* Des droits et taxes sont imposés à limportation de plusieurs produits pharmaceutiques. La production locale est impactée par le coût des intrants et du matériel qui ne sont pas totalement exonérés. * A linstar de la farine et du sucre qui sont subventionnés, des associations militent pour que le médicament bénéficie du même traitement. La question de la cherté des médicaments au Maroc a soulevé un véritable tollé suite à la publication dun rapport dune commission parlementaire mettant en cause les laboratoires marocains, qui pratiquent une marge jugée excessive, comparativement à dautres pays similaires, notamment la Tunisie. Mais une analyse du prix de vente public au Maroc (PPM) fait ressortir quune bonne partie des médicaments est plombée par des taxes ou droits de douane, surtout les produits importés. Selon plusieurs spécialistes, le surcoût fiscal peut atteindre 40%, et cela pour des médicaments nécessaires à des maladies chroniques et des traitements coûteux comme le cancer, la cirrhose du foie, les maladies cardiovasculaires ou autres. Malgré lintroduction de lAMO, près de 75% des Marocains nont pas de couverture médicale. La faiblesse du pouvoir dachat dissuade plusieurs malades à acheter leurs médicaments ou à suivre leur traitement dans de bonnes conditions. Loption des génériques comme solution alternative nest pas aussi simple quon le pense. Plusieurs médecins contactés à ce sujet ont souligné que «certaines pathologies nécessitent un traitement de dernière génération. Des produits innovants présentant un niveau defficacité élevé et avec le moins deffets secondaires, mais qui ont par ailleurs un prix coûteux». Outre les produits importés, le poids fiscal dans le coût des médicaments se pose également dans les produits fabriqués localement. «Pratiquement tous les intrants, le matériel et les machines de production sont importés et taxés de ce fait de droits de douane», souligne-t-on auprès de lAssociation marocaine de lindustrie pharmaceutique (AMIP). Les professionnels déplorent que leur branche dactivité ne reçoive aucune forme de subvention, que ce soit à limportation des produits ou à la production, alors que dans dautres pays lindustrie et le commerce des médicaments sont des secteurs fortement soutenus. Ce constat a poussé depuis des années plusieurs associations à demander aux autorités, notamment le ministère de la Santé, dintervenir pour instaurer un système plus équitable prenant en considération létat défavorisé de la plupart des malades marocains. «Le médicament est lui aussi un produit de première nécessité comme le sucre, la farine ou les hydrocarbures qui sont subventionnés par lEtat. Nous demandons quil soit également soutenu ou du moins détaxé», a souligné Ahmed Khlfi, membre dune association de soutien des malades cancéreux basée à Casablanca. Lavis des fiscalistes convergent dans ce sens. «Il ne faut pas oublier que le rôle de limpôt nest pas uniquement dordre budgétaire ou économique, mais aussi social», a souligné Youssef Oubouali, professeur de droit fiscal. Il a précisé que « la santé publique est aussi une richesse nationale quil faut préserver. LEtat a beaucoup à gagner en exonérant les médicaments, surtout pour le traitement des maladies chroniques».