l La place casablancaise est en pleine mutation et les réformes du CDVM devraient permettre au Maroc de disposer dun marché financier avec un meilleur contrôle devant assurer les intérêts des différents opérateurs. Hassan Boulaknadal, Directeur général du CDVM, nous livre ses impressions sur les principales nouveautés qui font lactualité du gendarme de la Bourse. - Finances News Hebdo : Le CDVM vient dapporter dimportants changements à son organisation. Quelles en sont les motivations et quels avantages en attendez-vous? - Hassan Boulaknadal : La nouvelle organisation a pour originalité dêtre composée de six directions dont trois orientées «métiers» et trois autres «supports». Les directions «métiers» se chargent du suivi, du contrôle et de lencadrement des opérateurs. Elles sont en contact permanent avec les professionnels. Les directions «supports», pour leur part, devraient apporter les ressources et lexpertise nécessaires à lensemble du CDVM. Cette nouvelle organisation est destinée à insuffler un nouveau dynamisme et sinscrit dans lobjectif dune meilleure articulation entre les missions dévolues au CDVM avec les exigences actuelles et à moyen terme. - F. N. H. : Depuis le début de lannée, les circulaires se sont multipliées. Peut-on dire quil sagit là dun moyen pour le gendarme de la Bourse de renforcer son contrôle sur la place casablancaise ? - H. B. : La crise qui a secoué les places financières à travers le monde a mis sous les projecteurs les effets néfastes de la carence de la régulation. Chacun (émetteurs, épargnants, .) demande plus de présence et de réactivité de la part des organismes en charge de la supervision des marchés. Disposer dun arsenal juridique et réglementaire performant et de produits mieux maîtrisés et standardisés, renforce la sécurité du marché que le CDVM a pour mission de garantir. Conscient des sauts qualitatifs à insuffler à certaines activités, le CDVM a demblée adopté la posture de grande rigueur que justifie la nécessité de rétablir la confiance. Par ailleurs, et jinsiste sur ce volet, notre démarche en matière de réglementation est on ne peut plus claire et intègre les professionnels en amont et en aval de tout le processus. Il est important pour nous de prendre en compte la réalité des conditions du marché afin déviter denfermer les acteurs dans un environnement qui entrave linnovation et la compétition. Ce qui finira par porter préjudice aux intérêts de tout le monde. En plus de cette mission de régulation proprement dite, le CDVM sest fixé comme autre mission de fédérer, avec lensemble de ses partenaires, les actions de pédagogie à destination du grand public et acteurs actifs de notre marché financier. - F. N. H. : Lautre projet qui suscite lintérêt de la place financière est celui de la mutation du CDVM en autorité du marché. Pour quand prévoyez-vous ce changement de statut et quel pourrait en être lapport pour la place ? - H. B. : Tout le monde saccorde aujourdhui pour opérer une distinction je dirai fondamentale entre une autorité des marchés financiers autonome, indépendante et un organisme sous tutelle. Au-delà du cadre réglementaire, cest tout un état desprit qui fait la différence. Ajoutons que lindépendance, qui devrait être la qualité de tout régulateur performant, nest pas facile à caractériser. Elle se définit en réalité par rapport à la mission suprême de protection de lépargne publique et, par voie de conséquence, par un dispositif efficace et opérationnel de prévention, de gestion notamment par la transparence des conflits dintérêts Bref, lindépendance du CDVM est la consécration de sa maturité. Elle lui permettra daccomplir ses missions dans les meilleures conditions. - F. N. H. : Certains observateurs déplorent le manque dinformations quant aux décisions prises suite au traitement par le CDVM de certaines affaires qui ont alimenté lactualité de la Bourse. Cest le cas notamment de laffaire GSI ou encore de la Samir (absence de profit warning). Quel commentaire pouvez-vous nous faire à ce sujet et où en sont ces deux dossiers ? - H. B. : Comme je viens de le souligner, le CDVM veille à la protection de lépargne investie dans les instruments financiers ainsi que toute personne intervenant sur ces marchés. Afin de réaliser cet objectif, fondamental, le CDVM se dote des moyens nécessaires ainsi que dun pouvoir denquête et de contrôle. Par ailleurs, nous sommes tenus au secret professionnel et au respect de la présomption dinnocence. Il y va non seulement du droit des personnes, mais aussi de la protection de lintégrité du marché dans sa globalité. Cest pour cette raison que les autorités des marchés financiers, à travers le monde, gardent toute discrétion sur les enquêtes en cours afin, dune part, de ne pas entraver ses investigations (qui prennent du temps) et, dautre part de ne pas affecter la réputation des acteurs par des soupçons qui peuvent savérer, après enquête, injustifiés. Cest pour cette raison que notre communication sur ce volet sera marquée par la prudence requise et tiendra compte des particularités de chaque dossier. - F. N. H. : Vous avez conclu dernièrement un partenariat avec l'autorité des marchés financiers d'Egypte. Quels sont les termes de ce partenariat et dans quelle mesure cela peut-il être bénéfique pour le Maroc ? Dautres partenariats dans le même sens sont-ils envisageables ? - H. B. : Membre actif de lOrganisation Internationale des Commissions des Valeurs (OICV) et de lInstitut Francophone de la Régulation Financière (IFREFI), le CDVM participe à de nombreuses initiatives régionales et internationales en faveur dune meilleure régulation des marchés financiers et renforce, par là-même, son efficacité. Ce rôle prend aujourdhui toute son ampleur dans un contexte mondial agité et de plus en plus globalisé. Ce qui implique, de facto, un ancrage à la communauté financière internationale avec des standards internationaux précis et cohérents. Laccord avec lEgypte reflète cette vocation. Il sagit là dune concrétisation de la volonté des deux régulateurs de travailler en étroite collaboration sur des sujets dintérêt commun. - F. N. H. : Lun des chantiers majeurs sur lesquels travaille le CDVM est la mise en place du marché à terme. Où en est le projet aujourdhui et quel sera le rôle du CDVM dans la mise en place de ce nouveau marché ? - H. B. : Le marché à terme constitue pour notre place financière un bond en avant très important. Le projet, qui a été longuement débattu au niveau de la place, est en passe de devenir une réalité. Nous nous réjouissons de la mobilisation de toutes les parties prenantes, qui ne lésinent pas sur les moyens pour concrétiser ce projet. A linstar du marché au comptant, le CDVM jouera, au coté de Bank Al-Maghrib, le rôle de régulateur à travers lencadrement des opérations et des professionnels.