Grand producteur de la canne à sucre, le Brésil a décidé de consacrer davantage sa production à la fabrication de l'éthanol plutôt qu'au sucre. D'où une vague des hausse sur les cours mondiaux qui n'épargne aucun pays y compris le Maroc. A désormais 4 200 dirhams la tonne dans les cours mondiaux contre 3 300 l'année dernière, le sucre brut est en train de suivre le pétrole dans son ascension vers les sommets. Les deux hausses sont liées, expliquent les experts. En effet, c'est à la suite de la décision récente du Brésil, d'orienter une grande partie de sa production de canne à sucre, vers la fabrication d'éthanol, utilisé avec l'essence comme énergie alternative à la place du diesel, que les cours du sucre ont commencé à flamber. En début de semaine, la tonne de brut se négociait à 4 200 dirhams, se rapprochant encore des 4 700 dirhams, prix de la tonne de sucre raffiné, à la sortie de l'usine. Sachant que les 500 dirhams doivent payer le fret, les frais portuaires dont la mise à quai, les intrants, les salaires et les coûts de production, la marge est négative. Cette contraction des marges n'est pas sans conséquences sur le Maroc, importateur de 500 000 tonnes de sucre brut par an. La réglementation du prix, encore en vigueur, ne permet pas à la Cosumar de répercuter la hausse du brut sur le marché. Saisi par les producteurs, le gouvernement hésite entre deux solutions : la baisse des droits de douane ou, à défaut, l'augmentation de la subvention, pour permettre aux sucriers de conserver leurs marges, sachant que les droits de douane atteignent 35%. Selon un rapport de la BMCE Capital, dans les scénarios à envisager dans les jours à venir, figure la révision à la hausse du niveau de contribution budgétaire pour le financement de la subvention du prix à la consommation du sucre au niveau local. En 2006, environ 1,9 milliard DH sont affectés à ce poste de régulation du sucre. La Cosumar bénéficie d'une subvention de 2 000 dirhams par tonne de sucre raffiné L'autre solution, à savoir suspendre les droits de douane à l'importation sur ce produit, recueillerait plus d'adhésions. Pour leur part, les industriels ne restitueront plus l'argent de la subvention. Pour un grand biscuitier de la place, cette décision lui permet d'économiser 18 millions de dirhams par an. Et ce n'est pas tout. Dans une seconde étape, l'Etat s'attaquera aux intrants. Une liste de 100 produits, allant du cacao à la farine, est concernée. Les droits de douane sur ces intrants seront fortement allégés, apprend-on d'une source proche du dossier. En tout cas, aujourd'hui, avec cette hausse, c'est tout le système de subvention, vieux de 18 ans, qui est en difficulté. Autre problème qui n'est pas pour calmer le marché du sucre, la décision prise par l'Europe (sous la pression de l'OMC) de ne plus exporter du sucre brut subventionné.