Le ministre de lEconomie et des Finances, Salahedine Mezouar, a visiblement bien réussi son coup. En publiant létude Mc Kinsey relative au secteur de limmobilier au Maroc alors même que le projet de Loi de Finances 2010 est toujours en discussion, il freine lardeur de certains lobbies qui avaient encore en tête de demander des mesures fiscales incitatives. De toute létude, seul un chiffre semble avoir fait mouche, suscitant lintérêt de la presse et de léquipe de Mezouar certainement(sic!), mais surtout lire des promoteurs immobiliers : il sagit des marges bénéficiaires de 40 à 100% réalisées justement par lesdits promoteurs dans le haut standing. Enorme ! Fallait-il révéler ce chiffre ? De toute évidence, les promoteurs sen seraient manifestement bien passé, au regard notamment de la réaction virulente quils ont eue à légard de la presse. Laquelle na pourtant repris que des chiffres rendus publics. A lheure actuelle, cest évidemment Mezouar qui doit être content. Il a un argument de taille à faire valoir face à ceux qui ont encore des velléités à «quémander» des dérogations ou avantages fiscaux. Un argument convaincant, à plus dun titre, auquel les promoteurs, par la voix de leur Fédération, opposeront sûrement le rôle du secteur dans le développement socio-économique du pays. Mais largentier du Royaume connaît très bien ce discours. Il est toujours servi par ceux qui ont tout et qui veulent toujours plus et ceux qui ont peu mais qui veulent tout. Aussi, faut-il dès lors sattendre, après le secteur immobilier, que Mezouar sattaque aux professions libérales. Tout cela dans loptique de réduire les dépenses fiscales. Tenez-vous donc prêts ! Sur un tout autre registre, létude que vient de publier le HCP et relative au secteur informel est intéressante à plus dun titre. Deux chiffres minterpellent : les unités du secteur informel ont réalisé un chiffre daffaires de 279,9 milliards de DH en 2007, tandis que de 1999 à 2007, il sest créé 40.000 unités par an. Le Fisc sarrache certainement les cheveux à la lecture de ces statistiques. Avec un volume daffaires pareil et toutes ces unités qui se créent annuellement, cest peu de dire que le secteur informel marche comme sur des roulettes, contribuant à hauteur de 14,3% au PIB en 2007. Cest pourquoi lEtat veut lintégrer dans le circuit formel. Gros défi. Qui va être difficile à surmonter. Cest comme dire à tous ces chefs dunités qui opèrent dans linformel «abandonnez vos modes de gestion traditionnelle (assez simplistes) et frottez-vous au Fisc et aux rouages administratifs» ! Avec les impôts et les paperasses administratives, il y a évidemment de quoi dissuader plus dun.