* Des résultats satisfaisants au titre du premier semestre et des objectifs en ligne avec les prévisions. * La priorité à moyen terme : consolider les acquis sur les nouveaux marchés, comme notamment celui des retraités ou encore lactivité automobile. * Dans cet entretien, Abderrahim Rhiati, Administrateur Directeur général dEqdom, revient sur les réalisations de la société au titre du premier semestre 2010 et dévoile les grands axes de la stratégie de développement du leader historique du crédit à la consommation au Maroc. Détails. - Finances News Hebdo : A linstar des autres établissements de crédit, Eqdom a rendu publics ses résultats au titre du premier semestre 2010. Quelle appréciation globale en faites-vous ? - Abderrahim Rhiati : Après un développement appréciable en 2009, lactivité économique nationale a présenté des signes dessoufflement au titre du premier semestre 2010, imputables, entre autres, à la baisse de lactivité primaire que nont pas pu entièrement compenser les activités secondaire et tertiaire. Dans ce contexte, au niveau du secteur financier, lactivité du crédit sest un peu tassée, et cela sest particulièrement ressenti dans le domaine du crédit à la consommation à travers une faiblesse de la demande et une montée des risques. En ce qui concerne Eqdom, nous estimons que nous nous sommes mieux comportés que la concurrence. Et ce, dautant que, au début de lannée, nous avions pris des mesures assez draconiennes pour maîtriser les risques, notamment en terme de taux dacceptation des dossiers de crédit. De ce fait, nous avons pu réaliser des résultats plutôt appréciables. Ainsi, nous avons dégagé un résultat net en hausse de près de 3% par rapport à la même période de lannée dernière. Nous avons, dans ce cadre, déployé beaucoup defforts pour maîtriser nos coûts de refinancement, ce qui nous a permis de maintenir au même niveau que lannée dernière notre marge financière. Et, plus globalement, nous avons davantage privilégié la maîtrise des frais de gestion et des risques que le développement de lactivité, puisquen terme de production nous sommes pratiquement au même niveau que celui enregistré à fin juin 2009. A ce titre, il faut préciser quEqdom opère dans plusieurs secteurs, et travaille notamment avec les fonctionnaires, les retraités, les employés de sociétés, en plus de lactivité automobile. Et depuis que le Groupe Société Générale a racheté Eqdom, nous avons mis en place une stratégie agressive de diversification. Pour rappel, auparavant, 80 à 85% de nos encours étaient composés des crédits aux fonctionnaires. Par la suite, un travail important a été effectué pour diversifier notre portefeuille de crédits. Ainsi, actuellement, les fonctionnaires ne représentent plus que 44% de nos encours, le reste étant réparti entre les retraités (10%), une activité relativement nouvelle puisquelle date de 2005-2006, les employés de sociétés (20%) et lactivité automobile (20%). Cette dernière a été fortement développée entre 2004 et 2010 et nous avons pu gagner dans ce segment des parts de marché importantes pour devenir un acteur de référence dans le secteur. Aujourdhui, nous avons donc un portefeuille plus équilibré, donc moins risqué, qui nous permet dêtre présents sur pratiquement lensemble des secteurs économiques. - F.N.H. : Et comment a évolué la production dans ces différents créneaux durant le premier semestre 2010 ? - A. R. : Lensemble des activités sest bien comporté, à lexception du financement automobile. Lequel a souffert dune baisse des ventes de voitures au Maroc qui a logiquement impacté les demandes de crédit. Néanmoins, au niveau dEqdom, la baisse sur le financement automobile a été plus importante que celle constatée au niveau des ventes dans le secteur. Simplement parce que nous avons revu les conditions dacceptation des dossiers de crédit et adopté une politique plus sélective, au regard notamment de la montée des risques enregistrée sur cette activité en 2009. Il faut toutefois préciser que ce recul va dans le bon sens, puisque nous avons mieux maîtrisé le risque et amélioré notre rentabilité sur ce segment. - F.N.H. : Nous constatons donc quau lieu de se lancer dans une course à la production, Eqdom privilégie plutôt les