* Faisant jouer la carte de la solidarité en réclamant un taux de droits de douane de 32,5 % pour la filière papier et carton, la FIFAGE a vu sa demande rester lettre morte. * Malgré laccord trouvé à lissue dune réunion avec le ministre de tutelle, la filière sest retrouvée devant le fait accompli. * La FIFAGE devrait revoir son accord et entamer de nouvelles négociations des taux par secteur dactivité. Bonne ou mauvaise nouvelle pour la filière du papier et carton ? Afin de pallier le déficit des investissements de lindustrie du papier au Maroc et de lutter contre la concurrence déloyale des produits finis, importés notamment de Tunisie et dEgypte, les droits dimportation sur la matière première (carton et papier en bobine) devraient passer en mars 2009 de 16,25% à 10,5%, baissant ainsi de 5,75 points. Ce nest pas forcément ce qua souhaité la FIFAGE (Fédération des industries forestières des arts graphiques et de lemballage) qui avait entamé des discussions avec le ministre de tutelle pour fixer un taux général de 32,5 % pour tout le secteur. En fait, la Fédération a voulu jouer la carte de la solidarité entre les trois branches dactivités, à savoir la production, la transformation et limportation. Dailleurs, après de longues et difficiles négociations, la Fédération a abouti à un consensus et un accord a été réalisé avec le ministre de tutelle qui, à son tour, a mis laccord dans le pipe. Puis rien, aucun écho ni aucune suite nont été donnés à la requête de la Fédération. Mais voilà que les professionnels se voient convoqués en urgence deux jours avant la présentation de la Loi de Finances 2009 au Parlement. «Nous avons été mis devant le fait accompli en nous rendant compte que notre accord navait pas été pris en considération et que le secteur se verra appliquer le taux général, soit 35 % à partir de janvier 2009. La décision était déjà prise sans aucune concertation avec la profession», sécrie un professionnel du secteur. La démarche de la FIFAGE répond à un impératif qui veut que les producteurs nationaux ne peuvent pas demander de baisses sur les intrants quils importent, ni refuser que des baisses soient opérées en parallèle sur les produits finis concurrents qui sont importés, sous peine de vouloir retomber dans une situation de protectionnisme. Il faut dire que les pourparlers ont été très difficiles étant donné que la Fédération regroupe les industries en amont et en aval. «Il a fallu trouver un terrain dentente entre les industries en amont qui réclamaient une forte baisse des droits à limportation, tandis que les industriels en aval voulaient se protéger contre les importations massives», explique Aziz Qadiri, président de la FIFAGE. Si la baisse des droits dimportation sur la matière première sauve un peu la mise aux importateurs et transformateurs, elle lèse le reste de la filière qui est tout de même dans lexpectative dans la mesure où elle attend que laccord soit signé dici la fin de lannée. Car les modalités tarifaires dans le secteur du papier et carton sont en cours de concrétisation. La FIFAGE peut toujours espérer un miracle mais dans le cas contraire, les compteurs seront remis à zéro et les négociations devraient reprendre avec le ministère de tutelle pour revoir laccord initial et les taux par secteur dactivité. Puisque le démantèlement avec lEurope saccélère sans donner le temps nécessaire à la filière de se mettre totalement à niveau à lhorizon 2012. Pourtant, cette dernière a fait preuve dun grand dynamisme durant les deux dernières années, notamment sur le plan de création de mastodontes en mesure de faire face à louverture des frontières. Cest le cas du secteur du papier qui, en moins de deux ans, a enregistré trois opérations de taille, notamment le rachat de CMCP par IP, la fusion-absorption entre GPC et Sifap. Cette dernière nexistera plus à partir de janvier 2009. Et la dernière opération en date est le rachat de Papelera par le groupe Sefrioui avant que cette première nabsorbe Safripac. Des investissements importants ont été réalisés, notamment dans le secteur de la transformation. Vu la bonne foi et le dynamisme dont fait preuve la filière, il est légitime de se demander pourquoi les autorités restent peu sensibles aux réclamations de la filière !