Le démocrate Joe Biden s'est dit, dans les premières heures de ce mercredi 4 novembre, en position de remporter l'élection présidentielle américaine qui n'a pour l'instant pas livré tous ses secrets. Son rival républicain et président sortant Donald Trump a répliqué en accusant les démocrates de vouloir "voler l'élection". Les deux candidats septuagénaires que tout oppose se sont livrés dans la nuit à une guerre des nerfs en prédisant chacun sa victoire, alors que la course à la Maison Blanche restait extrêmement indécise. Sans surprise, les deux candidats ont rapidement engrangé l'essentiel des Etats qui leur étaient promis. L'Indiana, le Kentucky, l'Alabama, l'Idaho ou encore le Tennessee, entre autres, pour Donald Trump et la Californie, la Virginie, New York, le Colorado, le Delaware pour Joe Biden. "Gardez la foi, nous allons gagner!", a lancé Joe Biden, 77 ans, devant les sympathisants démocrates réunis en "drive-in" dans son fief de Wilmington, dans le Delaware, assurant être "en bonne voie" pour accéder au pouvoir. L'ancien vice-président de Barack Obama a néanmoins appelé à la patience face à la confusion qui régnait sur les résultats dans plusieurs Etats clés. A peine eut-il terminé sa brève allocution que Donald Trump répondait sur Twitter. "On est devant et de loin, mais ils essaient de voler l'élection. Jamais nous ne les laisserons faire", a martelé le président républicain, 74 ans, dans un message contre lequel Twitter a immédiatement mis en garde ses utilisateurs, estimant qu'il pouvait être "trompeur".
We are up BIG, but they are trying to STEAL the Election. We will never let them do it. Votes cannot be cast after the Polls are closed! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 4, 2020 Dans des Etats-Unis traversés par des crises sanitaire, économique et sociale d'une ampleur historique, les Américains se préparaient à une longue attente, à l'issue d'une campagne particulièrement agressive. La vague démocrate, espérée par certains dans le camp Biden qui se prenaient à rêver de victoires historiques en Caroline du Nord ou encore au Texas, n'aura pas lieu. Le président sortant a conservé la Floride, faisant mentir de nombreux sondages, ainsi que le Texas, bastion conservateur qui avait un temps semblé menacé, et l'Ohio, remporté depuis 1964 par tous les candidats qui ont aussi accédé à la présidence. Mais le chemin pour décrocher un second mandat restait extrêmement étroit : Trump doit encore remporter l'essentiel des autres Etats clés qui avaient contribué à sa victoire surprise de 2016. Le démocrate dispose, lui encore de plusieurs scénarios pour décrocher la victoire, d'autant qu'il semblait sur le point de faire basculer l'Arizona, ex-place forte républicaine qui deviendrait ainsi le premier Etat de cette élection à changer de camp par rapport à 2016. Et il peut encore espérer arracher la Géorgie au camp Trump. Joe Biden doit néanmoins gagner au moins deux des trois Etats disputés du Nord industriel (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin) remportés sur le fil par le milliardaire il y a quatre ans. Or dans ces Etats, le dépouillement pourrait se poursuivre mercredi, voire sur plusieurs jours, notamment en raison du niveau record du vote par correspondance. L'attente s'annonce donc longue. "Si Trump gagne la Floride, la Caroline du Nord et l'Ohio, mais Biden l'Arizona, Biden est favori à 85% dans notre modèle. Mais il y a 6% de possibilités d'une égalité au sein du collège électoral", a tweeté le site spécialisé FiveThirtyEight. Pour l'emporter, un candidat n'a pas besoin d'être majoritaire en voix au niveau national: il doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des Etats. A ce stade de la nuit, le président sortant (213) est au coude-à-coude avec le démocrate (224). Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants. Le sort du Sénat, aujourd'hui contrôlé par les républicains, restait en revanche indécis.