Le président turc Erdogan semble avoir perdu la raison, et est en passe de devenir le bourreau au lieu de la victime de la tentative de putsch survenue en Turquie ce weekend. A peine quelques jours après ce putsch qui continue de susciter des interrogation, Erdogan poursuit son « nettoyage ». Outre les 3500 soldats et les 3000 juges arrêtés, près de 257 membres du personnel du cabinet du Premier ministre (soit près de 10 % des effectifs totaux) suspectés d'avoir des liens avec les auteurs de la tentative de coup d'Etat ont été limogés. 85 généraux et amiraux attendent maintenant d'être jugés par des tribunaux du pays pour leur éventuelle participation au complot. Des douzaines d'autres sont encore interrogés. Une centaine d'employés des services de renseignements ont également été limogés, comme près de 8 000 policiers. Au total, près de 20 000 militaires, policiers ou professionnels du droit ont été limogés. En outre, 15 200 fonctionnaires de l'éducation, et 21 000 enseignants et formateurs d'institutions privées, ont également été suspendus. Par ailleurs, le ministère de l'Education turc a demandé la démission de la totalité des doyens d'université du pays. Entre temps, le gouvernement qui ne semble pas être touché par cette purge à la Soviétique, a officiellement réclamé l'extradition de Fethullah Gulen, un religieux musulman qui réside actuellement en Pennsylvanie, qu'Erdogan accuse d'avoir ourdi ce coup d'Etat. Le principal intéressé nie y être associé, et lui retourne la politesse, affirmant que le putsch a été ordonné par Erdogan lui-même. Meme le secteur de l'audiovisuel n'a pas été épargné. En effet, toutes les licences concédées aux stations de radio et chaînes de télévision liées à l'organisation "guleniste" FETO/PDY – il y en aurait plus d'une vingtaine – ont été annulées. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est dit "alarmé par les suspensions de masse ou les limogeages de juges en Turquie", et a jugé que le rétablissement de la peine de mort, réclamé par certains membres du gouvernement turc, serait "un grand pas dans la mauvaise direction", et qu'il violerait les responsabilités de la Turquie au regard des lois internationales. "La Turquie, autrefois un modèle de démocratie dans le monde islamique, dit adieu à l'Europe et à la démocratie", se désole le journaliste lituanien Rimvydas Valatka sur le site Delfi : "Au lieu des généraux éduqués selon les principes d'Ataturk, nous voyons un calife musulman narcissique et revanchard. (…) Pourquoi tous les dirigeants de l'UE ont félicité la Turquie pour avoir défendu la démocratie contre l'armée ? Sont-ce des "défenseurs de la démocratie" qui ont décapité des soldats sans défense avec des couteaux ? Après de telles victoires de "démocrates", le mot "terroristes" demeure sur le bout de notre langue. Erdogan a déjà limogé 3 000 juges. Cela n'est pas sans rappeler les purges menées en Union Soviétique en 1937. Cet assaut sur les juges prouve que la Turquie est en train de devenir une dictature dans laquelle les juges devront être aux ordres du gouvernement. Est ce que ce n'est pas celui-là, le vrai coup d'Etat ?" Cependant, de plus en plus de voix s'étonnent de la rapidité avec laquelle le gouvernement turc a pu dresser des listes de comploteurs supposés aussi impressionnantes, et mener ces purges. En outre, Reuters a rapporté que l'on se demande pourquoi les deux chasseurs F-16 pilotés par des pilotes putschistes qui avaient pris l'avion présidentiel d'Erdogan en chasse, alors que celui-ci ramenait le président turc à Istanbul après ses congés dans la station balnéaire de Marmaris, n'ont rien fait pour l'abattre…