* Après le raffermissement du dialogue politique et la signature de plusieurs accords, le plus important actuellement est que le Maroc élabore les actions quil veut mener et un calendrier dans le processus de rapprochement des législations européennes. * Le nouveau Plan dAction Maroc pour les prochaines cinq années doit contenir un calendrier des domaines de progrès qui sont liés au Statut Avancé. * Laccord de réadmission que le Maroc sest abstenu de signer et auquel lUE accorde une grande importance, est une pomme de discorde. * Eneko Landaburu, ambassadeur de la Délégation de la Commission européenne au Maroc, livre sa vision. - Finances News Hebdo : Laccord verbal sur les négociations agricoles et de pêche a été signé et soumis pour approbation. Dans quel délai pensez-vous quil sera ratifié ? - Eneko Landaburu : Cet accord existe et a été signé par les deux parties. Et comme vous le savez, nous sommes depuis lannée dernière sous un nouveau régime du Traité de Lisbonne qui donne au Parlement européen le pouvoir de ratifier cet accord et donner lieu à un débat au sein du Parlement. Cela prendra quelques mois, mais lavantage est quil ny a plus lobligation de ratifier par tous les Etats membres de lUnion européenne. Donc, complication dun coté et simplification de lautre. Quant au délai pour voir cet accord ratifié, il dépend du calendrier du Parlement européen. Nous ne pouvons pas imposer à ce dernier son calendrier. Mais, jespère que dici la fin de lannée nous aurons ratifié cet accord et quil pourra être mis en uvre. Les autorités marocaines connaissaient ce délai et savaient que si nous ne finissions pas nos négociations avant lété, nous pourrions avoir des difficultés de ratifier lancien traité et dentrer, avec le nouveau Traité de Lisbonne, dans le nouveau processus de ratification qui va nous mener jusquà la fin de lannée. Je suis confiant que le Parlement européen va ratifier cet accord et que tel quil a été négocié, il entrera en vigueur, jespère, avant la fin de lannée 2010. - F. N. H. : Le Statut Avancé a plus dun an de vie. Concrètement, quest-ce qui a été fait dans le cadre du rapprochement entre le Maroc et lUE ? - E. L. : Laccord de lautomne de 2008 fixe un certain nombre dobjectifs pour faire du Maroc et de lUE des partenaires privilégiés avec lambition dun grand niveau de rapprochement. Cet un énorme chantier nécessite beaucoup de temps pour le réaliser et nous avons déjà commencé le travail dans cette voie. Dans le domaine du dialogue politique, nombre de réunions ont eu lieu à Bruxelles et il y a eu la participation du Maroc en Bosnie Herzégovine, ce qui a mené à un raffermissement et un approfondissement du dialogue politique. Le Maroc sest engagé à ratifier un certain nombre de conventions internationales des Droits de lHomme dans le cadre juridique du Conseil de lEurope. Et ça, cest une très bonne chose. Sur le plan économique, nous avons avancé dans laccord de services et nous avons conclu laccord commercial. Ce sont là des avancées réalisées. Et nous avons continué à mettre en place la coopération financière et économique. Ce quil nous faut aujourdhui cest un engagement clair et précis des autorités marocaines avec laccord des autorités européennes pour mettre en place un calendrier à travers un programme national de convergence de ce que le gouvernement marocain souhaiterait et avec quels délais en terme de rapprochement de nos législations, ce qui représente le point le plus essentiel. Le but est datteindre une réalité économique marocaine et européenne les plus proches possible, ce qui ouvre un chantier énorme de rapprochement de cette législation dans beaucoup de domaines. Nous ne voulons pas imposer un rythme aux autorités marocaines, car cest à elles de décider par où elles veulent commencer, ce quelles veulent faire et dans quel délai. Donc, jespère que le sommet que nous tiendront, début mars à Grenade permettra de donner cette impulsion pour que soit fixé dans un délai raisonnable ce calendrier dactions. - F. N. H. : LUE accorde une grande importance à lAccord de réadmission que le Maroc sest refusé à signer à ce jour. Est-ce que cela constitue une pomme de discorde entre les deux parties ? - E. L. : Nous sommes déçus que la réadmission ne soit pas encore signée. Il y a eu quelques problèmes techniques mais, à mes yeux, les obstacles ne sont pas insurmontables. Cest une question de volonté politique et jespère que nous allons trouver des solutions à cette question. Entre la réadmission et ce qui viendra après, je dis : signons la réadmission et ensuite nous ouvrirons un régime plus libéral de visas. Les négociateurs sont sur la table et jespère quon arrivera à débloquer la situation. - F. N. H. : Quelle place occupe la liberté dexpression dans le processus de rapprochement entre le Maroc et lUE ? - E. L. : La question plus générale du respect des Droits de lHomme forme un pilier du rapprochement entre le Maroc et lUnions européenne. Il y a une volonté de part et dautre, non seulement pour le Maroc mais pour lUnion européenne aussi daller vers une consolidation de la démocratie, vers un raffermissement des libertés fondamentales. Cest un élément essentiel car on ne sentendra bien que si lon partage les mêmes valeurs et les mêmes principes et la même vision de faire du Maroc et de lUnion Européenne une terre de liberté dexpression, liberté de mouvement Cest cela que nous voulons. Le Maroc doit faire son chemin, nous devons suivre le nôtre Ce thème de liberté dexpression est tout à fait important. - F. N. H. : Le Plan daction du Maroc arrive à échéance en 2010. Comment envisagez-vous le nouvel instrument de travail entre les deux partenaires ? - E. L. : Le nouveau Plan est en cours délaboration. Le Plan actuel se termine au mois de juin et nous sommes en train de négocier le prochain. Ce nouvel instrument devra contenir, ce qui ne figurait pas dans lactuel, tous les éléments liés à la mise en uvre du Statut Avancé. Il faut donc que lon transcrive dans ce document qui va nous engager durant les cinq prochaines années, un calendrier des domaines de progrès qui sont liés au Statut Avancé. Ce sera la grande nouveauté de ce futur Plan dAction du Maroc pour les cinq ans à venir. - F. N. H. : Daprès-vous, quel rôle peut jouer lUE pour accompagner le grand chantier de régionalisation lancé par le Maroc ? - E. L. : Cest un chantier qui doit être réalisé dans lexercice souverain du Maroc. Cest à lui de discuter et de prendre des décisions pour une régionalisation. Ce que nous avons à dire à nos amis marocains cest que nous avons une grande expérience en la matière. Moi, je viens dun pays, lEspagne où il y a eu une régionalisation très avancée il y a une trentaine dannées, qui a eu beaucoup de succès et qui a permis de résoudre beaucoup de problèmes économiques et politiques. Il y a évidemment dautres expériences en Allemagne, en Belgique, en Italie ou ailleurs Nous sommes donc disposés, si les autorités marocaines le veulent, à échanger des idées, des expériences bonnes et moins bonnes quil y a eu en Europe pour alimenter la réflexion qui a lieu aujourdhui au Maroc.