L'ONU s'est dite, mardi, "de plus en plus préoccupée" par la situation en Algérie où plusieurs droits fondamentaux "continuent d'être attaqués". «Nous sommes de plus en plus préoccupés par la situation en Algérie où les droits à la liberté d'opinion et d'expression, de réunion pacifique et de participation aux marches continuent d'être menacés» a dénoncé le porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, au cours d'un point de presse à Genève. Depuis la reprise des manifestations dans les rues le 13 février dernier, après un an de manifestations organisées en ligne par le mouvement Hirak en raison de la pandémie de COVID-19, "nous avons reçu des rapports faisant état de l'usage inutile et disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques, ainsi que des arrestations continues", a-t-il poursuivi.
"Nous demandons instamment aux autorités algériennes de cesser de recourir à la violence pour disperser les manifestations pacifiques et de mettre fin aux arrestations arbitraires et détention de personnes ayant exercé leurs droits à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique", a-t-il poursuivi. Le porte-parole a expliqué qu'"à quatre reprises en avril et mai, des marches d'étudiants ont été empêchées: les autorités ont continué à bloquer l'accès aux points de rassemblement des manifestations; des centaines de manifestants ou toute personne que les forces de l'ordre ont supposée être un manifestant ont été arbitrairement arrêtés". En outre, a-t-il ajouté, "certains manifestants auraient été détenus puis relâchés après avoir été contraints de signer un document promettant de ne plus participer aux manifestations". A l'approche des élections législatives anticipées du 12 juin, rejetées par le Hirak, la répression s'accroît en Algérie, estiment les organisations de défense des droits humains. Le 30 avril, la police a dispersé à coups de matraques la marche du Hirak à Alger et procédé à plusieurs arrestations. La plupart des personnes interpellées ont été relâchées. "Au cours des deux derniers mois, des militants, des défenseurs des droits humains, des étudiants, des journalistes, des blogueurs et de simples citoyens exprimant pacifiquement leur désaccord ont continué à faire l'objet de poursuites pénales. Les militants du Hirak continuent d'être poursuivis sur la base de lois trop larges, même après l'annonce d'une grâce présidentielle en février de cette année", a affirmé M. Colville. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association d'entraide, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles. L'ONU demande "aux autorités algériennes d'honorer la grâce présidentielle accordée aux personnes participant au mouvement Hirak, et de cesser toute forme de harcèlement et d'intimidation à leur encontre", a indiqué le porte-parole du Haut-Commissariat. Et, a-t-il dit, "nous réitérons notre appel aux autorités pour qu'elles mènent des enquêtes rapides, impartiales et efficaces sur toutes les allégations de violations des droits humains (...) et qu'elles veillent à ce que les victimes obtiennent des réparations". Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance du pays en 1962.