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Plasturgie : Un manque à gagner de 2 Mds de DH par an
Publié dans Finances news le 12 - 06 - 2009

* Le ministère de l’Industrie n’arrive pas à imposer des normes obligatoires, et c’est ainsi qu’avec tous les accords de libre-échange, on voit débarquer sur le territoire des produits bas de gamme.
* L’informel tire l’industrie de la plasturgie vers le bas.
* Le plan Maroc vert, la Vision 2010, le programme Emergence… autant de chantiers qui militent en faveur d’une expansion du plastique, ce matériau de plus en plus utilisé industriellement.
L e Salon de la plasturgie a fermé ses portes vendredi dernier. Ce salon était un moment, pour les opérateurs venus nombreux des quatre coins du monde, de dévoiler ensemble les opportunités à saisir dans un contexte hostile. Une hostilité qui, pourtant, ne les a pas empêchés d’être ambitieux tout en assurant que le secteur de la plasturgie n’avait pas été impacté outre mesure par la crise internationale. En témoigne le taux de croissance affiché.
Et pour cause : la plasturgie est une industrie qui touche plusieurs secteurs à la fois. Le premier est, certes, l’emballage. On peut citer aussi les chantiers, l’automobile, le médical... Comme l’a souligné un haut responsable de l’association italienne Assocomaplat : «Il y a certains secteurs qui ont été touchés par la crise et qui ont impacté la plasturgie, mais il ne faut pas oublier que d’autres, par contre, ont connu une forte expansion tels que l’emballage alimentaire». Il ajoute : «Je peux même dire que l’avantage dont jouit l’industrie de la plasturgie, c’est que lorsqu’un secteur bascule, il y a nécessairement un autre qui se porte bien». Ceci étant, dans l’ensemble, le secteur de la plasturgie se porte bien et n’a pas été impacté outre mesure par la crise financière.
Les opérateurs sont également unanimes à dire que comparativement aux autres matières telles que le bois, l’aluminium, le verre…, le plastique est un matériau qui n’a pas plus de cinq ans dans l’utilisation industirelle. C’est un matériau jeune dont la tendance est vouée à la croissance. Donc, tout cela ne fait que profiter à un secteur en pleine expansion.
Des écueils à éviter
Des chiffres clés sur la plasturgie au Maroc dévoilent que le nombre d’entreprises opérant dans le secteur est de 500 unités et que la consommation par an et par habitant est de 17 kg. La transformation équivaut à 450 000 tonnes. Elle génère un chiffre d’affaires de 6,6 milliards de DH en dehors du marché de l’informel qui est très important. Les emplois créés dans l’industrie de la plasturgie s’élèvent à 25.000 postes directs et 10.000 autres indirects. Des chiffres qui restent relativement modestes par rapport à d’autres pays à niveau de développement comparable et dont la consommation annuelle par habitant dépasse les 20 kg.
Autre indicateur important, l’augmentation de 60% des importations de matières premières plastiques et ce depuis 2001.
Les avantages dont jouit l’industrie de la plasturgie au Maroc sont surtout la main-d’œuvre disponible, la formation professionnelle dans le secteur, les accords de libre-échange avec l’UE, les Etats-Unis, la Turquie et celui d’Agadir. Des accords qui, certainement, boosteraient les échanges respectifs entre les pays. Aussi, la suppression des droits de douane sur les matières premières allège-t-elle la trésorerie des entreprises. Ces avantages montrent que le secteur présente un potentiel grandissant, mais cela n’empêche que l’industrie de la plasturgie souffre encore de sérieux handicaps. Le plus important est celui de l’informel qui constitue un vrai manque à gagner pour le secteur. D’après le président de l’Association marocaine de plasturgie (AMP), Mamoun Marrakchi, le marché de l’informel s’alimente des déchets des produits plastiques qui sont récoltés dans les décharges publiques, ce qui représente pratiquement 2 milliards de DH annuellement. «Cette industrie informelle tire vers le bas celle formelle parce qu’elle limite considérablement le marché», confirme le président de l’AMP. Autre handicap de taille cité par le président de l’AMP: l’ouverture des frontières qui ne s’est pas accompagnée d’une normalisation et qu’il a qualifiée d’ouverture sauvage. Il pointe du doigt le cadre marocain qui n’autorise pas des normes d’application obligatoires comme c’est le cas des Européens. Ces derniers créent des normes obligatoires, ce qui fait qu’aujourd’hui il est impossible d’exporter vers l’Europe des produits qui ne sont pas fabriqués à partir de matières premières européennes.
Ici, au Maroc, le ministère de l’Industrie n’arrive pas à imposer des normes obligatoires. Aussi, avec tous ces accords de libre-échange voit-on débarquer sur notre territoire des produits bas de gamme. Dans un contexte pareil, le seul moyen pour se battre c’est de faire usage des déchets et des bas salaires. Un centre technique est désormais créé par le ministère de tutelle pour faire face à ce type de concurrence. Mais les choses continuent à traîner.
Aussi, il est de l’intérêt de l’industrie de la plasturgie de juguler le marché de l’informel en arrêtant l’approvisionnement en déchets de matières plastiques récupérés dans les décharges publiques.
En dépit de ces handicaps, la plasturgie au Maroc présente des perspectives importantes. On peut citer, en premier, le vaste programme du Plan vert. Il y a aussi l’assainissement qui présente d’énormes potentialités à travers le développement de l’adduction d’eau potable ( pour les tubes et les tuyaux), le tourisme qui vise 15 millions de touristes à l’horizon 2015 et une forte délocalisation de transformation plastique vers le Maroc en particulier dans l’automobile, l’emballage industriel et les pièces techniques. D’ailleurs à elle seule, la sous-traitance de la production des composants plastiques de la Dacia Logan au Maroc (chez Ifriquia Plastic) est une preuve tangible que l’industrie de la plasturgie peut séduire les grandes firmes internationales et qu’elle a des chances d’être intégrée à l’économie mondiale.


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