* A loccasion du Forum de Davos, le Président français, N. Sarkozy, avait proposé de changer la réglementation bancaire, les règles prudentielles et comptables tout en luttant contre la fraude fiscale. * Les graves difficultés financières que connaissent certains pays européens tels que la Grèce, lEspagne et le Portugal risquent dengendrer une nouvelle récession. * Le Forum avait conclu que si la croissance est repartie, elle est dopée par linjection des fonds publics. Doù la nécessité de ne pas renoncer trop vite aux mesures durgence exceptionnelles de ce soutien. * J. Kerdoudi, président de lIMRI, livre son point de vue. - Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte sest inscrite lorganisation annuelle du Forum de Davos ? - Jawad Kerdoudi : Le Forum de Davos a été fondé par Klauss Schwab en 1971 et réunit chaque année en Suisse près de 2.500 participants, dont des dirigeants de grandes entreprises, les représentants des gouvernements et de la société civile, ainsi que les responsables des universités et des médias internationaux. La quarantième session de ce Forum sest déroulée à Davos du 27 au 31 janvier 2010. - F. N. H. : Quelle a été la particularité de cette quatrième session du Forum qui sest achevée le 31 janvier et qui a coïncidé avec la sortie de crise, si on ose dire ? - J. K. : Le thème de cette quarantième session était : «Améliorer létat de la planète : repenser, remodeler, reconstruire», suite à la grave crise financière mondiale de 2008 et à la grande récession économique de 2009. - F. N. H. : Au cours du Forum de Davos, le Président français avait émis un certain nombre de recommandations qui vont de la modification des finances jusquà celle de la gouvernance mondiale. Peut-on savoir comment de telles propositions ont été accueillies par les responsables, chefs diplomatiques, banquiers présents au dit Forum ? - J. K. : En effet, le Président Nicolas Sarkozy avait prononcé le discours douverture de cette quarantième session. Après avoir expliqué les causes de la grave crise financière mondiale de 2008, il a émis un certain nombre de recommandations. Il a proposé de changer la réglementation bancaire, les règles prudentielles et comptables. Il a insisté sur la nécessité de réguler léconomie mondiale, en apportant des contrepoids aux marchés financiers, en assainissant les finances publiques et en luttant contre la fraude fiscale. Il a proposé de revoir le rôle des institutions financières internationales et a mis en exergue le rôle que doit jouer le G20 dans la gouvernance économique mondiale. Il a de même préconisé la mise en uvre de financements innovants pour les pays en voie de développement, tels que la taxation des transactions financières spéculatives. Pour lutter contre les atteintes à lenvironnement, il a proposé dinstaurer une taxe carbone aux frontières. De même quil a préconisé la nécessité de mettre fin au désordre monétaire, du fait de la politique de change pratiquée par certains pays, et envisagé de mettre à lordre du jour du G20 en 2011 la réforme du système monétaire international. Ces propositions ont fait lobjet de longues discussions pendant le Forum, mais aucune décision concrète na été prise. Tout au plus, il y a eu consensus sur la nécessité dune réforme bancaire à léchelle mondiale. - F. N. H. : En tant que président de lInstitut Marocain des Relations Internationales, quelle lecture faites-vous de ces recommandations ? - J. K. : Les propositions du Président Sarkozy sont innovantes et courageuses. Malheureusement, il sera très difficile de les mettre en uvre, car les intérêts sont très divergents entre les grandes puissances occidentales, les pays émergents et les pays en développement. Cependant, le fait de les énoncer est déjà une bonne chose. Avec le temps, certaines recommandations pourraient être concrétisées. - F. N. H. : La sortie de crise se veut désormais un thème dactualité. Quelle est linterprétation faite par le Forum de Davos sur ce point-là ? - J. K. : Le Forum de Davos a conclu que léconomie mondiale sest redressée, mais reste fragile, notamment au niveau de lemploi. Certains pays européens ont de graves difficultés financières tels que la Grèce, lEspagne et le Portugal, ce qui risque dentraîner une nouvelle récession. Le Forum a également conclu que si la croissance est repartie, elle est due en grande partie au soutien à lactivité par des fonds publics. Doù la nécessité de ne pas renoncer trop vite aux mesures exceptionnelles de ce soutien. - F. N. H. : Quelles ont été les principales conclusions de ce Forum ? - J. K. : Le rôle du Forum économique de Davos nest pas de parvenir à des décisions contraignantes engageant les Etats participants. Il a pour but essentiel la rencontre et léchange didées entre les grands décideurs de la planète. Les deux principales conclusions de ce Forum sont le consensus obtenu sur le besoin dune réglementation bancaire cohérente, et le constat que léconomie mondiale sest redressée, mais reste extrêmement fragile.