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Entretien : «Nous sommes en mesure d’être autour de la table européenne pour les politiques qui relèvent de nos intérêts prioritaires»
Publié dans Finances news le 05 - 03 - 2009

* Tout ce qui est contenu dans le document signé en octobre 2008 n’est que la traduction de ce que le Maroc avait entamé depuis fort longtemps comme réformes.
* Si l’Europe arrive à faire face à la crise financière, il est évident que le Maroc bénéficiera d’une
rallonge financière.
* L’UPM est née au moment où se produit un véritable tsunami dans l’économie mondiale.
* La finalité du Statut avancé est un véritable projet de société.
* Point de vue de Hassan Abouyoub, ambassadeur itinérant de SM le Roi.
- Finances News Hebdo : La première question que pourrait se poser le Marocain Lambda est : Que lui apportera le Statut avancé ?
- Hassan Abouyoub : Je ne pense pas qu’il soit pertinent de se poser la question de cette manière et ce pour plusieurs raisons. La plus importante tient au fait que les engagements que le Maroc a pris dans ce processus de «Statut avancé» sont le reflet fidèle des composantes stratégiques du projet de société que SM le Roi a dessiné pour le Maroc.
Il n’y a pas un engagement ou une phrase dans la lettre d’intention qui n’ait été clairement exprimée par le Souverain dans ses discours. La finalité n’est pas le Statut avancé, mais le projet de société qui vise fondamentalement l’accélération du développement humain du Royaume et l’amélioration grâce aux réformes (qui sont autant d’engagements consolidés dans le Statut avancé), des conditions de l’accélération du processus de rattrapage de l’UE sur tous les plans. Nous n’attendons pas de l’Europe des libéralités qui se substitueraient à nos efforts et à nos sacrifices. Nous attendons de notre voisin du nord de meilleures conditions d’accès à son marché pour notre agriculture, nos services et un meilleur soutien au financement de nos infrastructures économiques et sociales, etc.
- F. N. H. : Le Statut avancé décline plusieurs dimensions, notamment politique, sociale, économique, législative… Cela ne fait-il pas un chantier assez vaste pour un délai que certains observateurs évaluent entre 18 et 24 mois ?
- H. A. : Si vous acceptez l’affirmation première selon laquelle le Statut avancé est une sorte de couronnement à l’international de nos choix de société et la consécration des réformes entreprises par le Maroc… Je ne peux pas accepter que l’on parle aujourd’hui de nouveaux chantiers. Tout ce qui est contenu dans le document signé en octobre 2008, n’est que la traduction de ce que nous avons entamé depuis fort longtemps. Bien ou mal, je vous l’accorde, mais il n’y a pas un seul chantier qui n’ait été mis sur la table bien avant octobre dernier. C’est bien l’existence antérieure de ces chantiers et de ces réformes au Maroc, qui a rendu possible la concrétisation de ce Statut avancé.
Sans tous ces chantiers, il n’y aurait pas eu de Statut avancé.
Donc, l’Europe reconnaît, par là, qu’au Maroc il se passe des choses, qu’il y a l’espoir d’un rattrapage à long terme du différentiel de développement humain, et surtout une confiance en la gouvernance marocaine qui est en devenir et en progrès constant. L’essentiel est de comprendre qu’on ne va pas réinventer la roue, mais que nous consolidons nos choix en les partageant avec notre premier partenaire lequel nous ouvre les portes de l’espace économique européen. Ce qui nous permet d’être au même niveau institutionnel que les autres pays européens voisins de l’UE : Suisse, Norvège, etc. Nous sommes désormais en mesure d’être autour de la table européenne pour les politiques et les sujets qui relèvent de nos intérêts prioritaires.
Nous n’avons pas de politique commune européenne à appliquer puisque nous ne sommes pas membre de l’UE, mais nous avons la possibilité d’exprimer, par la voix du Maroc la plus autorisée, nos points de vue et nos remarques sur les politiques européennes qui touchent nos intérêts.
Je dirais que c’est l’aboutissement naturel du Processus de Barcelone. Si tout le sud de la méditerranée pouvait converger vers ce choix de société, ces valeurs communes qui constituent le socle convenu de ce Processus et cette gouvernance censée être partagée par l’ensemble des riverains, le Statut avancé serait le stade ultime de l’actuelle UPM. Il faut le considérer comme l’ambition institutionnelle ultime qu’autorise l’acte fondateur de l’Union européenne dans son acception géographique actuelle.
- F. N. H. : À peine l’accord sur le Statut avancé conclu, qu’on commence déjà à réclamer une aide financière supplémentaire dans le budget alloué par l’UE au Maroc pour la période 2011-2013. Pensez-vous que c’est une approche saine ?
