La quarantième session du Forum économique mondial de Davos s'est achevée le 31 Janvier 2010. Rappelons que ce Forum qui a été fondé par Klaus Schwab en 1971, réunit chaque année en Suisse près de 2.500 participants, dont des dirigeants de grandes entreprises, des représentants des gouvernements et de la société civile, ainsi que des responsables des universités et des médias internationaux. Le thème de cette quarantième session était «Améliorer l'état de la planète : repenser, remodeler, reconstruire». Ceci après la grave crise financière mondiale de 2.008 et la grande récession économique de 2009. C'est le Président Nicolas Sarkozy qui a ouvert cette quarantième session par un discours fondateur expliquant les raisons de la crise, et faisant des propositions concrètes pour en sortir durablement. Pour le Président français, la cause principale de la crise financière de 2008, est due au déséquilibre de l'économie mondiale, ayant entrainé un déséquilibre de la finance globale. Ceci étant dû à la déréglementation de la finance, qui a provoqué une grande instabilité des marchés financiers. Nicolas Sarkozy a également expliqué la crise par l'effet de levier exagéré, le développement de la spéculation, et la recherche effrénée du profit maximum à court terme. D'autres éléments ont joué, tels que la valorisation des actifs au prix du marché, et la mutualisation des risques ayant entrainé la dilution de la responsabilité. Les banques ont été particulièrement visées par le Président français, qui leur a reproché d'avoir spéculé pour leur propre compte, et d'avoir prêté de l'argent à des emprunteurs insolvables, en sortant le risque de leur bilan. Il a ajouté que le capitalisme a été dénaturé par la perte de ses valeurs et de ses repères. Pour parer à cette situation, le Président français propose de changer la réglementation bancaire, les règles prudentielles, et les règles comptables. Il faut modifier la gouvernance mondiale, réguler l'économie, apporter des contrepoids aux marchés, assainir les finances publiques, et lutter contre la fraude fiscale. Le rôle des institutions internationales doit être revu pour remettre l'économie au service de l'homme. Nicolas Sarkozy insiste sur le rôle que doit jouer le G20 dans la gouvernance mondiale au XXIe siècle, en imposant des règles communes pour assurer leur efficacité. Il met en exergue l'aide à apporter aux pays en développement, par la mise en œuvre de financements innovants, tels que la taxation des transactions financières spéculatives et les profits exorbitants de la finance. Il préconise l'instauration d'une taxe carbone aux frontières pour lutter contre le dumping environnemental. Tout en soutenant le plan de réforme bancaire du Président Obama, il propose de mettre fin au désordre monétaire qui entraine l'instabilité des changes, le commerce non équitable, et la concurrence déloyale. Enfin, il propose de mettre à l'ordre du jour du G8 et du G20 qui doivent se réunir en France en 2011, la réforme du système monétaire international, estimant que dans un monde multipolaire, il ne peut y avoir une seule monnaie de référence. Les propositions du Président français ont fait l'objet de larges discussions pendant le Forum économique mondial de Davos. Si au départ, les banquiers privés ont protesté contre une réglementation trop stricte de leurs institutions, ils ont convenu par la suite de la nécessité d'inventer de nouvelles réglementations bancaires qui soient cohérentes au plan mondial. Ils ont avancé quelque peu sur les questions des capitaux bancaires et du cadre juridique d'un renforcement de la régulation. Par contre, l'accord n'a pas été conclu à Davos sur la question d'un prélèvement proposé par le FMI, sous forme d'assurance au plan mondial qui paierait pour les éventuelles futures crises. De même, le consensus n'a pas été trouvé pour la création d'une agence centrale, qui serait chargée de gérer les faillites bancaires, en constituant un contingent de capitaux, qui éviterait que les grandes institutions financières ne courent le risque de la banqueroute. Le Forum économique mondial de Davos s'est également penché sur les perspectives de reprise de l'économie mondiale. Il a conclu que si l'économie mondiale s'est redressée, elle reste extrêmement fragile, notamment au niveau de l'emploi où le taux de chômage en Europe et aux Etats-Unis s'élève encore à 10 % de la population active. En Europe, le déficit public de la Grèce qui a atteint 12 % du PIB en 2009, suscite des craintes pour ce pays et pour toute la zone euro. Pour éviter une catastrophe, il a été préconisé davantage de solidarité dans la zone euro, et d'austérité dans les pays concernés par un déficit budgétaire élevé. Le gouvernement Grec s'est d'ailleurs engagé à ramener le déficit public à 8,7 % du PIB en 2010, et à 3 % en 2012. Le Forum a également conclu que si la croissance est repartie, elle reste fragile, car une grande partie des économies est toujours soutenue par des fonds publics. D'où la nécessité de ne pas renoncer trop vite aux mesures exceptionnelles de soutien à l'activité. En conclusion, le rôle du Forum économique de Davos n'est pas de parvenir à des décisions contraignantes engageant les Etats participants. Il a pour but essentiel la rencontre et l'échange d'idées entres les grands décideurs de la planète. Les deux principales conclusions de ce forum sont le consensus obtenu sur le besoin d'une réglementation bancaire cohérente, et le constat que l'économie mondiale s'est redressée, mais reste extrêmement fragile.