Deux millions et demi de cartes bancaires circulent actuellement au Maroc. Le paiement représente à peine 7% de lusage effectué par les titulaires marocains, alors que la moyenne de la région est de 15%. Lurgence est aujourdhui la mise à niveau du cadre juridique et technologique. La campagne nationale de sensibilisation sur la carte bancaire qui sest déroulée du 29 au 30 novembre dernier sous le thème: «Pour une meilleure utilisation de la carte bancaire», se fixe comme objectif majeur la consécration de la carte comme moyen de paiement naturel au Maroc, à côté du chèque et du cash. Elle se voulait une occasion pour les autorités monétaires, opérateurs économiques, banques et le Centre monétique interbancaire (CMI) de se concerter et se consulter sur des questions dordre légal et réglementaire, sécuritaire et stratégique. Lenvironnement de la monétique marocaine a atteint une certaine maturité qui rend nécessaire lorientation des porteurs de carte bancaire vers une utilisation accrue pour le paiement à côté de lutilisation traditionnelle de la carte pour le retrait dargent. Au 30 septembre 2005, le Maroc a atteint la barre des deux millions et demi de cartes bancaires, entre carte Visa et Mastercard (1,9 million) et cartes de retrait dite privatives (700.000 cartes). Lencours de la carte de paiement a progressé pour sa part de 20%, avec plus de 300.000 nouvelles cartes sur 9 mois. Rappelons à ce titre quen 2000 il ny avait que 500.000 cartes. Pour lacquisition des paiements, lactivité a globalement progressé de 25% sur les 9 premiers mois de 2005 comparativement à 2004, avec un volume de 4,4 milliards de DH qui correspondent à 4,6 millions de transactions. Le nombre des TPE est passé de 8.000 en 2004 à 10.000 en 2005, avec une modernisation du parc des terminaux de paiement, tandis que le nombre de GAB a atteint 2.000, soit 15% de plus par rapport à fin 2004. Lusage des cartes de paiement Sagissant des 1,9 million de cartes de paiement émises, elles ont permis, entre janvier et septembre 2005, la réalisation de 32 millions dopérations de retrait pour un montant global de 23 Mds de DH, soit une progression de 16% par rapport à 2004. Quant aux paiements par ces mêmes cartes, ils ont totalisé 1,7 Md de DH, en hausse de 29%, et correspondent à 3 millions dopérations. Le paiement ne représente donc quà peine 7% de lusage effectué par les porteurs de cartes marocains. En matière de paiement, le Maroc reste ainsi loin de la Jordanie (10%), du Liban (15%) et plus généralement de la moyenne enregistrée dans la région CEMEA (17%). De même, il reste très loin de la France où «les paiements représentent 72% de lusage de la carte française et 25% des dépenses des ménages, et dépassent lusage des chèques». Ces résultats laissent dire que le marché marocain présente un potentiel de développement important. Doù lambition affichée de Bank Al-Maghrib de développer, en concertation avec toutes les parties concernées, une stratégie pour encourager lutilisation des moyens de paiement scripturaux, et notamment des cartes bancaires en tant que support de la bancarisation de manière à réduire lemprise de la monnaie fiduciaire dans les règlements. Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, a déclaré à cet effet que «la mise en uvre de lobjectif de développement des paiements par carte bancaire devra être impérativement accompagnée dune mise à niveau du cadre juridique et technologique». En effet, précise-t-il, «le droit de la carte bancaire au Maroc, qui repose principalement sur la technique conventionnelle, rend nécessaire une intervention législative et réglementaire pour mettre en place un dispositif juridique adapté aux spécificités de la carte bancaire, qui pourrait sarticuler autour des principaux axes suivants : larbitrage équitable entre les responsabilités et les intérêts tant des émetteurs que des porteurs et fournisseurs; la lutte contre la fraude par ladoption de règles préventives et dissuasives de nature à renforcer la crédibilité de la carte bancaire; la clarification du régime légal des oppositions et lélargissement de son champ dapplication; la reconnaissance légale de la valeur juridique de la signature électronique et linstitution dun service dintérêt commun ayant pour mission dassurer un suivi des politiques de sécurité des émetteurs et de centraliser les informations en matière de fraude et des incidents de paiements par carte». Pour le Groupement professionnel des banques du Maroc, représenté par Elhadi Chaibanou, le développement de la carte bancaire passe par une mise en place de nouveaux services et produits monétiques, à savoir lachat via le Web, la dotation voyage à létranger et la carte prépayée. Elle passe aussi par lélargissement et lextension du réseau GAB et TPE, la promotion de la qualité des services et de gestion des GAB (télémaintenance réactivité), mais surtout par une plus grande vulgarisation de lutilisation de la carte bancaire et la réduction de son coût. Aujourdhui, malgré les progrès quil a réalisés en matière de développement de la monétique, le Maroc reste éloigné des pays de la région. Lobjectif visé est donc de porter rapidement la part des paiements par carte dans le global « usage des cartes » à 15% pour sapprocher de la moyenne de notre région. En définitive, il faut reconnaître quautant le chemin parcouru avec plus de 2 millions et demi de porteurs savère positif, autant les chantiers à explorer et à développer sont déterminants pour un véritable développement de la monétique au Maroc. Il sagit notamment dune plus grande sécurisation à travers les normes EMV, lintroduction de la carte à puce, la prévention et la lutte contre la fraude et le développement des systèmes de paiements sécurisés sur Internet pour les besoins du commerce électronique.