- H. A. : Le financement est absolument essentiel et vital ! Le Maroc a accéléré considérablement sa dynamique d’investissement dans tous les secteurs, notamment dans l’infrastructure et il s’est engagé dans des opérations de mise à niveau de l’ensemble de l’espace économique marocain par rapport à l’espace européen. Et avec nos moyens, il est évident que nous ne pouvons pas aller très loin et que nous avons besoin du soutien agissant et volontariste de l’UE beaucoup plus que ce qui a été fait jusqu’à présent, aussi bien avant que pendant le Processus de Barcelone ou dans le cadre des instruments de la politique de bon voisinage.
Cela veut dire que, quelque part, en intégrant le Statut avancé, nous affichons l’ambition d’accéder à des guichets qui ne sont pas ouverts aux membres tiers de la Méditerranée. Cela veut dire, en particulier, que le Maroc peut bénéficier de guichets stratégiques comme celui des Fonds structurels qui ont permis à l’Espagne, au Portugal et ,aujourd’hui, aux pays de l’Europe orientale, d’avoir les moyens d’accélération de leurs programmes de rattrapage socio-économique. Pouvons-nous faire l’économie de ces contributions ? Je ne le pense pas.
- F. N. H. : Doit-on donc s’attendre à une rallonge financière ?
- H. A. : Je suis pragmatique et réaliste, parce que je sais que l’Europe affronte une grave crise économique, la plus grave de son histoire en tant qu’Europe unie et je sais que l’Europe individuellement, c’est-à-dire avant 1958, n’a jamais connu un tel tsunami financier et économique. Donc, la grande question qui se pose à tout le monde est : quelles sont les capacités de financement de l’Europe dans cette terrible phase de son histoire économique ?
Il est clair que si l’Europe arrive à apporter assez rapidement une réponse que la conjoncture, la situation financière exigent, il est évident que le Maroc bénéficiera de cette rallonge.
Mais si l’Europe est incapable d’apporter une réponse crédible, collectivement et individuellement, à la mesure des risques considérables qui menacent ses fondamentaux économiques et son projet sociétal, il est évident que nous allons, comme elle, vers une pénurie de moyens de financement et de capitaux.
Aujourd’hui, l’Europe est mobilisée pour apporter des réponses urgentissimes à une décomposition et un effondrement du système financier mondial. Et elle est appelée à jouer, dans ce sens, un rôle non seulement par rapport à ses considérations internes, mais également à apporter sa contribution à l’émergence d’une gouvernance mondiale. Nous sommes tous, pour la première fois, sur le même bateau ! Et c’est la particularité de cette phase atypique de l’histoire de l’humanité où tout le monde à besoin de tout le monde !
- F. N. H. : Et ne serait-il pas judicieux d’opter pour un financement à géométrie variable, comme c’est le cas pour les projets de l’Union pour la Méditerranée ?
- H. A. : Nous sommes membre du processus UPM et je dirais même que le Maroc y a joué un rôle actif et, quelque part, exemplaire. Ce processus traverse une phase extrêmement difficile pour des raisons politiques liées au conflit au Moyen-Orient ; et là encore, il s’avère que l’objectif du statu quo, qui a été recherché dans le sommet de Paris l’été dernier, n’est pas viable et que nous sommes encore une fois, un otage du conflit israélo-palestinien.
Le deuxième risque majeur que connaît l’UPM est qu’il naît à un moment où s’est produit un véritable tsunami dans l’économie mondiale. La question est de savoir si, dans les agendas, aussi biens des pays européens que des pays sud-méditerranéens, l’UPM figure toujours au sommet des priorités.
Mon souhait est, comme tous ceux qui croient en la Méditerranée et quelles que soient les conséquences de cette secousse tellurique provoquée par la crise financière, nous ne perdions pas de vue que l’une des réponses à cette crise est une UPM qui se met au travail pour affronter les défis qui nous sont communs
Mais si les attitudes de renfermement sur soi et de protectionnisme devaient s’imposer, j’aurais les plus grandes inquiétudes à formuler pour l’avenir de l’UPM, la stabilité de la région de la Méditerranée et son développement.
- F. N. H. : L’un des chantiers sur lequel planchent l’UE et le Maroc est le rapprochement du cadre législatif marocain à l’acquis communautaire. Quid de notre spécificité comme pays arabo-musulman ? N’allons-nous pas reproduire le même schéma que celui de la Turquie ?
- H. A. : Je ne pense pas que l’Islam soit un obstacle à l’adhésion de la Turquie à l’UE. Je vise par là la religion comme obstacle institutionnel qui ferait qu’il y ait un traitement sui generis de l’acquis communautaire parce que la Turquie est un pays musulman. Dans notre cas, nous ne sommes pas candidats à l’adhésion et, que je sache, l’acquis communautaire n’intègre pas de prescriptions spirituelles ou des politiques communes fondées sur les valeurs religieuses.
