L'institut CDG a organisé, récemment, un webinaire sous le thème de : « La mobilité face au défi de la complexité des systèmes urbains » avec des intervenants de renommée. Pour discuter de cette question, l'institut a réuni autour de la même table, Thierry Mallet, président directeur général de TRANSDEV, Loubna Boutaleb, directrice générale de la Société du tramway de RabatSalé (STRS), Kawtar Benabdelaziz, conseillère technique en transport et climat au GIZ et Zakaria Naimi, président de Green Energy Park « by UM6P & IRESEN » de Benguerir. Lors du webinaire Thierry Mallet, Président de l'UTP et Président-directeur général du Groupe Transdev, a résumé la mobilité en paraphrasant Esther Dufo (économiste franco-américaine, professeure au Massachusetts Institute of Technology, Prix dit Nobel d'économie en 2019) qui avait dit à propos du sujet, « la mobilité est un des principaux moyens d'égalisation des niveaux de vie entre territoires et d'absorption des disparités économiques et régionales ». En effet, selon Loubna Boutaleb, « la mobilité est une composante importante de la dynamique urbaine (…) elle permet un accès aux opportunités d'emploi et une équité à l'accès aux services publics, à la santé, à la scolarité et autres ». Aujourd'hui, la population urbaine et métropolitaine est en forte augmentation au niveau mondial. Selon l'ONU, en 2050, deux personnes sur trois habiteraient dans le milieu urbain. Quant au Maroc, selon le Haut-Commissariat au Plan en 2020, 63,4% de la population résident dans les villes. « Cette expansion importante des aires urbaines met plus de pression sur la mobilité et la nécessité de développer une mobilité durable pour répondre aux dynamiques urbaines », précise Loubna Boutaleb. Pour le PDG du Groupe Transdev, Thierry Mallet « le transport public a un rôle essentiel à jouer d'abord sur le plan social, sur le plan de la fracture territoriale, de l'équité sociale et finalement écologique ». En effet, la mobilité doit prendre en compte trois grandes priorités portant sur une meilleure desserte de tous les territoires (urbains, zones périurbaines et rurales), à travers le développement de solutions périphériques telles que les parkings relais, les bus à haut niveau de service, l'inter modalité etc. Il s'agit aussi de miser sur la digitalisation, le numérique ainsi que l'écologique. Sur ce dernier volet, Kawtar Benabdelaziz a fourni des chiffres alarmants quant à la consommation énergétique du secteur du transport. « Au Maroc, le secteur du transport est dépendant à 99% des énergies fossiles, constituant ainsi le premier consommateur de l'énergie finale à hauteur de 38% et le deuxième émetteur des émissions de CO2 à environ 31% », précisant qu'il est urgent de revoir les modes de déplacement en prenant en compte les questions climatiques. Une des solutions évoquées par les intervenants pour répondre à cette problématique concerne la voiture électrique. Son introduction au Maroc reste toutefois faible compte tenu de son prix de vente. « Ce qui rend la voiture électrique chère, c'est surtout la batterie qui peut coûter jusqu'à 60% du prix d'achat », indique Zakaria Naimi. Celui-ci ajoute que « l'amélioration du cycle de vie des batteries, de stockage, la réduction de leur taille, leur poids, leur coût sont les éléments essentiels pour pouvoir justement commercialiser cette voiture à large échelle au niveau national ». Ce débat a été l'occasion de rappeler que le Maroc a mis en place une feuille de route suite à la COP 21 de Paris qui a inscrit un certain nombre d'objectifs dans les stratégies nationales de transport urbain à différents niveaux (efficacité énergétique dans le transport, transport de la logistique, transport de marchandises ...). « Avec cette feuille de route, le Maroc a pour objectif de décliner au niveau des stratégies locales un certains nombres d'axes pour répondre aux différents enjeux de la mobilité durable, en réduisant les disparités, en permettant l'équité entre les différentes couches sociales et en préservant l'environnement », a conclu Loubna Boutaleb.