Plusieurs dizaines de milliers de turcs ont été arrêtés moins d'un mois après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet dernier. Dans une interview diffusée en direct par la télévision turque hier mardi, le ministre de la justice, Bekir Bozdag, a annoncé que 26.000 personnes ont été interpellées, dont 16.000 officiellement arrêtées et placé en détention provisoire. Toujours selon le ministre, 6000 autres suspects sont en prison sans qu'aucune charge ne soit officiellement retenue contre eux, en plus de 7.700 personnes en liberté qui font l'objet d'une enquête pour leur implication présumée dans la tentative de putsch. Depuis l'échec du coup d'Etat, le pouvoir turc s'est engagé dans une purge à large échelle pour « purifier » les services de l'Etat des sympathisants de Fethullah Gulen, prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé d'être à l'origine du putsch. Des dizaines de milliers de membres de la justice, de l'armée, de la police, des services publics, et des médias ont été arrêtés, limogés, ou suspendus. Ce nombre pourrait être revu à la hausse dans les semaines qui viennent : les renseignements turcs affirment avoir réussi à s'infiltrer dans les applications de messagerie utilisées par les putschistes et avoir identifié au moins 56.000 personnes faisant partie du « réseau gulleniste ». Ces arrestations en masse ont donné un coup dur aux relations entre la Turquie et l'occident, mais semblent avoir renforcé ses liens avec la Russie. « Quand M. Poutine m'a appelé pour me présenter ses condoléances, il ne m'a pas critiqué sur le nombre de militaires ou de fonctionnaires limogés. », a déclaré Bekir Bozdag, « Alors que tous les Européens m'ont demandé: pourquoi tant de militaires sont en détention, pourquoi tant de fonctionnaires ont été démis ? », a-t-il ajouté.