* Alourdissement de la facture pétrolière. * Le marché boursier reste insensible. La crise au Moyen-Orient a immédiatement fait réagir les marchés. Le pétrole, qui est déjà sous tension, a subi dès le déclenchement des hostilités une forte tendance à la hausse. Les Bourses d'Arabie saoudite et d'autres monarchies du Golfe ont plongé samedi, au premier jour ouvrable de la semaine dans la région, sur fond d'inquiétudes face à l'escalade des violences au Proche-Orient. Les prix du pétrole ont rebondi mardi après le regain de tension entre le Liban et Israël. Les intervenants sur les marchés, notamment de Londres et de New York, ont révisé leurs prévisions à la hausse. Ils s'attendaient à un règlement rapide de la crise suite aux déclarations d'un haut gradé israélien prétendant que «l'offensive de son armée serait limitée dans le temps». Le prix du baril s'établissait sur le marché de New York à plus de 77 dollars et, selon plusieurs analystes et autres observateurs, «si la crise perdure, il faut s'attendre à un baril à plus de 80 dollars». Le Maroc importe l'essentiel de ses besoins pétroliers de l'étranger. La facture pétrolière, qui pèse lourdement sur le Budget de l'Etat, risque de s'aggraver davantage. Fathallah Oualalou, qui prépare son budget pour l'année 2007, devrait tenir compte des nouvelles tendances. Déjà, les prévisions de 60 dollars le baril pour l'année budgétaire 2006 sont intenables, et la Caisse de compensation est dans l'embarras, notamment avec le règlement des arriérés dus aux distributeurs de carburants (voir page 30). Le gouvernement serait-il tenté une nouvelle fois par une hausse à la pompe? Il préfère attendre la période des vacances pour procéder à de telles augmentations. Interrogés, plusieurs analystes de la place estiment que le Maroc sera impacté sur le plan énergétique, mais en ce qui concerne le marché boursier les avis divergent. Pour Hassan Boulaknadal, Directeur général de BMCE Capital, « les derniers événements géopolitiques qui secouent le Moyen-Orient ne sont pas sans conséquence sur l'économie marocaine. Le premier facteur reste la hausse des prix du baril qu'induit cet événement et son impact sur la santé financière du Trésor». Boulaknadal a expliqué que «la Loi de Finances pour 2006 a retenu un niveau moyen du baril à 60 dollars, alors qu'aujourd'hui le pétrole se négocie à 78 dollars. Cet état de fait creuse davantage le déficit de la Caisse de compensation. Toutefois, la situation sera atténuée par un éventuel repli du billet vert face à l'Euro, vu le coût que les conflits du Moyen-Orient ont sur le budget des Etats-Unis». «Parallèlement, a-t-il indiqué, la capacité d'investissement des pays exportateurs de pétrole, notamment les pays du Golfe, se trouverait bonifiée suite à la hausse du cours du baril. Ces capitaux devraient normalement s'orienter vers des places financières où le risque-pays est moins marqué ». Boulaknadal a précisé que «le Maghreb en général, et le Maroc en particulier, vu que son marché financier est le plus développé de la région, peut faire office de réceptacle de cette manne pétrolière». Pour Youssef Abouali, professeur à la faculté de Settat, «l'effet monnaie ne peut que compenser légèrement la flambée des prix pétroliers pour le Maroc. Le département des Finances doit prendre en considération un prix de baril très élevé pour les années à venir ». Pour ce qui est du marché des capitaux, Abouali a expliqué que « les fortes recettes pétrolières ont dégagé une surliquidité sur les marchés financiers des pays du Golfe. Les places boursières de ces Etats n'ont pas de capacité d'absorption. Elles cherchent alors des marchés pour faire fructifier leur argent ». Outre les tensions géopolitiques, la plupart des Bourses du Golfe ont enregistré des reculs à cause d'un afflux massif d'argent provenant de la hausse des prix du pétrole, ainsi que par une spéculation effrénée des grands et petits investisseurs. Pour Ali Lamzibri, Directeur corporate Finance (Finergy), « l'impact de la hausse des prix du pétrole sur le marché financier marocain serait très faible ». Il a expliqué que « le marché marocain reste fermé. Du côté des investisseurs étrangers, on note leur quasi-absence. Lamzibri a souligné que « le marché marocain demeure dominé par les petits investisseurs dont l'effet volume reste relativement faible. De même, si on parle de devises, le Dirham n'est pas convertible. Donc, même cet arbitrage entre devises n'est pas possible». «Tant que le marché financier marocain est quadrillé, sous contrôle des autorités de tutelle comme la Banque centrale pour les taux d'intérêt, l'impact serait minime. A la Bourse de Casablanca, une source bien informée a indiqué que «la BVC suit sa tendance normale. La place reste insensible à la crise du Moyen-Orient». Interrogée sur la flambée des prix du pétrole, la même source a affirmé que ce paramètre devrait doper notamment les coûts de production et, bien entendu, réduire les marges de bénéfices. Certains secteurs ou entreprises sont directement touchés.