créances saines. Cette politique est-elle néanmoins viable à moyen et long termes dans un contexte de concurrence exacerbée ? - A. R. : Cest effectivement la politique dEqdom à travers laquelle il faut également voir la politique du Groupe Société Générale dans lensemble de ses implantations. Nous ne cherchons pas à être les premiers à nimporte quel prix, nous voulons plutôt être les meilleurs. Les meilleurs en termes de rentabilité, qualité de service et daccompagnement de léconomie marocaine. Cest dire que nous privilégions une croissance saine au détriment dune stratégie effrénée de gain de parts de marché qui hypothèque lavenir de la société. - F.N.H. : Ce qui veut dire quEqdom ne prend globalement pas de risques - A. R. : On ne peut pas dire quEqdom ne prend pas de risques parce que, par essence, le risque est inhérent à notre activité. Dès lors, nous faisons en sorte de mettre en place des outils pour mieux maîtriser ces risques. Nous devons certes développer lentreprise, mais tout en la mettant dans les dispositions les meilleures susceptibles de lui assurer une croissance saine et durable. - F.N.H. : Voilà maintenant deux ans qua été supprimée lexonération de la TVA sur la LOA. Avec le recul que vous avez aujourdhui, est-ce que vous pouvez affirmer que cette disposition fiscale a eu un impact significatif sur votre activité ? - A. R. : Il faut savoir que cet avantage fiscal était finalement rétrocédé au consommateur final, lequel pouvait donc acheter une voiture avec un coût de financement très faible, voire nul. La suppression de cet avantage a effectivement eu un impact sur la LOA au début, puisque cela a induit un changement dans le comportement du consommateur. Néanmoins, le marché a beaucoup plus souffert de la crise qui sévissait à lépoque que de la disparition de cet avantage fiscal pour la LOA. Pour autant, afin de faire face à leurs besoins de financement, les clients ont simplement basculé vers le crédit classique, lequel, soulignons-le, est de nature plus risquée que la LOA. Parce que, dans la LOA, la société de financement a la maîtrise de la facturation du véhicule, lequel, de surcroît, est en son nom : ce sont donc deux éléments essentiels dans la maîtrise du risque. Cest ce qui explique dailleurs la montée du risque en 2009, puisque nous avons basculé de la LOA vers le crédit classique sur une bonne partie de notre production. A cela sajoute aussi lenvironnement économique difficile et précaire, avec notamment une augmentation du chômage dans certains secteurs dactivité. Cest la raison pour laquelle dailleurs nous avons revu en 2010 notre offre LOA afin de la rendre plus attractive. Nous lavons, à ce titre, proposée à loccasion du dernier Salon automobile et, depuis cette date-là, nous constatons une augmentation de la production LOA au détriment du crédit classique. Ce qui permet de réduire le risque au niveau de ce secteur dactivité. - F.N.H. : Vous avez procédé, il y a un peu plus dun an, à la mise en place dune nouvelle organisation commerciale. A-t-elle eu une valeur ajoutée tangible au niveau de lactivité dEqdom ? - A. R. : Tout à fait. Nous avons mis en place, au sein du département commercial, des responsables de zone. Vous savez que notre réseau se développe de façon assez soutenue, particulièrement depuis que nous sommes sous le giron du Groupe Société Générale. Nous étions à 11 agences, actuellement nous en avons 22. Il nous fallait donc mettre en place un dispositif danimation de proximité autour de ce réseau à travers notamment ces responsables de zone, lesquels gèrent les agences et les intermédiaires par zone géographique. A côté de ces responsables de zone, nous avons également les responsables de marché, lesquels ont des compétences spécifiques à chaque type dactivité. Cest le cas par exemple du marché automobile où nous avons des spécialistes dédiés. Ces responsables de marché travaillent en transversale avec les responsables de zone; les uns apportant lanimation de proximité, les autres leur expérience dans un marché particulier. Tout cela fonctionne très bien, comme le confirment nos résultats : comme je le disais plus haut, en dehors du marché automobile qui a régressé, tous les autres marchés ont progressé. - F.N.H. : Eqdom