Le gouvernement tunisien a annoncé une panoplie de mesures pour freiner la propagation de plus en plus accélérée du coronavirus dans le pays. S'exprimant, samedi soir, à l'issue d'un Conseil ministériel restreint consacré à la situation épidémiologique, le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a précisé qu'il sera procédé à l'application d'un système de séance unique et de travail par équipes dans l'administration publique pour réduire les horaires et les effectifs présents sur les lieux de travail. Il a également fait état de l'interdiction de tout rassemblement dans les lieux publics et privés, rappelant que le non-respect de ces nouvelles dispositions est passible de poursuites judiciaires. Le chef de l'exécutif tunisien a relevé dans ce contexte que le port du masque sera désormais obligatoire dans tous les lieux publics notamment dans les moyens de transport et les lieux de travail. M. Mechichi a fait savoir qu'un confinement ciblé sera instauré dans les délégations lourdement touchées par la multiplication des cas de contaminations et de décès liés à cette pandémie. Dans le même sens, il a exhorté, à cet effet, les citoyens à appliquer rigoureusement les mesures de prévention contre la contamination et les protocoles sanitaires annoncés, rappelant que l'Etat n'épargnera aucun effort pour faire respecter ces nouvelles dispositions. Le chef du gouvernement tunisien a indiqué que des mesures seront prises en coordination avec le secteur privé pour porter le nombre de lits de réanimation à 1.200 d'ici fin octobre, ajoutant qu'il a été également décidé de classer le coronavirus comme maladie professionnelle. Cependant, il a été décidé de maintenir les cours dans les différents établissements éducatifs pour garantir le droit des élèves à l'éducation, a-t-il poursuivi. Ces mesures resteront en vigueur pendant deux semaines tout en suivant l'évolution de la situation épidémiologique, a-t-il précisé. Les autorités tunisiennes avaient averti que les hôpitaux peinaient à faire face à l'afflux de malades ayant contracté le nouveau coronavirus, appelant au respect des gestes barrières pour éviter un autre confinement désastreux pour l'économie. "Les capacités du système de santé tunisien ne sont pas encore arrivées à saturation, mais on commence à avoir de petits soucis dans le grand Tunis et (...) du côté de Sousse", sur la côte tunisienne, a indiqué le porte-parole du comité scientifique de lutte contre le COVID-19, Hechmi Louzir dans des déclarations à la presse. "On manque de ressources humaines" dans les services de réanimation pour pouvoir augmenter rapidement les capacités hospitalières, a souligné M. Louzir, directeur de l'Institut Pasteur de Tunis. Selon lui, 345 malades de la COVID-19 sont actuellement hospitalisés, dont 120 qui nécessitent un apport d'oxygène. La Tunisie, qui avait quasiment circonscrit la pandémie à la fin juin avec un millier de cas et cinquante morts, a levé la plupart des mesures de restriction durant l'été. Mais le nombre de cas confirmés atteint désormais les 20.000, dont près de 300 décès. "Si on n'arrive pas à infléchir cette courbe qui est vraiment en train de monter, on risque d'être débordés", a-t-il mis en garde. Jeudi, un couvre-feu a été imposé dans les régions côtières de Sousse et de Monastir, ainsi que dans certaines zones autour de Sidi Bouzid, dans l'intérieur du pays, avec la suspension des marchés hebdomadaires et la fermeture des salles de fêtes. Selon un dernier bilan présenté par le ministère de la Santé, 1.223 cas de contamination ainsi que cinq nouveaux décès ont été enregistrés en date du 1er octobre. Le nombre de personnes contaminées admises dans les hôpitaux s'élève à 375 dont 107 en réanimation et 42 sous respiration artificielle.