* Face à la persistance du retard des paiements dus par la Caisse de Compensation, les professionnels demandent une solution urgente. * Après que le département de tutelle s'est déclaré «incompétent» pour débloquer la situation, c'est la Primature qui est chargée de trouver une issue. A fin mai 2006, les arriérés dus par la Caisse de Compensation ont atteint 4 milliards de DH. Avec l'arrivée du mois de juillet et face à l'inaction des pouvoirs publics, ces arriérés ont atteint 5 milliards de DH, sans compter le reliquat de l'année 2005 estimé, quant à lui, à 400 millions de DH. Il faut dire que la Caisse de Compensation a fait preuve jusqu'à présent d'une grande incapacité pour honorer ses engagements. Selon un membre du Groupement des pétroliers marocains, «le retard de remboursement de la Caisse de Compensation influe négativement sur les trésoreries des sociétés de distribution qui, jusque-là, affirment que la sécurité de l'approvisionnement est assurée. Mais jusqu'à quand ?», s'interrogent-t-elles. La dernière réunion entre les membres du Groupement des pétroliers marocains (GPM) et le département de tutelle a, certes, permis de soulever à nouveau le problème, mais sans pouvoir lui apporter de solution. L'Etat s'était engagé au début de l'année à payer les arriérés de la Caisse de Compensation, à hauteur d'un milliard de DH par mois. Promesse non tenue avec toutes les conséquences que les professionnels du secteur peuvent en ressentir. D'autres engagements n'ont pas, non plus, été respectés. Pour le même membre du GPM «aucune décision de hausse des prix des carburants à la pompe n'a été prise. Le système d'indexation est toujours en suspens. Une répercussion de la hausse, ou de la baisse, des prix des carburants tous les 15 jours devrait s'effectuer chaque fois qu'intervient une hausse ou une baisse des cours du pétrole à l'international». Or, il se trouve que cette solution devient inopérante dans les circonstances actuelles. La hausse vertigineuse des prix du pétrole ne semble pas prête de s'achever. Ceci altère même les prévisions du département des Finances, accusé de «pratiquer des prévisions qui sont en déphasage avec la réalité des prix à l'international». Il faut dire que c'est la deuxième année consécutive que ce problème des prévisions financières est soulevé. Les pétroliers marocains considèrent que si «le prix retenu de 60 $ avait servi de base de calcul pour le Budget de 2006, cela aurait permis à la Caisse de Compensation d'avoir des revenus à hauteur de 8 milliards de DH». L'actuelle conjoncture internationale ne semble guère faciliter les choses. La montée régulière et progressive des prix du pétrole signifie que les pouvoirs publics auront encore cette lourde tâche de chercher des ressources pour financer les dettes de la Caisse de Compensation. De l'avis de Tarek Guisser, consultant au sein du cabinet conseil «Téléstratégie Associés», «toute la question réside dans cette interrogation : est-ce que le Budget, lors de l'élaboration de la Loi de Finances 2007, peut refléter le prix du baril de pétrole sur le marché international» ? D'après Tarek Guisser, «ceci sera de nature à rassurer les distributeurs». «Pour l'année 2007, constate-il, retenir le prix de 70 ou de 72 dollars sera crucial et pourrait débloquer la situation». Il faut souligner qu'après que le département de tutelle s'est déclaré «incompétent» pour y remédier, c'est la Primature qui est saisie pour trouver une issue. Toujours est-il que les distributeurs attendent encore un engagement concret et un échéancier précis pour le paiement des arriérés de la Caisse de Compensation. Certains d'entre eux ont proposé de ne pas payer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dont ils sont redevables pour compenser les sommes qu'ils attendent de l'Etat. La récente intervention du Premier ministre pourrait rassurer les distributeurs, mais le consommateur, lui, demeure toujours sous la menace d'une hausse des prix à la pompe.