* Le ministère de lIndustrie narrive pas à imposer des normes obligatoires, et cest ainsi quavec tous les accords de libre-échange, on voit débarquer sur le territoire des produits bas de gamme. * Linformel tire lindustrie de la plasturgie vers le bas. * Le plan Maroc vert, la Vision 2010, le programme Emergence autant de chantiers qui militent en faveur dune expansion du plastique, ce matériau de plus en plus utilisé industriellement. L e Salon de la plasturgie a fermé ses portes vendredi dernier. Ce salon était un moment, pour les opérateurs venus nombreux des quatre coins du monde, de dévoiler ensemble les opportunités à saisir dans un contexte hostile. Une hostilité qui, pourtant, ne les a pas empêchés dêtre ambitieux tout en assurant que le secteur de la plasturgie navait pas été impacté outre mesure par la crise internationale. En témoigne le taux de croissance affiché. Et pour cause : la plasturgie est une industrie qui touche plusieurs secteurs à la fois. Le premier est, certes, lemballage. On peut citer aussi les chantiers, lautomobile, le médical... Comme la souligné un haut responsable de lassociation italienne Assocomaplat : «Il y a certains secteurs qui ont été touchés par la crise et qui ont impacté la plasturgie, mais il ne faut pas oublier que dautres, par contre, ont connu une forte expansion tels que lemballage alimentaire». Il ajoute : «Je peux même dire que lavantage dont jouit lindustrie de la plasturgie, cest que lorsquun secteur bascule, il y a nécessairement un autre qui se porte bien». Ceci étant, dans lensemble, le secteur de la plasturgie se porte bien et na pas été impacté outre mesure par la crise financière. Les opérateurs sont également unanimes à dire que comparativement aux autres matières telles que le bois, laluminium, le verre , le plastique est un matériau qui na pas plus de cinq ans dans lutilisation industirelle. Cest un matériau jeune dont la tendance est vouée à la croissance. Donc, tout cela ne fait que profiter à un secteur en pleine expansion. Des écueils à éviter Des chiffres clés sur la plasturgie au Maroc dévoilent que le nombre dentreprises opérant dans le secteur est de 500 unités et que la consommation par an et par habitant est de 17 kg. La transformation équivaut à 450 000 tonnes. Elle génère un chiffre daffaires de 6,6 milliards de DH en dehors du marché de linformel qui est très important. Les emplois créés dans lindustrie de la plasturgie sélèvent à 25.000 postes directs et 10.000 autres indirects. Des chiffres qui restent relativement modestes par rapport à dautres pays à niveau de développement comparable et dont la consommation annuelle par habitant dépasse les 20 kg. Autre indicateur important, laugmentation de 60% des importations de matières premières plastiques et ce depuis 2001. Les avantages dont jouit lindustrie de la plasturgie au Maroc sont surtout la main-duvre disponible, la formation professionnelle dans le secteur, les accords de libre-échange avec lUE, les Etats-Unis, la Turquie et celui dAgadir. Des accords qui, certainement, boosteraient les échanges respectifs entre les pays. Aussi, la suppression des droits de douane sur les matières premières allège-t-elle la trésorerie des entreprises. Ces avantages montrent que le secteur présente un potentiel grandissant, mais cela nempêche que lindustrie de la plasturgie souffre encore de sérieux handicaps. Le plus important est celui de linformel qui constitue un vrai manque à gagner pour le secteur. Daprès le président de lAssociation marocaine de plasturgie (AMP), Mamoun Marrakchi, le marché de linformel salimente des déchets des produits plastiques qui sont récoltés dans les décharges publiques, ce qui représente pratiquement 2 milliards de DH annuellement. «Cette industrie informelle tire vers le bas celle formelle parce quelle limite considérablement le marché», confirme le président de lAMP. Autre handicap de taille cité par le président de lAMP: louverture des frontières qui ne sest pas accompagnée dune normalisation et quil a qualifiée douverture sauvage. Il pointe du doigt le cadre marocain qui nautorise pas des normes dapplication obligatoires comme cest le cas des Européens. Ces derniers créent des normes obligatoires, ce qui fait quaujourdhui il est impossible dexporter vers lEurope des produits qui ne sont pas fabriqués à partir de matières premières européennes. Ici, au Maroc, le ministère de lIndustrie narrive pas à imposer des normes obligatoires. Aussi, avec tous ces accords de libre-échange voit-on débarquer sur notre territoire des produits bas de gamme. Dans un contexte pareil, le seul moyen pour se battre cest de faire usage des déchets et des bas salaires. Un centre technique est désormais créé par le ministère de tutelle pour faire face à ce type de concurrence. Mais les choses continuent à traîner. Aussi, il est de lintérêt de lindustrie de la plasturgie de juguler le marché de linformel en arrêtant lapprovisionnement en déchets de matières plastiques récupérés dans les décharges publiques. En dépit de ces handicaps, la plasturgie au Maroc présente des perspectives importantes. On peut citer, en premier, le vaste programme du Plan vert. Il y a aussi lassainissement qui présente dénormes potentialités à travers le développement de ladduction deau potable ( pour les tubes et les tuyaux), le tourisme qui vise 15 millions de touristes à lhorizon 2015 et une forte délocalisation de transformation plastique vers le Maroc en particulier dans lautomobile, lemballage industriel et les pièces techniques. Dailleurs à elle seule, la sous-traitance de la production des composants plastiques de la Dacia Logan au Maroc (chez Ifriquia Plastic) est une preuve tangible que lindustrie de la plasturgie peut séduire les grandes firmes internationales et quelle a des chances dêtre intégrée à léconomie mondiale.