* Malgré lexistence de lois pour préserver lenvironnement, leur application laisse à désirer. * Lobjectif du pays, à lhorizon 2012, est datteindre une puissance électrique installée denviron 200 MW par biométhanisation des déchets ménagers, des eaux usées et des déchets des exploitations délevage. Le Maroc connaît une croissance économique notoire ces dernières années qui est accompagnée également par une poussée démographique et urbanistique confirmée. Cet essor fort louable a engendré des dégâts collatéraux sur lenvironnement. Le pays, à linstar des autres Etats émergents, aspire à assurer un développement durable. Il est question de préserver les ressources et dassurer un cadre écologique agréable. Pour ce faire, le pays sest doté dun arsenal juridique et dun ensemble de mesures pour lutter contre la dégradation de lenvironnement. Le rapport lancé en 2001 a tiré la sonnette dalarme, le Plan daction national de lenvironnement (PANE), lancé en 1995, nest réalisé que partiellement. La contribution de tous les acteurs concernés est limitée. Les conditions favorables à un développement durable, aussi bien sur le plan humain, économique quécologique ne sont pas réunies. Parmi les axes stratégiques du PANE figure notamment la mobilisation des ressources financières nationales, régionales et locales, pour établir de nouveaux partenariats avec la communauté internationale, en vue de financer et de gérer la mise en uvre des actions du programme. Mais ce qui est clair cest que la question de lenvironnement au Maroc reste luvre dorganismes publics, semi-publics ou de grosses structures privées. La collaboration de certains organismes internationaux comme le PNUD, la FAO ou lOMS, la JICA ou la GTZ est la plus visible du fait que cest une aide au développement et les projets concernés sont dune grande envergure, avec des emplois et des budgets conséquents. Lors des premières Assises de lEnergie organisées dernièrement à Rabat, le ministre de lEnergie et des Mines, également en charge de lEau et de lEnvironnement a affirmé, pour expliquer la vision du secteur à lhorizon 2030, que le secteur de lénergie devait «intégrer les normes de durabilité, avec la promotion des énergies renouvelables et la mise en place dune stratégie de valorisation des déchets ». Amina Benkhadra a souligné que «lobjectif du pays à lhorizon 2012 est datteindre une puissance électrique installée denviron 200 MW par biométhanisation des déchets ménagers, des eaux usées et des déchets des exploitations délevage bovin par la valorisation des déchets agricoles solides». La ministre a annoncé linvestissement de pas moins de 4 Mds de DH pour économiser lénergie dorigine fossile, soit près de 4,53 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP). Elle a par ailleurs évoqué la généralisation du gasoil 50 ppm pour atténuer la pollution de lair surtout dans les agglomérations. Le Maroc, qui a une vision pour le tourisme de grande ampleur, vise à accueillir 10 millions de touristes en 2010. Même si les stations balnéaires qui sont conçues dans le cadre du plan Azur sont de dernière génération avec un paramètre écologique fortement présent, force est de constater que loption de tourisme de masse est un danger pour lenvironnement, surtout pour le littoral. Le Haut Commissariat aux eaux et forêts na cessé davertir que lexploitation actuelle des ressources hydriques et forestières dépassait largement leurs capacités naturelles de renouvellement. Mais cest au niveau de lagriculture où le risque est plus grand. La gestion de leau est dangereusement perturbée. Le niveau record des chutes de pluie et de remplissage des barrages enregistré cette année ne doit pas nous faire oublier que le pays est à la limite du stress hydrique. Lexploitation à outrance a sérieusement affecté la nappe phréatique. Dans la région du Souss, la pression sur la demande dirrigation a fait quon fore actuellement encore plus profond. Le niveau de salinité a encore augmenté. A Sebt El Guerdane où la situation est dramatique, plusieurs exploitations sont laissées à labandon par manque deau. Pourtant, les lois en vigueur prévoient le contrôle du débit et des autorisations spéciales sont obligatoires. Aucun exploitant ne respecte ces normes. Par ailleurs, lutilisation à grande échelle des intrants, que ce soit les fertilisants, les engrais ou les pesticides, a affecté davantage les eaux souterraines. Les quelques prélèvements effectués dans certains champs ont révélé que ces eaux sont polluées et impropres à la consommation. Les eaux de surface non plus nont pas échappé à la pollution. Certaines rivières, notamment le Sebou et lOum Errabii, sont gravement touchées par les déchets liquides domestiques ou industriels. La gestion des déchets solides est aussi pointée du doigt. La plupart des décharges publiques constituent un danger permanent. En labsence dusine de recyclage et de traitement des déchets, les ordures ménagères et industrielles continuent dêtre stockées en vrac. Les opérations de triage se font sur le tas par quelques vagabonds. Dans la décharge de Médiouna, la nappe phréatique est affectée sur un rayon de 10 km, sans oublier les odeurs nauséabondes et autres effets nocifs de cette décharge sur les riverains. Les actions de sensibilisation auprès du public restent limitées. La question de lenvironnement est aussi une question de sensibilisation, laquelle doit commencer dès le jeune âge dans les écoles. Le programme véhiculé par le ministère de lEducation nationale naccorde que peu dimportance à la question écologique, alors que dans dautres pays des matières dédiées font partie du programme initial.