Il y a des considérations de nature politique que nous connaissons bien qui génèrent un clivage dans l’attitude de l’UE vis-à-vis de l’adhésion de la Turquie, de ses modalités et son calendrier.
Ce n’est pas le cas pour le Maroc qui, en adhérant à la logique du Statut avancé, récupère de l’acquis communautaire ce qui correspond à ses besoins, à son identité et à ses choix politiques et sociaux. Cela est clairement exprimé dans la plupart des dispositions de la lettre d’intention.
Je ne pense pas que notre identité soit en danger. Notre identité est forte et a été forgée par des siècles d’histoire et la meilleure preuve est que notre identité a influencé la culture européenne et continue de le faire. La réciproque est vraie. Pour paraphraser P. Valéry, nous avons Rome, Athènes et Jérusalem en partage.
- F. N. H. : Deux boulets sont encore soulevés qui sont l’émigration clandestine et la libre circulation des individus dans les deux sens Maroc-UE. Pourtant, et malgré le Statut avancé, beaucoup d’hommes d’affaires, d’étudiants, d’acteurs associatifs peinent encore lorsqu’ils doivent entrer dans l’UE…
- H. A. : C’est un sujet délicat qui a plusieurs dimensions. La première dimension, à mon avis, tient de l’idéologie qui sous-tend les politiques migratoires européennes actuelles. Je dis bien politiques au pluriel, puisqu’il n’existe pas au sein de l’Union une véritable politique migratoire commune. Je ne pense pas que nous ayons fait le tour de cette question au niveau conceptuel, c'est-à-dire apporter la réponse pertinente à une problématique stratégique pour l’Europe : celle de l’effondrement de sa démographie. Il est clair, toutes les études prospectives le montrent, que l’Europe perd sa place petit à petit de leader dans le marché mondial et bientôt dans l’économie mondiale parce qu’elle affronte une panne démographique aux conséquences multiples. Cette première considération se résoudra nécessairement à la faveur de cette crise terrible qui secoue l’économie mondiale.
Deuxième élément : les dimensions émotionnelles, idéologiques et politiques ont occulté la rationalité qui aurait dû gouverner la relation entre le Nord et le Sud du point de vue migratoire.
La troisième considération est qu’on oublie l’histoire économique, et en particulier, celle de pays comme la Suède, la Norvège ou le Portugal… Ces derniers avaient pu ajuster socialement leurs nations et leurs économies grâce au courant migratoire qui a permis à 10, voire 15 % de leur population totale de s’expatrier et de s’installer comme des diasporas ailleurs, notamment en Amérique du Nord, en Amérique Latine, en Australie, en Afrique…
Alors, dans nos relations Maroc-UE, on ne peut imaginer l’ajustement social et démographique sans ce volant qui est essentiel pour accompagner la marche forcée et volontariste qui est la nôtre en vue de rattraper le niveau de développement humain de l’Europe. Parce que la corrélation entre la réalisation de cet objectif et l’urbanisation est évidente !
Le dernier élément qui me paraît essentiel est qu’on ne peut pas parler dans l’UPM et dans les concepts, comme le Statut avancé, d’objectifs communs si les acteurs de ces projets ne bénéficient pas de la liberté de circulation. C’est un élément central ! Et là-dessus, je pense, passée cette période extrêmement difficile, nous allons nous rencontrer autour d’une plate-forme qui va gérer les flux migratoires à long terme sur la base de l’avantage mutuel et du respect des droits humains.
Parce que là aussi, on ne peut pas dire que la manière avec laquelle cette fabuleuse richesse humaine partagée a été gérée, l’ait été dans le respect strict des valeurs communes.
- F. N. H. : Quel bilan d’étape pouvez-vous nous faire sur les négociations en cours dans le cadre de ce Statut avancé ?
- H. A. : Il y a deux négociations majeures qui ont été entamées : celles concernant l’agriculture et celles relatives aux services. Et les deux ont progressé de manière significative. Il reste des points par-ci, par-là à gérer et surtout des résistances corporatistes à amadouer pour boucler ces négociations. Moi, je suis convaincu qu’on va y arriver. Ça ne sera pas facile vu la conjoncture particulière, mais je crois beaucoup à la dynamique de la négociation elle-même puisqu’elle a été entamée avant la crise. Mon souhait le plus profond est que l’Europe ne soit pas trop distraite de ses priorités régionales et de voisinage et qu’elle ne soit pas trop égoïste dans le traitement de son agenda stratégique.
Une des solutions à la crise de l’UE est l’approfondissement de sa relation de partenariat avec la rive sud de la Méditerranée. C’est là que se trouve le gisement le plus crédible de solutions pour la relance durable de l’activité économique.


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