* Sur le plan économique, les grands projets prévus par le Sommet de Paris du 13 juillet 2008 ont fait l'objet d'études, mais peinent encore à voir le jour. * L'UPM est appelée à contribuer à la réalisation de projets en Afrique sub-saharienne, dans l'énergie solaire par exemple. * Les détails avec J.Kerdoudi, président de lIMRI. - Finances News Hebdo : Le Parlement européen vient de rendre le bilan de cinq années de mise en uvre de la politique européenne de voisinage. Quelle lecture faites-vous concernant le rapport Maroc ? - Jawad Kerdoudi : Le Parlement européen a globalement manifesté sa satisfaction concernant la mise en uvre par le Maroc de la politique européenne de voisinage en 2009. Il a insisté sur les progrès politiques accomplis par notre pays, notamment le renforcement de la présence féminine dans les instances élues locales. Il a également salué l'adhésion du Maroc au Centre Nord/Sud du Conseil de l'Europe et la création de la Commission parlementaire Union européenne/Maroc. Tout en appréciant les efforts fournis par le Maroc, le Parlement européen a insisté sur la réforme de la Justice et la lutte contre la corruption. - F. N. H. : Le partenariat euro-méditerranéen a également été rehaussé par la mise en place de lUPM ; mais, concrètement, ce nouvel espace parvient-il à se dessiner dans un contexte politique tendu et économique très contraignant ? - J. K. : Sur le plan politique, l'UPM n'a pas réussi à résoudre les problèmes de la région, et notamment le conflit israélo-palestinien qui bloque l'avancée de l'Union. Il importe que l'UPM s'implique davantage dans ce conflit par des mesures contraignantes, afin de pousser Israel à choisir le chemin de la paix. Sur le plan économique, les grands projets prévus par le Sommet de Paris du 13 Juillet 2008 ont fait l'objet d'études, mais à ce jour aucun projet n'a été réalisé. - F. N. H. : Le Maroc est lun des contributeurs à la création du Fonds InfraMed dans le cadre de lUPM, contrairement au fait quil est lun des grands bénéficiaires de la PEV. Cela revient-il à dire que le pays cherche à se positionner comme acteur actif dans ce nouvel espace de partenariat ? - J. K. : Il faut se féliciter de la création du Fonds d'investissement InfraMed doté d'une mise de 385 millions d'euros. C'est le premier fonds Nord/Sud de la Méditerranée, puisque y ont contribué la France, l'Italie, le Maroc et l'Egypte, en plus de la Banque Européenne d'Investissements. Ce fonds va axer ses investissements sur le financement des infrastructures dans les domaines de l'énergie, du transport et de la gestion urbaine L'implication du Maroc dans ce fonds au niveau de 20 millions d'euros est stratégique, dans la mesure où le Royaume veut marquer sa confiance dans l'UPM et se positionner comme acteur actif du Sud de la Méditerranée. - F. N. H. : Quelles sont, daprès-vous, les actions à déployer afin que lUPM ne soit pas une barrière à une intégration régionale souhaitée avec lAfrique subsaharienne? - J. K. : Il est très important que l'Afrique sub-saharienne ne se sente pas exclue de l'UPM. Aussi, sur le plan institutionnel, il est souhaitable qu'elle soit d'une manière ou d'une autre représentée au sein des instances dirigeantes de l'UPM en tant qu'observateur. Sur le plan économique, l'UPM doit également contribuer à la réalisation de projets en Afrique sub-saharienne, dans l'énergie solaire, par exemple. - F. N. H. : Et, au cas où elle est exclue de ce nouvel espace, quelles en seraient les conséquences ? - J. K. : Au cas où elle en est exclue, elle risque de se tourner davantage vers la Chine et les Etats-Unis au détriment de la Méditerranée et de l'Europe. Il ne faut pas oublier que l'Afrique comptera très prochainement une population de 1 milliard d'habitants, et qu'elle est très riche en ressources naturelles, notamment minières. - F. N. H. : Enfin, quelles sont les principales recommandations du Forum organisé par lIMRI, les 28 et 29 mai ? - J. K. : Les principales recommandations du Forum sont au nombre de dix : Implication plus grande de l'UPM dans la résolution des problèmes politiques de la région, et notamment le conflit israelo-palestinien. Nécessité impérative de l'unité maghrébine pour une plus grande efficacité du Partenariat Euro-Méditerranéen Promotion de l'intégration Sud/Sud : renforcement et élargissement de l'Accord d'Agadir. Appui financier à la société civile pour la promotion de l'UPM et sa vulgarisation. Facilitation de la circulation des personnes entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Les pays du Sud doivent prendre des initiatives et faire des propositions au Nord. L'UPM ne doit pas constituer une barrière entre l'Europe et l'Afrique sub-saharienne, qu'il faut impliquer dans les instances dirigeantes. Consolidation du «Statut Avancé» accordé au Maroc, qui peut servir d'exemple aux autres pays sud-méditerranéens. Nécessité de lancer au plus vite un grand projet économique de l'UPM pour assurer sa crédibilité. Coopération de l'Union européenne vis-a-vis du Sud insuffisante dans le secteur social : nécessité de la renforcer dans les domaines de l'éducation et la recherche scientifique, la santé et la couverture sociale, l'habitat et le logement social, la culture.