Selon l'enquête du HCP, sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions ont subi un acte de violence. La violence psychologique constitue la forme de violence la plus répandue, avec un taux de prévalence de 48,4%. Les résultats tant attendus de l'enquête nationale sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes du Haut Commissariat au Plan (HCP) ont été dévoilés lundi 10 janvier à Rabat. En analysant la prévalence globale de la violence, il ressort des données de l'enquête que sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions ont subi un acte de violence durant les 12 mois précédant l'enquête (3,8 millions en milieu urbain et 2,2 millions en milieu rural). «La violence à l'égard des femmes est d'abord urbaine. Elle est, en particulier, le fait de jeunes, sa prévalence augmente avec la précarité socio-économique», a déclaré Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan. Cette enquête, la première du genre, a couvert l'ensemble du territoire national entre juin 2009 et janvier 2010. Elle a porté sur un échantillon de 8300 femmes âgées de 18 à 65 ans et sur les actes de violence qu'elles ont dû subir au cours de l'année 2009.. En examinant la prévalence des différentes formes de violence, l'enquête souligne qu'avec une prévalence de 35,3%, 3,4 millions de femmes ont subi un acte de violence physique depuis l'âge de 18 ans. Elles sont deux fois plus nombreuses en milieu urbain (2,2 millions) qu'en milieu rural (1,1 million). Durant les douze mois précédant l'enquête, un peu plus de 15% des femmes (1,4 millions) ont déclaré avoir subi une violence physique. Ce phénomène est davantage présent en milieu urbain, le taux de prévalence est 2 fois plus élevé dans les villes que dans les campagnes (19,4%, contre 9%). Et c'est dans les lieux publics que cette violence est la plus répandue. En effet, avec un taux de prévalence de 9,7%, près d'un million de femmes en sont victimes, soit 2 femmes violentées physiquement sur 3. Le taux de prévalence dans ces lieux est 5 fois plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural (14,2% contre 3,1%). Dans les établissements d'enseignement ou de formation, 19.000 élèves et étudiantes ont eu à subir un acte de violence physique (une prévalence de 5,7%). Les auteurs de ces violences sont, dans 2 cas sur 3, des camarades masculins, dans 15% des cas, un membre du personnel administratif de l'établissement et dans un cas sur 5 un membre du personnel enseignant. Dans le milieu professionnel, 1,8% des femmes actives occupées (32.000) sont violentées physiquement. S'agissant de la violence sexuelle, le HCP relève que 2,1 millions de femmes, soit 23% , ont subi un acte de violence sexuelle à un moment ou à un autre de leur vie. Ces victimes sont trois fois plus nombreuses en milieu urbain (2,2 millions) qu'en milieu rural (712.000). Le taux de prévalence de la violence sexuelle au cours des douze mois précédant l'enquête s'établit à 8,7% ( 827.000 femmes). Dans le cadre conjugal, elles sont 444.000 à subir des actes de violence sexuelle. Il s'agit dans la majorité des cas de pratiques sexuelles non désirées par la femme. Dans les lieux publics, 372.000 femmes (3,9%) sont violentées annuellement (4,9% en milieu urbain et 2,5% en milieu rural). Dans les établissements d'enseignement et de formation, 15.000 élèves et étudiantes ont subi des actes de violence sexuelle, soit une prévalence de 4,4%. L'enquête précise que la violence psychologique constitue la forme de violence la plus répandue, avec un taux de prévalence de 48,4%. 4,6 millions de femmes en sont victimes (3 millions en milieu urbain et 1,6 million en milieu rural). Les jeunes sont les plus exposées à ces violences. Dans le cadre conjugal, 2,6 millions de femmes mariées sont victimes de cette violence soit 38,8%. Dans le milieu familial, la violence psychologique fait près d'un million de victimes, soit une prévalence de 10,3%. S'agissant de la violence économique, qui consiste notamment à nier à une femme le droit d'accéder aux ressources et d'en avoir la libre disposition elle est subie par plus de 181.000 femmes (une proportion de 8,2%). Celle-ci est relativement plus répandue en milieu rural (une prévalence de 13%) qu'en milieu urbain (6%).