* Près de 400.000 bénéficiaires ont jusquà présent accédé aux programmes financés par la Commission européenne. 14.000 clients ont été insérés dans deux projets relatifs à la microfinance. * Dans cet enretien, Mohamed Maarouf, Directeur de Planet Finance Maroc, semble serein quant à la levée de tous les obstacles qui se dressent devant une meilleure pénétration en milieu rural. - Finances News Hebdo : Après la publication du bilan des projets financés par la Commission européenne, quelles sont vos impressions sur cette première phase ? - Mohamed Maarouf : En effet, nous avons dressé, la semaine dernière, le bilan de deux importants projets cofinancés par la Commission européenne. Il sagit des projets «Insertion des jeunes en situation précaire» et «Microfinance en milieu rural». Concernant le premier projet, nous avons pu avec nos partenaires les associations LHeure Joyeuse à Casablanca et Darna à Tanger, mettre en place un concept de COIP (cellule dorientation et dinsertion professionnelle) permettant linsertion sociale et professionnelle des jeunes en situation précaire par lemployabilité ou lentrepreneuriat. La valeur ajoutée de ce concept cest de démontrer que les maillons de la chaîne dinsertion des jeunes existent, mais ils ne sont pas forcément mis ensemble dans un seul processus. La valeur ajoutée de notre concept cest de travailler dabord sur la personnalité des jeunes, à travers des formations sur les life skills et le coaching, pour les positiver et renforcer leur citoyenneté ; ce qui est pour nous létape la plus importante du processus. Ensuite, limplication des entreprises en amont et en aval du processus avec lhypothèse quil y a bien des besoins de recrutement de certains secteurs dactivités qui ne trouvent pas doffre adéquate. Hypothèse à laquelle notre projet peut apporter des réponses idoines. Enfin, le processus daccompagnement pour la création dactivités génératrices de revenus, notamment à travers limplication des institutions de microfinance pour le financement. Aujourdhui, ce concept est en phase dadaptation pour dautres populations vivant en situation précaire, telles que les jeunes filles, les mères célibataires ou les jeunes ayant purgé des peines demprisonnement. Quant au deuxième projet, avec nos sept partenaires Ardi, Al karama, Amssf, Atil, lassociation Ismailia, Amos et Inma, notre objectif était délargir la portée de loffre de microfinance dans le monde rural. A cet effet, nous avons pu ouvrir et équiper 21 nouvelles antennes, recruté et formé plus de 70 agents de terrain pour servir plus de 14.00 bénéficiaires en milieu rural. Après avoir réalisé ces objectifs qualitatifs, nous pensons quil est primordial de sattaquer à la typologie des produits offerts et aux modalités de distribution pour quils correspondent plus aux besoins et contraintes des activités rurales. - F.N.H. : La microfinance en milieu rural bute sur plusieurs obstacles. Avez-vous pensé à des solutions pratiques à court terme ? - M. M. : Nous avons, en effet, pendant cette première phase, détecté les contraintes spécifiques aux activités rurales, notamment celles liées à lenvironnement telles que les modalités de distribution pour les zones enclavées, la sécurité des fonds, et celles liées aux activités telles que la maîtrise des risques climatiques et épidémiologiques, les problèmes de rendement, les cycles de production et les problèmes de commercialisation. Il faut signaler que ces questions sont dactualité dans le monde de la microfinance, partout et non seulement au Maroc. Nous espérons attaquer ces questions au cours de la deuxième phase du projet et nous voulons, à ce titre, souligner deux questions importantes : limportance de la mise en place dun dispositif de micro-assurance rurale basé sur un mix entre un système indiciel et traditionnel, lui même basé sur le constat des dégâts, libérera les IMF pour innover et travailler en toute sérénité dans le monde rural. Dautres part, les micro-entrepreneurs dans le monde rural nont pas besoin que de produits financiers, mais souffrent aussi de beaucoup de problèmes de rendement des activités et de commercialisation pour lesquels ils ont besoin dassistance technique. A cet effet, il faut prévoir des synergies avec les autres acteurs techniques spécialisés pour apporter une offre intégrée aux bénéficiaires dans le monde rural. - F.N.H. : Louverture des antennes de crédit en milieu rural résoudra-t-elle le problème de la proximité souhaitée auprès de la population-cible ? - M. M. : Oui, mais en partie. En effet, sur 5,3 millions de pauvres au Maroc, 3,5 millions résident en milieu rural (dans 360 communes rurales) et sur le 1.300.000 bénéficiaires servis par le secteur de la microfinance au Maroc, seuls 400.000 sont dans le monde rural, soit 29,98% de lensemble des clients des AMC. Mais ce chiffre représente seulement 11% de la population rurale pauvre au Maroc. Donc, un élargissement de la portée de la microfinance en milieu rural par louverture de nouvelles antennes, est nécessaire. Mais pas suffisant, car il faut quil saccompagne dadaptation et denrichissement de loffre, de la mise en place de dispositifs permettant linflation de loffre et le surendettement appropriés pour servir les zones enclavées.