revient timidement dans la distribution après lavoir plus ou moins délaissée pendant longtemps. Aujourdhui, quelles sont vos ambitions dans ce segment dactivité ? - A. R. : Dans les années 80-90, Eqdom était effectivement très présente dans la distribution, appelée plus communément prescription dans le jargon du crédit à la consommation. Mais la distribution était quand même très archaïque à cette époque. Cela se faisait avec de petits magasins où les clients finançaient leurs achats avec le crédit Eqdom. Et il y avait beaucoup dabus de la part de ces revendeurs parce quils nétaient pas bien organisés. De ce fait, Eqdom sest retirée de ce secteur, au même titre dailleurs que lensemble des sociétés de financement. Et depuis le développement de la grande distribution, nous avons remarqué que les financements sur les lieux de vente ont commencé à prendre un nouvel essor, à travers notamment Marjane, première chaîne dhypermarchés au Maroc. Par la suite, sont venues des enseignes spécialisées comme Kitea, Mobilia, etc. Toutefois, malgré le développement constaté, ce marché reste encore très petit : lencours global du financement apporté à ce secteur dactivité est inferieur à 1 milliard de DH pour un encours global du secteur de lordre de 40 Mds de DH; soit moins de 3%. Ce qui en fait un tout petit marché dans un secteur qui compte, cependant, beaucoup dopérateurs. Par ailleurs, il faut tenir compte de deux facteurs importants : le coût dinvestissement est relativement important et certaines enseignes sont adossées à des groupes qui possèdent eux-mêmes des sociétés de crédit à la consommation. Il est donc difficile de travailler dans ce secteur, quand bien même il a de lavenir et quil va générer beaucoup de chiffres. Malgré cela, Eqdom a décidé dy être présent. Cest dans ce cadre que nous avons conclu une convention avec Aswak Salam que nous accompagnons dans lensemble de ses magasins. - F.N.H. : Vous aviez en projet de mettre en place le crédit revolving. Où en êtes-vous, surtout quand on sait que pour le Groupe Société Générale cet instrument de financement nest pas vraiment une priorité ? - A. R. : Le crédit revolving en lui-même est effectivement intéressant; il a des avantages comme des inconvénients. Lun de ses inconvénients majeurs est quil participe au surendettement des clients. De même, il nest vraiment intéressant que dans un environnement où les taux dintérêts sont élevés. Or, au Maroc, le taux dintérêt est limité à 14%, quel que soit le type de crédit. Nous avons effectivement commencé à développer ce produit-là sur nos chaînes de production, mais nous ne lavons pas encore commercialisé parce que lenvironnement actuel ne sy prête pas et il y a un risque de surendettement élevé qui nous incite à la prudence. Par ailleurs, sur le plan déontologique, Eqdom est dans une démarche de crédit responsable. Pour dire que nous ne voulons pas donner à nos clients un moyen de se surendetter dans un contexte aussi difficile. - F.N.H. : Côté perspectives, pensez-vous que vos prévisions de résultats seront en ligne avec vos objectifs pour lannée 2010 ? - A. R. : Parfaitement. Déjà, à fin juin, nous avons légèrement dépassé nos objectifs et nous allons maintenir cette dynamique dici la fin de lannée. Et ce, dautant plus quà fin septembre il ny a pas eu dévènements exceptionnels qui ont impacté lenvironnement au sein duquel évolue Eqdom. Donc, nous pensons réaliser nos objectifs au terme de lexercice 2010. - F.N.H. : Avez-vous dans le pipe de nouveaux produits et services à proposer à votre clientèle à moyen terme ? - A. R. : La priorité à moyen terme est dabord de consolider les acquis. Comme je vous lai dit, Eqdom avait auparavant une stratégie axée sur les fonctionnaires. Aujourdhui, nous avons adopté une politique agressive de diversification et nous devons asseoir davantage notre position sur les «nouveaux» marchés que nous avons investis (retraités, automobile, employés de sociétés) avant de réfléchir à autre chose. Je dois aussi signaler, quà côté de ces marchés, nous avons également développé des produits alternatifs, à savoir Ijara et Mourabaha. Ce sont des produits qui peinent à décoller pour lensemble du marché dailleurs, mais nous avons bon espoir.