, extraconjugal, professionnel et éducatif. Durant les douze mois précédant l'enquête, un peu plus de 15% des femmes ont déclaré avoir subi une violence physique. Ce phénomène s'avère plutôt urbain, le taux de prévalence est 2 fois plus élevé dans les villes que dans les campagnes (19,4%, contre 9%). C'est dans les lieux publics que cette violence est la plus répandue. Avec un taux de prévalence de 9,7%, près d'un million de femmes en sont victimes, soit 2 femmes violentées physiquement sur 3. Le taux de prévalence dans ces lieux est 5 fois plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural (14,2% contre 3,1%). Parmi les victimes de cette violence figurent notamment les femmes au chômage, avec un taux de prévalence de 23%, totalisant 80 mille femmes ; les actives occupées au nombre de 248 mille, soit une prévalence de 14,1% ; les élèves et étudiantes, 65 mille ou une prévalence de 19,2% ainsi que les femmes portant habituellement des tenues modernes courtes avec une prévalence de 32%, soit 76 mille femmes (contre 7,5% parmi celles ayant l'habitude de porter des djellabas ou équivalent). . L'enquête révèle que la prévalence est particulièrement élevée parmi les femmes dont le mari est sans niveau d'instruction (un taux de prévalence de 6,8% contre 3,9% pour ceux ayant un niveau d'enseignement supérieur) ; chômeur (une prévalence de 9,8% contre 5,8% pour les actifs occupés) ou travailleur saisonnier (13,1% contre 5,2% pour les travailleurs permanents). Dans les établissements d'enseignement ou de formation, 19 mille élèves et étudiantes ont eu à subir un acte de violence physique (une prévalence de 5,7%). Les auteurs de ces violences sont, dans 2 cas sur 3, des camarades masculins, dans 15% des cas, un membre du personnel administratif de l'établissement et dans un cas sur 5 un membre du personnel enseignant. Dans le milieu professionnel, 1,8% des femmes actives occupées (32 mille) sont violentées physiquement. Les jeunes de 18 à 24 ans actives occupées enregistrent un taux de prévalence (5,8%) 6 fois plus élevé que celui des actives occupées âgées de 35 à 39 ans (1%). Dans le chapitre de la violence sexuelle 23% des femmes, ou 2,1 millions, ont subi un acte de violence sexuelle à un moment ou à un autre de leur vie. Ces victimes sont trois fois plus nombreuses en milieu urbain (2,2 millions) qu'en milieu rural (712 mille). Le taux de prévalence de la violence sexuelle au cours des douze mois précédant l'enquête s'établit à 8,7%. Il est de 7,1% en milieu rural contre 9,8% en milieu urbain. Dans sa forme la plus grave (le rapport sexuel forcé), la violence sexuelle fait annuellement 38 mille victimes, soit un taux de prévalence de 0,4%. Dans le cadre conjugal, elles sont 6,6% (444 mille) de femmes mariées à subir des actes de violence sexuelle. Dans les lieux publics, 372 mille femmes (ou 3,9%) sont violentées annuellement (4,9% en milieu urbain et 2,5% en milieu rural). Dans le milieu professionnel, 32 mille femmes actives occupées sont victimes d'actes de violence sexuelle, soit une proportion de 1,8%. Cette forme de violence est plus répandue dans le secteur privé (3,8%) que dans le secteur public (1,2%) et ses victimes sont notamment parmi les femmes divorcées (un taux de prévalence de 7% contre 0,8% parmi les mariées). Concernant la violence psychologique, tous contextes confondus, cette forme de violence est la plus répandue, avec un taux de prévalence de 48,4%, 4,6 millions de femmes en sont victimes (3 millions en milieu urbain et 1,6 millions en milieu rural). Les jeunes sont les plus exposées à ces violences, le taux de prévalence baisse de 48,4% pour les femmes âgées de 35 à 39 ans à 57,5% pour les jeunes de 18 à 24 ans. Dans le milieu conjugal, 38,8% des femmes mariées (2,6 millions) sont victimes de cette violence. Dans le milieu familial, la violence psychologique fait près d'un million de victimes, soit une prévalence de 10,3%. Dans les lieux publics, une femme sur quatre ou 2,4 millions de femmes sont victimes de violence psychologique (1,8 millions en milieu urbain et 568 mille en milieu rural).