Au Maroc, la lutte contre le nouveau coronavirus (Covid-19) est un sujet ayant focalisé le débat politique et sociétal. Durant l'année qui touche à sa fin, il a pris des allures encore plus vives devenant un sujet de prédilection des politiques et des médias. La question de la santé est tellement épineuse que les différents gouvernements qui se sont succédés ont échoué à y trouver une réponse tant le sujet est d'une sensibilité poussée à l'extrême. La réforme, qui a fait couler beaucoup d'encre, et le fait toujours, se veut ambitieuse. Elle a notamment pour vocation de restructurer le secteur alors que la pandémie de la Covid-19 a ravivé la nécessité d'une réforme urgente du système de santé au Maroc. Si le ministère de la Santé et la Fédération nationale de la santé (FNS) ont signé le 22 septembre 2020 à Rabat, une convention-cadre de partenariat stratégique public-privé pour contribuer à l'amélioration et au développement du système national de santé, "un nouveau système de santé pour tous, au Maroc" est loin d'être assuré...Rien n'a encore été précisément défini pour cette vaste réforme à venir... L'entreprise est certes ambitieuse mais est-elle bien préparée ? Le gouvernement dispose-t-il des moyens à même d'en assurer la réussite ? Comment compte-t-il s'y prendre ? Comment garantir la santé pour tous ? Quid du droit des citoyens à la santé ? Et la formation du personnel sanitaire ? Et l'organisation du parcours de soins à l'intérieur de l'hôpital ? Comment lutter contre la corruption dans les hôpitaux ? L'année qui s'achève fut émaillée d'une succession d'épreuves, mais aussi entamée dans la pandémie de la Covid-19. Pourquoi et comment le Maroc en est-il arrivé à cela ? Autant de questions qui ont été décortiquées, tout au long de l'année, sur les plateaux TV, sur les pages des journaux, des magazines et sur les radios marocaines! Le débat va devenir encore plus virulent alors que nous voyons patauger le gouvernement "qui nous transmet, sans le savoir, son sentiment de doute et d'impuissance". Depuis que le virus a élu domicile dans notre pays, tous les Marocains suivaient l'évolution de la pandémie avec beaucoup d'intérêt. Mais vivre la Covid-19 de l'intérieur est une lourde expérience dont on ne sort plus indemne et l'on retiendra pour longtemps l'image des familles et des proches des morts en larmes et les voix hachurées, et d'une population laissée pour compte... et on n'écoute plus les discours rhétoriques qui nous baignent dans le leurre! Quand des personnes admises en réanimation à l'hôpital ont trouvé la mort suite à une présumée «défaillance au niveau de l'approvisionnement des malades en oxygène», quand un hôpital refuse d'admettre un patient de la Covid-19 en détresse, quand celui-ci rend l'âme suite à une complication respiratoire, quand les ambulances ne disposent pas de bouteilles d'oxygène... c'est que la situation est catastrophique et inhumaine, c'est que la réalité ne correspond pas aux discours. Le 10 mars 2020, le Maroc avait enregistré son premier décès dû au coronavirus, depuis, les chiffres vont à la hausse. Certains avancent qu'on meurt aussi du virus de la grippe... Bien sûr mais on connait le danger de la contamination par la Covid-19 et on connait aussi la capacité litière, les défaillances en matériel.... le slogan « la situation est sous contrôle », le "respirateur 100 % marocain" au moment où les gens décèdent à cause du manque des respirateurs artificiels dans les services de réanimation ? Aujourd'hui, tous les indicateurs sont rouges : le nombre de cas graves, le nombre des malades en réanimation, le nombre des malades intubés, ceux qui sont ventilés et bien sûr le nombre de décès qui est passé de 2229, le 1er octobre, à 3982, le 4 novembre, puis à 6909 le 19 décembre 2020... Comme en 2020, le débat s'annonce donc également passionné pour 2021, une année charnière où le corps médical, ces soldats de la lutte contre la Covid-19, mobilisés depuis le début de la pandémie, sans congé et sans motivation aucune, en ces temps difficiles, sont à bout de force et au bout de la déprime. Certains se surpassent pour continuer à s'acquitter de leur mission par conscience professionnelle et par humanisme. Plusieurs d'entre eux ont été contaminés et plusieurs ont payé de leur vie ce dur combat contre la covid-19. A n'en pas douter, s'il y a eu autant de larmes, autant d'émotions, c'est que l'heure est grave, au moment où le pays attend, la main sur le cœur, le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19.