Le secteur du tourisme a été frappé de plein fouet par la crise sanitaire liée à la pandémie du covid-19. Depuis le mois de mars 2020, les professionnels du secteur ont vu leurs chiffres d'affaires fortement baisser en raison des mesures préventives mises en place par les autorités pour lutter contre la pandémie à savoir la fermeture des frontières, le confinement général et les restrictions de déplacement entre les villes. En plus du nouveau dispositif marketing de promotion de la destination Maroc dévoilé le 22 avril par l'Office National Marocain du tourisme, d'autres activités peuvent contribuer à la relance du secteur touristique notamment le tournage des films étrangers. En effet, le Centre Cinématographique Marocain (CCM) a délivré 222 autorisations en 2020 pour des tournages étrangers au Maroc. Selon le bilan de son activité en 2020 publié sur son site, le CCM précise que ces autorisations concernent 8 long métrage, 9 séries télévisées, 1 court métrage, 17 spots publicitaires, 1 film institutionnel, 7 vidéos clip, 29 émissions télévisée, 118 reportages, 1 capsule reportage, 14 documentaires, 2 documentaires de fiction, 1 capsule web et 14 captations de spectacle. Les tournages étrangers peuvent-ils limiter les dégâts subies par l'activité touristique au Maroc ? En temps normal, combien rapportent-ils à l'activité touristique à Ouarzazate et régions où la plupart des productions étrangères sont tournées ? Et le tourisme interne est-il capable à lui seul de combler les pertes occasionnées par les professionnels du secteur ? Les réponses à toutes ces questions avec Zoubir Bouhoute, ancien directeur du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate et chercheur en tourisme. Interview. Le tournage des films étrangers va-t-il limiter les dégâts de l'activité touristique au Maroc causés par la pandémie ? Effectivement, l'activité de tournage de films étrangers va contribuer dans une certaine mesure à limiter les dégâts subis par l'activité touristique qui a été sévèrement impactée par la pandémie. En effet le volume des arrivées qui se situait à 12 .932.268 en 2019 a baissé de 79,8% au quatrième trimestre 2020, les nuitées réalisées dans les hôtels classés qui étaient de l'ordre de 25 .243.989 en 2019 ont régressé de 82,6% en 2020. Il est évident que la reprise de l'activité du tournage en 2021 limitera en partie les dégâts au niveau de Ouarzazate et de la région Draa-Tafilalet qui connait un faible flux des touristes pendant la période de l'été. Pour le moment, de très bonnes perspectives se profilent puisqu'en plus d'une opération de repérage d'Indiana Jones, 6 autorisations de tournages sont délivrées par le CCM et le tournage d'un film débutera lundi prochain à Erfoud. En chiffres, combien rapporte le tournage des films étrangers à l'activité touristique à Ouarzazate et régions ? En période normale, près de 40% de l'activité des tournages des films étrangers est opérée à Ouarzazate et dans la région Draa-Tafilalet (Erfoud, notamment). Si l'on se réfère aux données des 4 années allant de 2016 a 2019, l'activité du tournage des films étrangers aurait drainé près de 2 milliards 105 Millions de dhs (soit 526 millions de dirhams en moyenne annuelle) pour tout le Maroc , soit l'équivalent de 842 millions de dhs pour Ouarzazate et région sur 4 ans (plus de 210 millions dhs en moyenne annuelle). Source : Centre Cinématographique Marocain (CCM)
Malheureusement en 2020 l'activité a reçu un coup très dur et le montant des budgets investis par les productions étrangers est passé de 796 487 164 en 2019 a 211 029 740 en 2020 soit une régression de de 73,5% . Les catégories les plus affectées en volume sont les longs métrages et les séries télévisées. Source : Centre Cinématographique Marocain (CCM)
Selon vous, le tourisme interne est-il capable à lui seul de combler les pertes du secteur touristique occasionnées par la pandémie ? En 2019 sur les 25.243.989 de nuitées enregistrées dans les établissements d'hébergements classés, 7.837.716 des nuitées ont été assurées par les nationaux, ce qui représente 31% du volume global, il s'agit certes d'une part non négligeable mais qui ne pourra en aucun cas combler les pertes du secteur et notamment, l'activité touristique des non-résidents qui a généré des recettes voyages en devises de l'ordre de 78,65 Milliards de dhs en 2019. Il est évident qu'en raison des mesures restrictives mises en place par les autorités compétentes, notamment la suppression des vols internationaux de passagers et des liaisons maritimes en provenance et à destination du territoire marocain, le tourisme interne gagnerait à être dynamisé. Il faut néanmoins recourir à des assouplissements en matière de déplacements inter-villes et des horaires de fermeture des établissements touristiques. Cependant, la vraie solution réside dans l'annonce urgente de l'ouverture des frontières pour l'accueil des touristes étrangers.