Le cours du bitcoin est passé sous les 30.000 dollars mardi 22 juin pour la première fois depuis fin janvier, la première cryptomonnaie souffrant des efforts chinois pour réguler ce marché décentralisé. Vers 13H20 GMT (15H20 à Paris), le bitcoin s'échangeait pour 29.662 dollars (-8,95%), après avoir touché son plus bas depuis cinq mois à 29.334 dollars vers 12H45 GMT. La très volatile cryptomonnaie reste en hausse de 2,2% depuis le début de l'année mais plonge de 54% par rapport à son plus haut historique, atteint mi-avril à 64.870 dollars. "Les inquiétudes sur le serrage de vis du gouvernement chinois et la peur que l'acceptation du bitcoin et des autres cryptomonnaies va être retardé par leur impact environnemental pèse sur le marché", a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez ThinkMarkets. Le gouvernement chinois mène un campagne active pour freiner l'industrie des mines de bitcoin, comme ce marché appelle les ordinateurs qui font fonctionner la cryptomonnaie décentralisée en validant les transactions et en créant de nouveaux bitcoins. Selon d'anciens producteurs de cryptomonnaie, les fournisseurs d'énergie de la province du Sichuan ont reçu ordre de cesser de fournir de l'électricité à ces entreprises avant dimanche. "Cette position est un nouveau coup dur pour le marché", estime Timo Emden, analyste spécialisé dans les cryptomonnaies, qui juge que "l'importance de la Chine pour l'industrie est désormais susceptible de diminuer rapidement". La première cryptomonnaie avait pourtant commencé l'année sur les chapeaux de roues: créée en 2008 par un anonyme caché derrière le pseudonyme Satoshi Nakamoto pour contrer les abus de la finance après la crise financière, le bitcoin a, entretemps, séduit de plus en plus d'investisseurs institutionnels. Depuis fin 2020, des plateformes de paiements comme Paypal aux banques de Wall Street, en passant par des groupes industriels comme le constructeur de véhicules électriques Tesla, tout le monde s'intéressait au bitcoin. Certains investisseurs individuels voyaient également dans la cryptomonnaie un bon moyen de placer une partie de leurs économies accumulées pendant la pandémie. Résultat, le marché des cryptomonnaies, où le bitcoin reste encore de loin le plus gros actif, avait gonflé jusqu'à atteindre près de 2.500 milliards de dollars mi-mai. Mais depuis, outre le durcissement du ton en Chine, le bitcoin souffre de critiques sur l'utilisation importante d'électricité de son réseau. Le fantasque multimilliardaire Elon Musk, qui chante régulièrement les louanges des cryptomonnaies et avait investi une partie de la trésorerie de son groupe Tesla en bitcoin, a annoncé que ses voitures électriques ne seraient plus achetables en cryptomonnaie tant que l'industrie ne se tournerait pas plus vers les énergies renouvelables, moins de deux mois après avoir dit les accepter comme moyen de paiement. Le bitcoin renoue avec la volatilité qui l'avait rendu célèbre: en 2017, il avait commencé l'année à moins de 1.000 dollars avant de frôler les 20.000 dollars en décembre, pour mieux s'écraser en 2018 jusqu'à moins de 4.000 dollars. Cette volatilité, ainsi que sa décentralisation qui la rend difficile à réguler les échanges, poussent les régulateurs à s'inquiéter de l'intérêt du public pour les cryptomonnaies. Aux Etats-Unis comme en Europe, les régulateurs du marché appellent les investisseurs à la prudence, leur rappelant qu'ils risquent de perdre tout leur argent en investissant dans les cryptomonnaies. "Les banques centrales réfléchissent aussi à émettre leurs propres monnaies numériques, ce qui ferait rentrer les cryptomonnaies dans le rang", commente Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown. D'autres pays se montrent cependant plus positifs vis-à-vis des cryptomonnaies: le Salvador a pris le monde par surprise en adoptant le bitcoin comme devise officielle, même si en pratique, de nombreuses questions restent ouvertes sur l'applicabilité de la mesure.
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