La première partie du projet de loi 13-21 portant usage légal du cannabis a été examinée ce jeudi 25 février par le Conseil de gouvernement. La deuxième, visant à instaurer un cadre légal pour l'exploitation et l'usage de cette plante "à des fins médicales et industrielles", sera évaluée lors du prochain conseil de gouvernement. En direct depuis Genève, le directeur de la commission mondiale pour la politique des drogues, Khalid Tinasti, apporte son éclairage et son expertise sur le sujet lors de son passage ce lundi 1er mars avec Fathia Elaouni dans l'émission « Faites entrer l'invité ». Pour Khalid Tinasti, il ne faut pas continuer à pénaliser ce qui devient légal à peu près partout dans le monde sans raison valable parce que nous pouvons utiliser le cannabis pour des fins médicales ou des industries diverses. « Toutefois la mise en place sera tout à fait autre chose», a-t-il dit soulignant l'importance de mettre place toute l'infrastructure nécessaire. * Culture, production, transformation et exportation du cannabis... Ce que prévoit le projet de loi 13-21 A la question « comment le Maroc peut profiter économiquement si cette loi est adoptée? » Khalid Tinasti répond : « Le Maroc n'arrive pas en premier sur le marché. Il y avait déjà de la concurrence qui s'était mise en place (…). Le Maroc lui a quelque chose de différent et de meilleur. D'abord, on a notre plante de Ketama qu'on peut retrouver partout dans le monde (…) Il y a aussi le fait que le Maroc est proche des marchés médicaux en Europe et peut les livrer facilement. Il y a de l'espoir ». Cependant, si cette loi est adoptée, Khalid Tinasti estime qu'il faut prendre les cinq prochaines années pour se focaliser vraiment sur notre infrastructure et notre système internes. « Il faut d'abord que ça profite aux Marocains et à notre système de santé marocain et en même temps construire à l'international. Mais vu comment le Maroc a bien suivi la discussion à la commission des stupéfiants ces deux dernières années, depuis début 2018 jusqu'à fin 2020, je pense que ça ne sera pas un problème de suivre et de voir toutes les opportunités », dit-il. Khalid Tinasti rappelle également que tout usage en dehors de la prescription est illégal dans tous les pays qui ont procédé à la légalisation de l'usage du cannabis. « (…) La vérité est que le marché illégal des drogues et un marché qui est porté par la demande. Cela fait 50 ans qu'il y une guerre aux drogues dans le monde, et la demande ne baisse pas, elle augmente. L'offre s'adapte quoi qu'il en soit et ça ne changera pas. (…) Mais pour bloquer l'offre ou au moins ne pas arriver à des situations de violences, ce que les pays ont trouvé c'est quelque part la dépénalisation de la consommation », explique-t-il. Khalid Tinasti revient aussi en détails sur le retrait, le 2 décembre 2020, par la commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) du cannabis du tableau IV de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, « où il figurait aux côtés d'opioïdes mortels et addictifs spécifiques, y compris l'héroïne, reconnus comme ayant peu ou pas d'objectifs thérapeutiques », comme l'explique l'ONU sur son site.