* Les acteurs économiques et les institutionnels marocains manifestent un intérêt croissant vis-à-vis des enjeux environnementaux et de la problématique du développement durable. * Eclairage de Bruno Rebelle, Directeur de Synergence, société spécialisée dans le conseil écologique et ex-vice-président de Greenpeace. - Finances News Hebdo : Comment avez-vous jugé l'organisation de Pollutech ? - Bruno Rebelle : Pollutec est un Salon très professionnel. J'ai pu l'apprécier à Paris, à Lyon ou à Casablanca. Cette édition marocaine de 2010 était à la fois très fournie et très riche en exposants et en intervenants. La fréquentation et la participation aux différentes conférences démontrent aussi l'intérêt croissant des acteurs économiques et des institutionnels marocains vis-à-vis des enjeux environnementaux et de la problématique du développement durable. - F. N. H. : A votre avis, le business écologique est-il porteur au Maroc ? - B. R. : Le Maroc est dans une forte dynamique de développement et se tourne naturellement vers le marché européen. Pour ces deux raisons, le gouvernement et les acteurs économiques doivent impérativement promouvoir des processus de production moins impactants pour l'environnement, du local au global. La promulgation par SM le Roi de la Charte de l'environnement pour un développement durable, répond directement à cette nécessaire orientation de l'économie. Par exemple, le développement très intéressant des productions agroalimentaires doit prendre en compte la nécessité de préserver les ressources en eau, limiter autant que possible les quantités prélevées et veiller à la qualité des rejets. Plus généralement, les entreprises qui souhaitent s'engager sur le marché européen devront prendre en compte les attentes des consommateurs de ce marché en matière de sécurité sanitaire de moindre impact environnemental et d'équité sociale des productions. Pour toutes ces raisons, nous pensons effectivement que l'économie marocaine entre actuellement dans une période de mutation. Les entreprises et les institutions publiques auront besoin d'accompagnement. Nous pensons pouvoir leur offrir les conseils stratégiques et l'accompagnement en matière d'ingénierie qui permettront à ces acteurs de faire évoluer leurs pratiques. Nous pourrons aussi aider ces entreprises et ces institutions à mettre en valeur, par une communication adaptée, leurs engagements et leurs réalisations. - F. N. H. : Quels sont les secteurs les plus investis dans le domaine ? - B. R. : Nous avons été frappés en constatant le dynamisme du secteur énergétique. Le Maroc n'a pas sur son territoire de gisements de gaz ou de pétrole. En revanche, il bénéficie d'un fort potentiel de développement des énergies solaires et éoliennes. Au-delà de l'essor de ces solutions pour couvrir une partie au moins de ses besoins énergétiques, le pays a tout intérêt, comme il s'y emploie actuellement, à se doter d'une véritable politique industrielle dans ces domaines pour se positionner comme leader régional. Il faudra cependant ne pas oublier qu'au-delà des solutions techniques pour la production d'énergie à partir de sources renouvelables, il est nécessaire de faire un gros travail dans les domaines de la sobriété et de l'efficacité énergétique. En revanche, nous avons l'impression que de gros efforts restent encore à engager dans le domaine de l'aménagement urbain, pour promouvoir des villes plus durables, et dans celui de la gestion des déchets ménagers. - F. N. H. : Comment votre passage à Greenpeace peut-il donner de l'élan à votre nouvelle activité ? - B. R. : Le fait d'avoir été pendant 10 ans aux commandes de Greenpeace (6 ans en France et 4 ans à l'international) m'a permis de cerner de manière approfondie les grands enjeux environnementaux auxquels notre monde moderne est confronté. Greenpeace est une école exigeante où l'on s'intéresse aux raisons profondes des dégradations environnementales. Cette expérience m'a aussi conduit à comprendre les relations complexes entre les entreprises, les pouvoirs publics et les organisations de la société civile. De fait, je suis bien préparé à venir en appui auprès des acteurs institutionnels, ou des entreprises, qui veulent s'engager de manière authentique dans un processus d'amélioration de leurs pratiques. Je peux apporter un regard exigeant à ces acteurs, mais je peux surtout les accompagner pour passer d'une logique de confrontation, ou de minimisation des risques, à une logique de collaboration et de valorisation des opportunités. Il faut dépasser l'idée que l'environnement est une contrainte. La prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux est plutôt, à mon sens, source d'innovation, de créativité et, au final, de performance. C'est en tout cas le sens des démarches d'appui que nous apportons à nos clients.