* Jusquà la fin des années 90, le factoring était essentiellement axé sur les activités vouées à lexport. Par la suite, il sest étendu aux activités nationales. * Le crédit-bureau entré en vigueur récemment devrait permettre une meilleure maîtrise des risques de contrepartie. * Le développement du factoring passe nécessairement par l'anéantissement des difficultés que rencontre la PME, élément important du tissu productif. Les premières assises sur le factoring, organisées par lAPSF ont eu lieu la semaine dernière dans un grand palace de la capitale économique. Daprès son président, A. Bencherki, la tenue de ces assises sinscrit dans le cadre de lorganisation institutionnelle de lAPSF qui a organisé, il y a quelques années, des assises du crédit à la consommation et celles du crédit-bail. Ces assises se veulent un moment fort pour débattre des enjeux de cette technique de financement dans un monde de plus en plus global. Étaient présents à cette rencontre des experts nationaux, mais également étrangers, avides de partager leur expérience et leur réussite en la matière. Sous dautres cieux, le factoring est devenu, au fil des ans, un mode de financement par excellence. Eric Timmermans, Secrétaire général d'International Factors Group (IFG), a tenu à rappeler que laffacturage mondial nexiste pas. Pourquoi ? Tout simplement parce quil existe des différences entre les lois de règlement, entre celles de cession des créances, entre les produits offerts et aussi en matière de prix. Mais il pourrait être considéré de par le monde comme une alternative à la lettre de crédit parce quil donne plus de tranquillité aux opérateurs. A ce titre, il rappelle la position de laffacturage espagnol sur le marché européen. «Le poids de laffacturage est estimé à 40% de loffre cest à dire que le montant total des paiement existant est de lordre de 120.000 millions deuros», annonce E. Timmermans. Aussi, le ratio affacturage/PIB en Espagne est de lordre de 10%. Il résume les facteurs du succès de laffacturage en France dans la commercialisation par des banques de ce produit (des centaines de guichets), étant donné leur intérêt pour compenser la baisse de lescompte du papier commercial et, enfin, une plus forte connaissance du produit par les compagnies dassurance. Aussi, dans un pays comme la France, le factoring a connu un franc succès. «La suppression de lencadrement du crédit en France, début 1996, conjuguée aux améliorations de la productivité des opérations de factoring, ont permis une baisse sensible des prix, commissions et, surtout, intérêts. Ce qui a permis aux factors de financer totalement à la fois le poste clients et être compétitifs», annonce M. Aussavy, ex-président de General Electric Factofrance. Daprès lui, la clé du succès réside dans laccès à toutes sortes dinformations sensibles, à la centrale des impayés, aux bilans .Tout cela a pu faire de laffacturage un substitut à dautres produits de financement vu quil offre aux entreprises une gestion plus facile des créances. Une croissance de 25% en moyenne Au Maroc, le factoring est encore à ses premiers balbutiements. Comme la confirmé M. Melsa, délégué général de lAPSF, le volume des remises de créances représente environ 1,5% du PIB. Cest dire quil existe un fort potentiel à exploiter dans notre pays. Bref historique : le factoring au Maroc montre quil sagit dune solution qui a su accompagner léconomie nationale. Jusquà la fin des années 90, elle était orientée exclusivement à linternational. Cette technique a contribué au développement de certains secteurs voués à lexport tels que le textile. Mais, depuis la fin des années 90, elle a commencé à toucher progressivement le marché domestique. Elle commençait à intéresser les petites et grandes entreprises, à condition quelles soient organisées, transparentes et fortes dun potentiel de développement commercial. A noter que laffacturage touche la gestion du compte client, le recouvrement, voire pour les grandes entreprises, des possibilités pour la déconsolidation de leurs bilans. Le crédit-bureau entré en vigueur récemment donnera certainement un coup de pouce au factoring en mettant à sa disposition les informations quil faut, permettant ainsi une meilleure maîtrise des risques de contrepartie Aujourdhui, les opérateurs sont très confiants en lavenir. Daprès eux, lévolution de 25% en moyenne au cours des trois dernières années est un signe avant-coureur que le factoring ne pourra que se développer et jouer le rôle qui est le sien en tant que technique de financement séduisante. Mais si lon regarde de près lensemble des factors exerçant sur le marché, quil sagisse des deux sociétés spécialisées telles que Attijari Factoring et Maroc Factoring ou des banques à travers des départements dédiés, les remises de créances demeurent en deça des attentes (1,5% du PIB). Et donc, malgré les avantages quil offre, il reste en retrait par rapport à dautres modes de financement. Aussi, il est important de rappeler que les petites et moyennes entreprises constituent au Maroc lessentiel du tissu économique. Elles représentent chez nous plus de 95% de lensemble des entreprises. Toutes les études consacrées aux PME montrent quelles sont traditionnellement confrontées à une insuffisance de financement, à des difficultés dexploitation et à une faible productivité. Ce qui parfois nest pas sans conséquences sur leur transparence. Il convient également dajouter que le nombre de sociétés déficitaires, essentiellement des PME, représente 60% du total. Si lon analyse les contraintes auxquelles font face les PME, on peut craindre un faible développement de laffacturage. Ceci pour dire que notre tissu économique a besoin dun cadre réglementaire et juridique favorable à lentrepreneuriat. A ce moment-là, une technique comme celle de laffacturage pourrait jouer le rôle qui est le sien en matière de développement économique, à linstar des pays voisins.