* Attijariwafa bank et BMCE Bank se sont lancées depuis quelques années dans une véritable conquête du continent noir. * Sénégal, Mali, Côte divoire, Congo, Tunisie, Cameroun, Gabon Nos deux banques ratissent large et sautent sur toutes les occasions qui se présentent. * Récit dune aventure qui, semble-t-il, ne fait que commencer. Tout a commencé fin 2005 ou début 2006. La date nest pas bien précise, mais le résultat est là : depuis environ trois années, deux banques marocaines, BMCE Bank et Attijariwafa bank, ont décidé de faire de lAfrique leur nouveau terrain dexpansion, multipliant les annonces et les acquisitions. Mais la BMCE a été la pionnière dans ce domaine, car présente depuis 1989 déjà au Mali, après avoir repris la gestion de la Banque de développement du Mali alors en faillite. BMCE a réussi à en faire, depuis, lune des banques les plus rentables de lAfrique de lOuest. Mais après, silence radio. La BMCE sest concentrée sur son sort marocain Jusquen 2003 où elle décide de mettre un pied à Dakar via une filiale de sa banque daffaires BMCE Capital. Une filiale qui a été largement mise à contribution dans la structuration de financements pour de grands chantiers au Sénégal. Mais le grand coup de maître aura été incontestablement lacquisition, en mars 2008, de 35% du capital du troisième établissement financier de lAfrique de lOuest, Bank Of Africa au prix de 415 MDH. Une banque qui, par la même, détient un large périmètre de consolidation regroupant quelque 25 sociétés, dont huit établissements de banques éparpillées en territoire africain. Benjelloun aura fait ainsi dune seule pierre huit coups! Mais ce nest pas tout. La BMCE, via sa filiale londonienne Medi Capital Bank, installée en pleine City, avait réussi avant cela, en 2006 plus précisément, une très belle entrée dans le capital du groupe Tunisien Axis, spécialisé dans le Corportae Finance et lIntermédiation boursière. La filiale «So British» de la banque dOthmane Benjelloun a jeté également son dévolu, quelque temps après, sur la banque du développement du Mali (20% du capital) ainsi que sur la Congolaise des Banques (25% du capital). Installée outre-mer, Medi Capital Bank devint ainsi le cheval de bataille dOthmane Benjelloun sur le continent noir. Attijari sort le grand jeu ! Mais Attijariwafa bank nest pas en reste. Après avoir pris le contrôle en 2005 de la Banque du Sud tunisienne, aidée en cela par son partenaire espagnol Banco Santander, Attijariwafa na cessé de surprendre. Ainsi, quelque sept mois après avoir ouvert, coup sur coup, trois agences à Dakar en 2006, elle absorbe la Banque sénégalo-tunisienne en rachetant officiellement, le 24 janvier 2007, 66,67% de son capital. Elle prend ensuite possession de la CBAO, la deuxième banque du Sénégal, dont elle acquiert, le 13 mai 2008, 79,15% des parts. Le 11 janvier de la même année, elle prend des parts consistantes dans la Financière du Burkina Faso, quelle rebaptisera Cauris Bank International. Quelques mois plus tard, le 25 juillet plus précisément, elle sadjuge 51% du capital de la Banque Internationale du Mali (BIM), en prenant le meilleur sur quatre autres prétendants dont la Société Générale, la BMCE à travers BOA, Ecobank et la United Bank for Africa du Nigeria. Mais Attijari ne sest pas arrêtée en si bon chemin. En 2008 toujours, au mois de novembre, Attijari sort le grand jeu et surprend tout le monde en reprenant, au gros, cinq banques africaines, jusque-là sous le contrôle du géant français Crédit Agricole, dont la présence en Afrique navait plus semble-t-il, dintérêt stratégique. Attijari a sauté sur loccasion et sest adjugé, par le biais dun montage pour le moins ingénieux, le Crédit du Congo (81% du capital), la Société Ivoirienne de Banque (51% du capital), la Société Camerounaise de Banque (65% du capital), lUnion Gabonaise de Banque (59% du capital) et le Crédit du Sénégal (95% du Capital). En une opération, Attijari a ainsi réussi à simplanter dans cinq nouveaux pays (Gabon, Congo, Cameroun et Côte dIvoire) et à consolider sa présence sur un autre, le Sénégal. Un pays où elle devrait avoir quelque 33% de parts de marché avec lacquisition du Crédit du Sénégal. Et à la faveur de la fusion Attijari bank Sénégal et CBAO, toujours en cours, le nouvel ensemble deviendra la première banque de lUEMOA. Le Maghreb dans le viseur Mais laventure ne fait que commencer pour nos deux banques marocaines. Leurs yeux sont aujourdhui, et comme toujours, rivés sur les pays du Maghreb Le premier pas a été fait à coups douvertures de bureaux de représentation, mais lessentiel reste à venir. Car les deux ont de sérieuses visées sur des pays comme lAlgérie, la Libye ou encore la Mauritanie. Jusque-là, les réticences politiques ont freiné leur élan. Mais pas pour longtemps. Des négociations sont actuellement en cours avec les autorités de ces pays pour la reprise de certaines banques locales Ou carrément pour louverture de nouvelles filiales. Si linformation a été confirmée pour le cas mauritanien, où le groupe dirigé par Mohammed Kettani compte sinstaller via une nouvelle filiale bancaire, les cas de lAlgérie et de la Libye sont gardés top secret pour linstant. Bon vent !n