La neutralisation du fondateur et chef du groupe jihadiste Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), mercenaire du "Polisario" et membre de la mouvance jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Adnan Abou Walid al-Sahraoui, par les forces françaises, jette de nouveau la lumière sur la relation étroite existante entre le polisario et les réseaux terroristes s'activant dans la région, estime Khalid Chegraoui, analyste politique et vice-doyen à la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales (FGSES) à l'Université Mohammed VI Polytechnique. "La relation entre les différents groupes terroristes s'activant dans la région et les membres du Polisario a été prouvée par les autorités marocaines depuis longtemps ", indique l'analyste dans des propos accordés à 2M.ma, en pointant du doigt la "réticence d'un certain nombre d'acteurs politiques et gouvernementaux, dans la région et en Europe, à soutenir cette affirmation marocaine, pensant qu'ils s'épargnent ainsi de s'impliquer dans le dossier du Sahara Marocain". "L'implication du polisario dans le terrorisme est de plus en plus prouvée et affirmée. On le voit très bien dernièrement avec un nombre d'articles publiés par la presse européenne qui met en exergue, quoique timidement encore, la relation entre le polisario et les forces terroristes dans la région", affirme M. Chegraoui. Et l'analyste d'expliquer que les conditions de vie déplorables dans les camps de Tindouf sont l'une des causes de cette "orientation extrémiste" qui risque de s'accentuer, car "les jeunes des camps sont plus enclins à s'engager dans les groupes terroristes à cause de plusieurs facteurs". En effet, "on sait très bien que certaines mosquées dans les camps de Lahmada ne sont pas contrôlées et sont des foyers propices à la propagation d'idéologies radicales. Les jeunes souffrent là-bas de conditions économiques et sociales extrêmement difficiles qui les poussent à une oisiveté forcée. S'y ajoute l'état de statut quo assez pénible au niveau des camps et surtout, le management dictatorial des militaires algériens et des milices du Polisario. Ceci pousse les jeunes des camps à s'investir dans des réseaux terroristes, pour des raisons parfois idéologiques mais aussi pécuniaires. C'est une vérité qu'on ne peut plus cacher", détaille M. Chegraoui. Ainsi, pour des jeunes "sans aucun avenir actuellement", le radicalisme est voué à devenir "l'un des points culminants de leur parcours", pense M. Chegraoui. "A mon avis, il faut que l'Algérie, qui est responsable des camps, le sache, et il faut en aviser pleinement les Nations Unies, ou au moins les membres du Conseil de Sécurité, pour qu'ils prennent leurs responsabilités dans ce cadre", souligne l'analyste. Il n'en reste pas moins que "la neutralisation de Abou Walid al-Sahraoui par les forces françaises est un très bon coup contre le terrorisme" et que "chaque tête tombée au niveau de ce réseau va contribuer à l'éparpillement des terroristes", conclut M. Chegraoui, en avertissant cependant que "de nouvelles formations risquent d'investir le terrain" et qu'il va donc falloir "rester à l'affût et renforcer la coopération régionale et internationale contre le terrorisme". * Le chef du groupe EIGS et mercenaire du "Polisario", Adnan Abou Walid al-Sahraoui, tué par les forces françaises